Après
des humanités à l’Athénée de Namur, Michel Toussaint devient
docteur en droit à l’Université de Liège (1947). Directeur aux
établissements Materne (1947-1952), directeur de la Banque de
Bruxelles, siège social de Bruxelles (1953-1954), il s’inscrit
au barreau de Namur en 1954 avant de se lancer en politique au
sein du Parti libéral.
Durant ses études à Liège, il avait participé au Congrès
national wallon des 20 et 21 octobre 1945, mais c’est à la fin
des années cinquante et au début des années soixante que Michel
Toussaint s’implique plus particulièrement dans la question
wallonne. Président de l’Entente libérale wallonne (1958-1961),
président de l’Entente wallonne du PLP (1961-1965), il soutient
les travaux du Congrès national wallon et est membre du comité
général du deuxième Congrès culturel wallon (Liège, octobre
1955). En 1958, il monte au créneau contre le projet de loi du
ministre namurois Héger portant adaptation du nombre des sièges
parlementaires. Le vote d’une telle loi signifie le début d’une
domination irréversible de la Wallonie par les Flandres.
Rapporteur politique au congrès national wallon de 1959, Michel
Toussaint dénonce la sous-représentation des Wallons dans les
organes importants de l’État et revendique la place de la
Wallonie dans une Belgique fédérale et au sein d’une Europe en
formation. Il préconise la création d’un Sénat géographique où
seraient représentés en tant que tels, Flamands, Wallons et
Bruxellois ; il propose aussi la création d’une interprovinciale
wallonne et flamande, munie de larges pouvoirs en matière
économique, sociale et culturelle. L’interprovinciale ne
nécessitant pas de réforme constitutionnelle, elle constituerait
une étape vers le fédéralisme.
Sa
proposition d’une interprovinciale wallonne suscitera des
réactions diverses et variées, et de manière générale hostiles
du côté du Mouvement wallon. À l’occasion d’une causerie faite à
la tribune wallonne de l’émetteur régional fin 1959, Michel
Toussaint précisera que le Sénat géographique est une garantie
minimum contre la minorisation de la Wallonie. Il en appelle en
fait à une affirmation forte des revendications wallonnes. En
juin 1964, au moment du vote de la loi adaptant le nombre de
sièges parlementaires, il déclare qu’il faut un « verrou »
permettant à la minorité wallonne de faire obstacle à toute
mesure qui irait à l’encontre de ses droits essentiels.
Administrateur de l’asbl Les Amis et Disciples de François
Bovesse, administrateur de l’asbl Œuvre provinciale de
Solidarité François Bovesse, président de la fédération libérale
de Namur (1957-1965), vice-président du Parti libéral puis du
PLP (1966), Michel Toussaint est choisi, en 1965, comme sénateur
provincial. À ce moment, le distanciement avec le Mouvement
wallon est consommé. Malgré les déclarations publiques qu’il
avait faites auparavant en faveur du fédéralisme, Michel
Toussaint démissionne du Comité permanent du Congrès national
wallon (1961). Alignement sur le discours de Vanaudenhove qui
s’en prend constamment au fédéralisme ? Préoccupations
électoralistes ? Fédéraliste timide, effrayé par la naissance et
la puissance croissante du MPW ? Il est difficile de répondre à
ces questions posées en 1961 par Fernand Schreurs ; mais il
apparaît que Michel Toussaint tourne le dos au Mouvement wallon
pour se consacrer essentiellement à la vie politique au sein du
parti libéral qui a fait peau neuve sous le nom de Parti de la
Liberté et du Progrès (PLP) et se veut centralisateur et
nettement anti-fédéraliste.
Secrétaire d’État à l’Éducation nationale (1966-1968), Michel
Toussaint n’est pas ménagé par le Mouvement wallon qui lui
reproche d’être un ministre à la solde des Flamands et d’avoir
sabordé l’Entente libérale wallonne à la demande de Vanaudenhove.
En septembre 1969, lorsqu’il n’est plus ministre, il réclame des
mesures urgentes pour sauver la Wallonie, ses emplois, son
économie, ainsi que des mesures de décentralisation accompagnées
de moyens financiers autonomes. Il demande aussi la
reconnaissance des trois régions et le retour de Fourons à
Liège.
Vice-président du Sénat (1971-1972), ministre de l’Éducation
nationale (1973-1974), ministre du Commerce extérieur
(1974-1977), Michel Toussaint devient ministre de la Réforme des
Institutions le 8 décembre 1976 en remplacement de François
Perin démissionnaire. En fait, le PRLw vient d’être formé de la
fusion du groupe CRéER (Perin, Gol), du PLP wallon (André
Damseaux) et du Club Libertés et Réformes, club créé et présidé
par Michel Toussaint depuis quelques mois déjà (24 novembre
1976). C’est en tant que membre du PRLw que Michel Toussaint
remplace le père de la régionalisation provisoire (jusqu’en
avril 1977). Fédéraliste d’union, craignant que le Pacte
d’Egmont ne fasse éclater la Belgique, Michel Toussaint exige
alors que la solidarité nationale joue en faveur de la Wallonie
(1977).
Président du Conseil de la Communauté française (19 octobre
1982), Michel Toussaint exige la mise en place rapide des
administrations communautaires et régionales. Nommé ministre
d’État en 1983, il reste conseiller communal de la ville de
Namur (1958-1988) dont il assumera aussi le mandat de premier
échevin. Présent sur la liste du PRL lors des élections
européennes du 17 juin 1984, il récolte 41.311 voix de
préférence en Wallonie et à Bruxelles, soit le huitième score
personnel. Il quitte alors la présidence du Conseil de la
Communauté française pour siéger au Parlement européen (octobre
1984-1989). En 1989, il devient responsable de la fédération de
Namur de Wallonie libre. Ancien vice-président du
Parlement wallon, il prônait l’installation des institutions
politiques et administratives wallonnes à Namur, capitale de la
Wallonie.
Paul
Delforge |