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À la suite du premier Congrès national wallon (Liège, 20 et 21 octobre 1945) qui s’est prononcé en faveur de la création d’un réseau wallon de radiodiffusion, mais surtout en raison de la cessation d’activité du Conseil national wallon de la Radiodiffusion, l’association Les Amis de Radio Liège est fondée le 9 mars 1947 ; héritière d’une station clandestine mise sur pied à la fin de la guerre par la mission Samoyède, cette association entend défendre l’existence et l’indépendance de sa radio.

En fait, l’Institut national de la Radiodiffusion dont le statut devait être révisé en 1942 dispose, dans l’immédiat après-guerre, du monopole de la radiodiffusion et les petites stations clandestines comme Radio Liège sont reprises par lui. Une des raisons d’être des Amis de Radio Liège est d’apporter à la station liégeoise un soutien financier indispensable. Un autre des objectifs de l’association consiste à soutenir les artistes, acteurs, musiciens, auteurs, compositeurs de Wallonie en leur donnant l’occasion de se faire connaître par le truchement de l’antenne. Condition sine qua non de cet objectif, les Amis de Radio Liège luttent pour une onde wallonne autonome, à travers notamment la publication d’un journal (novembre 1947). À partir de janvier 1949, Les Amis adoptent un ton plus militant. Ils luttent notamment pour l’indépendance de Radio Liège par la création d’un conseil de gestion autonome au sein de l’INR.

En mai 1949 est instituée au sein de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie, section Liège, une Commission de la radiodiffusion en Wallonie à laquelle prennent part les Amis de Radio Liège. L’objectif principal de cette Commission est d’œuvrer à la réalisation d’un réseau wallon de radiodiffusion dirigé par des Wallons pour les Wallons. Les résultats des travaux de la Commission seront publiés dans Vers l’Onde wallonne.

À l’automne 1949, la radiodiffusion est alors en voie de réorganisation. Le plan de Copenhague attribue des longueurs d’onde et des puissances d’émissions à la Belgique. De la réorganisation qui s’ensuit, il appert qu’une seule longueur d’onde devrait être réservée aux stations des provinces wallonnes, en d’autres termes que les diverses stations régionales (essentiellement Liège, Hainaut et Namur) devront émettre sur la même longueur d’onde et réduire ainsi leur temps d’émission (entrée en vigueur le 15 mars 1950). Afin d’organiser cette antenne, une Commission consultative wallonne remet ses conclusions au Conseil de gestion de l’INR. L’unanimité a été trouvée sur une formule qui tienne compte de l’importance démographique respective des provinces, de leurs potentialités artistiques et de l’expérience de leur studio : dès lors, la première place serait accordée au Hainaut, la deuxième à Liège, la troisième à Namur et la quatrième au Luxembourg. Tant les Amis de Radio Hainaut que ceux de Radio Liège marquent leur accord sur cette répartition. L’opposition viendra de Namur (le député PSC Jaminet) et du Luxembourg (le gouverneur P. Clerdent). Sous leur pression, le gouvernement adoptera une clé de répartition dite d’égalitarisme, répartissant les ondes en quatre parts de temps égales (Institut Jules-Destrée, Dossier 389, Archives Bologne, Communication de José Duval, au nom des Amis de Radio-Hainaut, 15 décembre 1949). Le Mouvement wallon se mobilisera, le directoire de Wallonie libre diffusera un ordre du jour. Sans succès.

L’émetteur régional de Wallonie progressivement mis en place n’apporte pas entièrement satisfaction. La faible puissance d’émission, le difficile partage du temps d’antenne et le manque de coordination avec les provinces wallonnes sont des sujets de déception. De plus, l’espoir de voir se constituer une radio nationale wallonne à côté de la radio régionale wallonne reste vivace. En 1951, les Amis organisent une journée d’études en collaboration avec le Congrès national wallon. À l’occasion de cette manifestation, le président des Amis, Marcel Bertrand, annonce l’affiliation officielle de son mouvement au Congrès national wallon (mars 1951). Il entend défendre la Wallonie entière et souhaite que les Amis de Radio Liège devienne un organisme de combat. Il faudra cependant attendre décembre 1954 pour qu’il en soit ainsi. Les Liégeois suivent alors l’exemple des Amis de Radio Hainaut, présidé par Edmond Yernaux et s’affilient au Congrès national wallon.

Depuis deux ans (novembre 1952), les Amis de Radio Liège, les Amis de Radio Hainaut et les Amis de Radio Namur ont uni leurs volontés par la création d’une Fédération nationale wallonne de la Radiodiffusion et de la Télévision. Cette Fédération a notamment pour objectif de faire aboutir une réforme de l’onde wallonne en même temps que de concourir à l’interpénétration des régions de Wallonie. L’Onde wallonne sera choisie un peu plus tard comme organe officiel de la Fédération. La problématique de la télévision préoccupe de plus en plus L’Onde wallonne qui lui consacre en 1952 un nombre considérable d’articles. La défense de la télévision wallonne est perçue alors comme un des points clefs de la défense non seulement des trésors artistiques et intellectuels de la Wallonie, mais aussi des intérêts industriels wallons.

Avec comme secrétaire général Eugène Duchesne, les Amis de Radio Liège défendent des positions analogues à celles des autres mouvements wallons. C’est ainsi notamment qu’ils dénoncent le projet de concentration de tous les émetteurs à la Tour du Heysel (1958), qu’ils préconisent la création de cinq émetteurs à Tielt, Malines, Braine-le-Comte, Liège et Neufchâteau. En matière de télévision, ils réclament deux studios l’un à Liège, l’autre à Charleroi. La création de ces centres empêcherait l’exode des Wallons vers Bruxelles et créerait une vraie vie culturelle en Wallonie. L’exemple français de décentralisation est évoqué. Les Amis préconisent une production de qualité axée sur les échanges internationaux. Ils défendent encore et toujours l’idée d’une radio wallonne, dirigée par les Wallons pour les Wallons. Adversaires de toute forme de concentration à Bruxelles, ils réclament deux conseils de gestion distincts lors des longues discussions sur la réforme du statut de l’INR qui aboutissent finalement, en 1960, à la création de la RTB-BRT.

 Paul Delforge

 

 

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