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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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SCHREURS André

    Né à Liège le 15 juin 1927, décédé à Liège le 3 décembre 2010 

Fils de Fernand Schreurs, André Schreurs est né dans le Mouvement wallon et dans l’amour de la France. L’éducation familiale, la lecture de journaux français et des ouvrages d’Albert du Bois, les personnalités de Jules Destrée, de Georges Truffaut et de l’abbé Mahieu, de Charles Péguy et du général de Gaulle influencent le jeune Schreurs qui voit sa jeunesse bouleversée par la guerre. En février 1942, il décide avec Pierre Bertrand, Christian Grafé, Jean Petit et Paul Dehousse, tous étudiants à l’Athénée de Liège, de fonder un mouvement clandestin destiné à toucher l’enseignement secondaire : Les Lycéens wallons. Ils reprennent en fait le nom porté en 1919 déjà par leurs aînés. Leur première action consiste à distribuer La Wallonie libre, La Meuse ainsi que Sambre et Meuse dans les écoles liégeoises. Ils diffusent aussi Le Monde du Travail et L’Espoir. Par la suite, André Schreurs sera aussi le répartiteur des journaux Wallonie libre éd de l’Est, Jeune Revue wallonne, Jeune Wallonie, éditions déposées chez ses parents. André Schreurs et Jean Petit sont particulièrement actifs.

Après quelques tracts publiés de façon indépendante en 1942, Les Lycéens wallons font paraître un clandestin, La Jeune Revue wallonne, dès le 1er avril 1943. En septembre, André Schreurs, qui faisait partie du comité de rédaction de Sambre et Meuse, est le directeur et rédacteur en chef de Jeune Wallonie organe des Jeunesses estudiantines wallonnes. Celles-ci, affiliées au mouvement Wallonie libre puis, plus tard, au Front de l’Indépendance, sous le nom de Brigade FI Jeune Wallonie, revendiquent la déchéance de Léopold III, la séparation nette de la Flandre et de la Wallonie, la constitution d’une Wallonie indépendante, la conclusion d’accords avec la France, l’abolition de la dictature. Le dernier exemplaire clandestin de Jeune Wallonie sort en avril 1944. Fondateur et directeur des journaux Jeune Revue wallonne, Jeune Wallonie dont il fut rédacteur en chef et rédacteur régulier, André Schreurs est aussi l’auteur d’articles réguliers pour Wallonie libre éd de l’Est, occasionnellement pour Sambre et Meuse, et ce pour la période comprise entre le 1er février 1942 et le 18 mai 1944, date où il doit se réfugier dans la clandestinité parce que recherché.

Avec d’autres membres de Jeune Wallonie ou de Wallonie libre, André Schreurs mène une action de résistance originale en installant des piquets de garde aux alentours de la Werbestelle. Guettant l’arrivée de jeunes, inconscients des conséquences d’un engagement, il leur expliquait les dangers de leur démarche. Au sein de Jeune Wallonie, il apporte aussi une aide aux jeunes réfractaires au travail en Allemagne, fournit de fausses pièces d’identité, récolte des fonds, fournit des renseignements, contribue à l’hébergement et à l’accompagnement de prisonniers français évadés. En mai 1944, Schreurs et Petit prennent le maquis. Revenu à Liège, Schreurs est arrêté le 27 juin par la Feldgendarmerie en possession de journaux clandestins et d’une liste destinée à un Service de Renseignement français ; la liste contenait les noms de membres de son groupe entremêlés avec les noms de collaborateurs avec l’ennemi. Interrogé par les Allemands, Schreurs prétendra que la liste est celle des membres de la « Petite Académie », groupe littéraire fonctionnant à l’Athénée de Liège. Schreurs était aussi porteur de plusieurs coqs, en métal et en papier ; les Allemands pensaient y voir les signes de reconnaissance du Front de l'Indépendance. Accusé d’espionnage, de résistance et de distribution de journaux clandestins, A. Schreurs est interné à la prison Saint-Léonard jusqu’au 8 août. À peine libéré, il rejoint son groupe et assure des transports d’armes et des missions par courrier. Au sein du Front de l'Indépendance, il est sous les ordres de John Heuss. En 1952, André Schreurs recevra la Croix de Guerre 40-45 avec palme et la Croix du Prisonnier politique pour ses actes de résistance. Résistant armé reconnu du 1er février 1942 au 14 octobre 1944, résistant par la presse clandestine pour la période du 1er février 1942 au 18 mai 1944, il est reconnu Prisonnier politique (du 27 juin 1944 au 8 août 1944). Pour avoir hébergé un prisonnier évadé (du 24 octobre 1943 au 1er novembre 1943), pour avoir constitué un petit groupe de jeunes récoltant des fonds, fournissant des cartes d’identité et des timbres de ravitaillement, groupe dont il était le responsable, André Schreurs se voit aussi attribuer le statut de résistant civil pour la période du 1er janvier 1943 au 1er janvier 1944.

