Conférence - Consensus
La Wallonie au Futur
Namur - 1994

Où en est et où va
le système éducatif en Wallonie ?
Comment le savoir ?

Institut Jules Destrée, Congrès La Wallonie au futur, retour à l'index

Introduction à la Conférence

Michel Quévit
Professeur à l'UCL -
Rapporteur général du Congrès

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais, avec vous, essayer de cerner l’objectif de cette journée. Nous avons du travail devant nous vu que nous devons aboutir, au terme de ces deux jours, à la rédaction, par les représentants de la société civile, d'une déclaration-consensus qui interpellera demain matin les décideurs politiques de notre région et de notre communauté.

Je ne voudrais pas entrer dans le fond du sujet - ce sont les experts qui vous en parleront - je voudrais simplement, quant à moi, vous rappeler, vous dire ce qu'est une conférence-consensus. D'abord, c'est une première : nous n'avons jamais fait ce genre d'expérience dans notre pays.

L'origine de la consensus-conference vient des Etats-Unis où, chaque fois qu'il y a un problème délicat - par exemple, l'utilisation de médicaments controversés par les populations - les autorités réunissent des représentants de la société civile pour savoir dans quel sens il faut s'orienter par rapport à cet enjeu, un enjeu qui a été systématisé. C'est le principe de la consensus-conference au Danemark. Au Danemark, quand il y a un enjeu qui divise la société, un enjeu économique, éthique, culturel, social, on réunit à la fois des décideurs, des représentants de la société civile, des experts, des scientifiques, des personnes qui connaissent la matière pour essayer à la fois de dégager les enjeux qui sont derrière le problème posé et afin d’aboutir à une interpellation des décideurs.

Nous avons réalisé, quant à nous, au RIDER (1), la première conférence-consensus européenne, il y a de ça deux ans, sur un thème qui était tout à fait controversé, où au sein de la commission européenne on était divisé - tant les commissaires que les directions générales - sur ce sujet : La recherche et le développement technologique et ses indications en terme de cohésion économique et sociale de la Communauté.

Il est ainsi apparu intéressant pour le Comité scientifique du Congrès La Wallonie au Futur d'approfondir les travaux qui avaient été entamés dans ce Congrès à propos du Défi de l'Education pour mettre plus directement sur la place publique l’enjeu de notre système éducatif à un moment qui nous apparaît propice.

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Mais quel est donc le but de la conférence-consensus ?

Le but, c'est de faire émerger les véritables enjeux - ici c'est par rapport au devenir de notre système éducatif - par une confrontation de points de vue entre les acteurs sociétaux. Acteurs sociétaux qui ont trois composantes, et vous les retrouvez dans le programme de ces deux jours. Je vais commencer par ceux qui viendront demain. Ils ne sont pas ici. Ils attendent le résultat de nos travaux. Ce sont les décideurs politiques et nous aurons les décideurs politiques à plusieurs niveaux puisque nous aurons le Ministre responsable de l'Education dans notre communauté, les décideurs économiques puisque nous aurons l'Administrateur général de l'Union wallonne des Entreprises, les décideurs sociaux puisque nous aurons un représentant éminent, le Secrétaire général de l'Interrégionale wallonne de la FGTB, un représentant de l'Administration puisque nous aurons la Directeur général des Technologies de la Recherche du Ministère de la Région wallonne et un représentant important des Institutions scolaires et éducatives puisque nous aurons le Président de la Centrale chrétienne du Personnel de l'Enseignement moyen et normal libre.

Deuxième composante de cette consensus-conference, ce sont les experts qui seront avec nous aujourd'hui : des scientifiques qui devront nous éclairer sur l'état des connaissances de la science par rapport au problème de l'évaluation et de l'évolution des systèmes éducatifs. Nous avons aussi invité des praticiens, c'est-à-dire des personnalités pour lesquelles l'éducation représente, en fait, leur travail de tous les jours, des personnalités comme Monsieur Krupa et comme Monsieur Magy parce que nous pensons effectivement qu'il était intéressant de confronter des scientifiques plus dégagés et peut-être aussi moins sensibles au fonctionnement du système éducatif et à toutes ses composantes internes pour qu'ils nous éclairent sur cette matière.

