Conférence - Consensus
La Wallonie au Futur
Namur - 1994

Où en est et où va
le système éducatif en Wallonie ?
Comment le savoir ?

Institut Jules Destrée, Congrès La Wallonie au futur, retour à l'index Le pilotage des systèmes d’enseignement
La situation en France
Synthèse du premier débat

Pour aider les enseignants à se remettre en question en fonction des résultats de l’évaluation, Claude Thélot explique que, en France, le Ministère de l’Education nationale leur fournit des instruments (exemple : des exercices permettant d’abord d’évaluer le savoir des enfants et ensuite d’évaluer leurs progrès), mais aussi une politique éducative bien appliquée. Celle-ci doit permettre aux enseignants à la fois d’individualiser leur enseignement tout en disposant des moyens nécessaires à l’utilisation performante des outils élaborés dans ce but (exemple : logiciels d’analyse s’attachant à un point précis - compréhension d’une langue étrangère - plutôt qu’au niveau relatif des élèves). Le professeur peut alors regrouper les élèves qui se ressemblent dans le contexte traité et les faire progresser dans le cadre d’un module plus spécifiquement utile pour eux. Une politique de formation continue des enseignants à l’usage de ces outils d’évaluation est indispensable pour le succès de ce travail.

En ce qui concerne les nouvelles méthodes d’apprentissage de la lecture, Gilbert de Landsheere remarque que la Wallonie se situe dans la juste moyenne des pays européens. Le décrochage se situe plus tard : seulement 35 % des enfants de 14 ans sont de bons lecteurs, tout simplement parce qu’on n’enseigne plus la lecture aux élèves de cet âge-là. C’est là l’erreur fondamentale. Il faut donner aux enseignants les moyens et les méthodes nécessaires pour contrer cette incapacité de lecture.

En outre, le fossé est énorme entre la formation actuelle des enseignants et les progrès scientifiques. Il faut réorganiser la formation des enseignants pour qu’ils soient tous des " professionnels ", tous reconnus sur le même pied. C’est un débat fondamental.

Au sujet de la formation continue, Claude Thélot remarque que l’essentiel de la qualité d’un système éducatif est dans la classe et dans son environnement immédiat. Il est donc capital que les projets s’élaborent dans ces unités de base, que des dynamiques s’instaurent. Il faut donner une bonne formation aux enseignants, assurer de bons stages de formation concrète prenant en compte, dans la classe, le problème de l’hétérogénéité et de la difficulté des élèves, en y accordant le temps nécessaire. Il faut aussi proposer des outils de qualité et crédibles parce que construits et testés en collaboration avec les enseignants. Ces outils d'évaluation deviennent des outils de régulation et de pilotage par eux-mêmes parce que, après les avoir utilisés et appréciés, les professeurs adaptent leur cours, estompant ainsi les faiblesses mises en évidence par ces outils dans tel domaine de la connaissance des élèves.

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Toutefois, le succès de l’enseignement réside aussi dans une relation spécifique de l'enseignant à l'enseigné, dans des pratiques pédagogiques explicites : par exemple, dire aux enfants ce qu'on attend d'eux, avoir, vis-à-vis de ces enfants, des exigences adaptées, ni trop fortes, ni trop basses. La réflexion et les sciences de l’éducation peuvent nous apporter beaucoup.

La prudence s’impose dans la mise en place de ces techniques afin que méthodes et objectifs soient bien compris : évaluer n’est pas conclure que l’on est bon ou mauvais, c’est nous amener à réfléchir sur une façon d’améliorer notre façon de faire. Afin que tout ceci soit possible, il faut également mettre en place une gestion du corps enseignant permettant à chacun de participer effectivement aux stages de formation continue sans porter préjudice à l’enseignement proprement dit.

Il n’est pas facile de mettre en concordance les objectifs du monde de l’enseignement et les objectifs de la société. La France tente d’y parvenir, en organisant, à propos de ces questions essentielles, des débats qui débouchent sur des consensus ou, tout au moins, des compromis.

Enfin, Claude Thélot résume les quatre grands objectifs du système éducatif français tels que définis dans la Loi d’orientation sur l’éducation :

  1. transmettre une culture, les savoirs.
  2. préparer à la vie professionnelle.
  3. former le futur citoyen, c'est-à-dire le jeune adulte qui va vivre dans une société comme la société française ou européenne.
  4. être à l'égard des enfants, le plus équitable possible.

 

Ces objectifs qui ont été déterminés par la société française, à travers ses représentants à l’Assemblée nationale et au Sénat constituent un point de départ non négligeable pour toute réflexion sur l’application d’un choix démocratique de société.

(Mars 1994)

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Page mise à jour le 23-08-2004

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