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Enfants, parents, école fondamentale

Jacques PERIQUET
Licencié en psycho-pédagogie
Sciences de l'Education (UEM)
Agrégé de l'Enseignement secondaire supérieur
Instituteur - Directeur de l'Ecole communale Cobaux - Charleroi

 

1. Introduction

L'école fondamentale accueille aujourd'hui, en 1987, des enfants de 2 ans et demi à 12 ans. Ils seront la base, le ferment, l'avenir de la société wallonne de l'an 2000. Les plus jeunes seront alors âgés de 15 ans et fréquenteront l'enseignement secondaire; les aînés auront 25 ans...

Les propos qui suivent tentent de présenter la situation actuelle passée par le filtre d'un directeur d'école fondamentale de l'enseignement public carolorégien.

 

2. Les objectifs assignés à l'école maternelle et primaire

"Tous les enfants, quels que soient leur milieu d'origine et leurs potentialités, ont droit à un enseignement de qualité, assurant les bases de leur formation intellectuelle, physique et morale, de leur équilibre affectif et de leur intégration à la vie sociale" (Programme de l'Ens. Primaire, p.7).

2.1. Le projet éducatif

"Le projet éducatif constitue la clef de voûte de l'institution scolaire, il est l'expression d'une politique éducative. Il veut répondre à la question fondamentale: Quelle école? Pour quel enfant? Quel adolescent? Quel adulte? Pour quelle société?" (Projet éducatif de la ville de Charleroi, p.7).

Le projet éducatif de la Ville de Charleroi développe les principes de l'égalité des chances et de la préparation à la vie. Les valeurs développées sont celles de la primauté de la personne humaine, de l'épanouissement personnel, de la liberté, de l'autonomie et de l'esprit critique, du sens social, de la créativité, de la disponibilité et de la compétence. L'école atteint ces principes et ces valeurs par une pédagogie active et fonctionnelle, socialisante, sécurisante, valorisante, dans l'interdisciplinarité, le décloisonnement des matières par l'utilisation des technologies nouvelles et l'autoformation.

2.2. Les programmes d'activités et de matières

Les documents, édités par le Ministère de l'Education nationale (réf 12/15 pour le primaire et 511/7 pour le maternel) sont datés de 1985. Ils développent les fondements du processus éducatif, l'action pédagogique et les contenus (matières). Leurs introductions rappellent que l'enfant est une personne avec des besoins individuels et sociaux; l'école poursuit avec cet enfant des objectifs socio-affectifs, psycho-moteurs, intellectuels, artistiques avec l'option d'une éducation globale.

La partie principale de ces programmes détaille les activités et les matières à aborder aux différents niveaux et degrés, avec les objectifs généraux pour chaque branche, des pistes d'approche méthodologique et des contenus précis (matières) à développer en classe.

3. Le temps scolaire: une prise de conscience nécessaire

La dimension temporelle, lorsque l'on parle d'école ou d'enseignement, est rarement prise en compte par les parents ou les différents pouvoirs qui s'en occupent. Cette dimension est pourtant réelle et contraignante. Voici les chiffres dans toute leur rudesse arithmétique:

37 semaines de cours par an, 28 périodes de classe de 50 minutes par semaine, soit 864 heures par an sur les 8760 heures d'horloge. Donc moins du dixième du temps réel est disponible pour l'institutrice ou l'instituteur pour mener à bien son action pédagogique et éducative dans les orientations et contenus développés ci-dessus. Dans cette marge étroite, l'école ne peut tout faire... Il est important de le savoir.

 

4. Les acteurs du système

L'institution est en place, la voie est tracée. Quels sont les acteurs, et quel est leur rôle?

4.1. L'enfant

Accueilli à partir de 2 ans et demi à l'école maternelle, il entre (en principe) à 6 ans au niveau primaire. Il doit gravir les échelons de la lère à la 6ème en 7 ans au plus (8 ans sur dérogation). Tel est le prescrit légal actuel. C'est parfois un peu court pour des enfants qui présentent des difficultés d'apprentissage ou sont défavorisés socialement ou culturellement.

Certes, la lecture et l'arithmétique s'acquièrent à l'école primaire, mais elle n'est pas la seule source d'apprentissage pour l'enfant: l'école "parallèle" des médias, du milieu, de la famille inonde sauvagement le jeune enfant d'informations que l'école doit aider à sélectionner, canaliser, classer,...

4.2. Les parents

Souvent traditionalistes, ils voient la scolarité maternelle et primaire de leur enfant à travers leur propre vécu. Leur attitude personnelle vis-à-vis de l'institution scolaire détermine celle de leur enfant. Leur réticence, leur méfiance pour l'évolution pédagogique engendre des malentendus qu'il n'est pas toujours aisé de dissiper. Ils doivent recevoir une information la plus large et la plus complète possible sur l'école, son fonctionnement actuel, ses attentes de leur part.

En retour, grâce aux contacts noués, les enseignants comprendront mieux le cadre de vie de l'enfant, sa personnalité, les conceptions éducatives des parents

4.3. L'équipe éducative

C'est sans doute à l'école fondamentale que l'on peut le mieux développer l'intelligence, la curiosité et le désir de comprendre. Cette tâche n'est pas simple avec le temps limité dont les enseignants disposent, dans l'orientation du projet éducatif et en respectant les contenus des programmes.

Installer les savoirs de base, développer les savoir-faire, susciter les savoir-être sont les vecteurs de l'action pédagogique. Mais notre école maternelle et primaire de 1987 doit préparer l'enfant à travailler avec des "outils" et dans des domaines qui n'existent peut-être pas encore...

L'école fondamentale doit développer des savoir-devenir...

5. Complémentarité ET dysfonctionnements

5.1. Complémentarité

Le développement harmonieux du jeune enfant, être global, ne peut se concevoir sans une action convergente de l'école et de la famille. Si les parents attendent beaucoup de l'institution scolaire, la réciproque est vraie d'autant que l'école ne peut assurer tous les apprentissages et toute l'éducation.

5.2. Dysfonctionnement

  • internes: le refus de cette complémentarité par l'une des parties, risque d'enfermer l'école dans l'isolement, de la voir fonctionner en vase clos, pour elle-même. Sans prise directe avec la réalité et avec la vie, elle risque de perdre son essence. La bonne volonté des parents et des enseignants arrive à résoudre beaucoup des problèmes posés.

  • externes: les enseignants et les parents ne sont pas maîtres de la totalité du jeu! Tous les calculs à court terme, rationalisation, restrictions budgétaires, précarité de l'emploi des jeunes enseignants, sont également des causes de dysfonctionnement.

 

6. Perspectives

L'école fondamentale est la période la plus décisive du développement de l'enfant. On tend malheureusement à lui demander de plus en plus en lui donnant de moins en moins. L'école maternelle et primaire de 1987 prépare déjà la société de l'an 2000. La voie est tracée dans les projets éducatifs et les programmes. Les acteurs sont en place.

Que les moyens lui soient donnés d'atteindre les objectifs qu'elle poursuit dans l'intérêt de l'enfant d'aujourd'hui et de notre société de demain.

(Octobre 1987)

 


 

 

 

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