Nous aurons aussi une troisième composante, la composante société civile : il ne peut pas y avoir de consensus-conference s'il n'y a pas des représentants de la société civile. Qui sont-ils? On vous les présentera tantôt personnellement. En fait les représentants de la société civile sont des personnes, des citoyens qui représentent la plupart des grandes composantes de cette société mais qui, en fait, sont directement ou indirectement impliqués dans l'objet qui nous réunit, le système éducatif : des parents, des élèves du secondaire, des élèves universitaires, des enseignants, du primaire, du secondaire, nous avons des chefs d'entreprises ainsi que des représentants d'associations. Les représentants de la société civile vont avoir un rôle clé : ils vont devoir beaucoup travailler. Ils savent qu'ils ont un objectif, l'objectif même de la consensus-conference. Ils vont devoir rédiger une déclaration-consensus qui, à la fois, interpellera demain les décideurs politiques, économiques et sociaux, et essayera de dégager des recommandations précises pour le pouvoir politique.

Donc, vous le voyez tout de suite, la démarche fondamentale de la conférence-consensus est une démarche démocratique. Nous pensons effectivement que ça tombe bien dans une période - ce n'est pas d'aujourd'hui, c'est déjà d'hier - dans une période où l'on pose le problème du décalage entre la société civile et les décideurs politiques : il nous paraît intéressant d'opter pour cette démarche. Attention, il y a peut-être un terme ambigu dans la conférence-consensus, c'est le mot consensus. Qu'est-ce qu'on attend ? Ce qu'on attend de la société civile ce n’est pas de nous offrir une espèce de déclaration unanimiste sur la question qui est posée. Ce qu'on attend du panel de la société civile, c'est qu'il fasse une déclaration commune bien représentative de leurs sensibilités de citoyens mais aussi suffisamment cohérente pour interpeller les décideurs politiques.

Dès lors, cette conférence-consensus se réalise selon un scénario en trois points.

Premier temps, c'est effectivement ce que nous allons faire aujourd'hui; nous allons demander à nos experts de nous informer, d'informer les représentants de la société civile sur l'état de la question, de leur donner leurs points de vue et leur opinion. Après les exposés, les représentants de la société civile poseront des questions aux experts : après les exposés de Monsieur de Landsheere et de Monsieur Thélot et ensuite après les exposés de Monsieur Krupa et de Monsieur Magy. Les participants seront également invités à donner leur avis, ce qui peut aussi éclairer le panel dans le travail qu'il aura à faire.

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Dans un deuxième temps, il y aura le travail du panel. Le panel qui est, aujourd'hui, presque en conclave. Il va travailler à huis clos, dans une salle où il prendra aussi ses repas : il ne sortira pas de cette salle. Il va commencer son travail après les exposés de ce matin, pendant que nous irons déjeuner. C'est évidemment à la fin de la journée, vers 17h30, que le panel va être confronté à une tâche qui risque de se terminer tard dans la nuit : j'espère que ce ne sera pas trop tard, mais tout cela dépendra d'eux - je peux vous dire que, en ce qui concerne l'expérience de la conférence-consensus pour les Communautés européennes, ces travaux ont duré jusqu'à 2 ou 3 heures du matin -. Ils vont donc d'abord échanger leurs points de vue, puis travailler ensemble avec la tâche de rédiger un texte qui interpellera les décideurs politiques en formulant une série de recommandations : ce qui veut dire que, après avoir clôturé leurs travaux de ce soir, ils se retrouveront encore pendant une heure samedi matin. Il faut, en tout cas, que, demain matin, il y ait une déclaration-consensus.

Et enfin, le troisième temps, c'est évidemment la présentation de cette déclaration-consensus et l'interpellation aux décideurs à travers ce qu'on a appelé un forum politique. Il sera animé par une personne indépendante puisque nous avons demandé à quelqu'un de compétent, à un journaliste de la RTBF de Liège, Monsieur Jean Rosoux, d'animer ce forum politique.

Au terme de cette conférence-consensus, vous pourriez vous dire : Mais c'est fini, que va-t-il se passer ?. Et bien, il va se passer deux choses : d'abord le comité scientifique du Congrès permanent La Wallonie au futur s'engage à prolonger, à tous les niveaux, les travaux de cette conférence-consensus. Il s'engage aussi à poursuivre la réflexion avec le panel de la société civile s'il le souhaite et estime qu'il faut aller plus en avant.

Nous sommes maintenant engagés dans un processus de réflexions, d'échanges et ce que je voudrais vous dire pour terminer, c'est ceci : bon travail au panel, merci aux participants de nous apporter vos interventions pour la clarification de ces enjeux et surtout merci aux experts de nous avoir donné leur disponibilité.

Je vous remercie.

(Mars 1994)

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Notes

(1) Recherche interdisciplinaire en Développement rural - Université catholique de Louvain.

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Page mise à jour le 23-08-2004

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