                                                                              

Après la Libération, le président de Jeune Wallonie (1943-1947) devient directeur politique et éditeur responsable du mensuel Jeune Wallonie (1944-1946). Pendant plusieurs mois, il participe à une intense campagne de propagande (par conférences, meetings, débats, organisation de bals et placardage d’affiches), en faveur de l’autonomie de la Wallonie et de l’abdication de Léopold III, et en vue de la préparation du congrès national wallon des 20 et 21 octobre 1945. Membre de l’Association wallonne des Étudiants de l’Université de Liège, il participera à toutes les sessions du Congrès national wallon. Membre de Wallonie libre (1942-1984), il est le président fondateur du Centre de coordination des Jeunesses de Wallonie (1946-1947). Membre du comité provisoire de Jeune France, créé à l’occasion du pèlerinage de Waterloo, le 15 juin 1947 et qui succède, dans une certaine mesure à Jeune Wallonie, il rejette alors le fédéralisme et se dit prêt à lutter pour le rattachement de la Wallonie à la France. Secrétaire politique de Jeune France (1947-1949), André Schreurs collabore au journal Le Coq wallon.

Il réussit avec brio sa licence en sciences politiques à l’Université de Liège (1951) avec un mémoire consacré à L’autoroute de Wallonie. Ce mémoire sera édité dans la collection de la faculté de droit de l’Université de Liège (1953). En 1948, il avait publié un essai intitulé Liège, terre de France. Il ne dissimule d’ailleurs pas ses sentiments pro-français.

Aspirant du FNRS (1952-1954), prix des Amis de l’Université de Liège (1954), lauréat du concours des bourses de voyages du gouvernement (1955), boursier du CNRS à Paris, André Schreurs devient directeur du Palais des Congrès de Liège en 1958. Il le restera jusqu’en 1984. Membre du comité organisateur du cinquième congrès de sociologie (1953), cofondateur et animateur du groupe Esprit de Liège (1952-1959), secrétaire général du deuxième congrès international de l’économie collective (1955-1956), secrétaire général de l’Association internationale des Palais des Congrès (1961-1963), secrétaire général de l’Union culturelle française (1959), membre du comité organisateur de l’AUPELF (1965-1966), collaborateur régulier de la Nouvelle Revue wallonne (1955-1960), il participe à l’ensemble des manifestations organisées par l’Action wallonne dans les années soixante : congrès, marches, pétitionnement, Fourons.

Membre du Comité permanent du Congrès national wallon (1952-1974), membre du comité liégeois d’Action wallonne (1962-1964), membre du comité de patronage de la grande mobilisation wallonne du 19 avril 1969, il apporte ainsi son soutien à l’action lancée en 1968 par les quatre mouvements wallons, sur base du mémorandum réalisé par le Conseil économique wallon (1968) : il s’agit de mobiliser tous les Wallons pour obtenir au minimum une réelle décentralisation économique.

Directeur de La Nouvelle Revue wallonne à la mort de son père en 1970, André Schreurs assure la parution de la revue jusqu’en 1973. Vice-président de la fédération liégeoise de Wallonie libre (1961-1963), il participe à la réorganisation de la section liégeoise en 1974 et la préside jusqu’en 1980. Lors du congrès du mouvement de 1975, il prône la nécessaire solidarité Wallonie-Bruxelles, s’interroge sur le sort de Bruxelles en cas de création d’un État wallon indépendant et proclame que, quel que soit son président, il est partisan d’une association avec la France. Avec le professeur Georges Jarbinet, et sous le patronage de l’échevin Jean Lejeune, il réalise l’exposition consacrée au 180e anniversaire de la réunion du Pays de Liège à la France (1975). Dans les années 1976-1978, il participe aux réunions de la Délégation des trois Mouvements wallons. En 1976, il est élu vice-président de Wallonie libre, fonction qu’il exerce jusqu’en 1984.

Issu d’une grande famille de libéraux, francophiles et progressistes, André Schreurs était devenu membre du parti socialiste dès la Libération ; son père, Fernand Schreurs, resta fidèle au Parti libéral jusqu’en 1964, moment où Omer Vanaudenhove donnera à son parti une coloration unitariste belge ; André Schreurs avait été séduit, expliquait-il « par l’idéal de générosité, de fraternité et de justice sociale qui animait le PSB. De plus, à cette époque, tous les dirigeants du PSB, à Liège, étaient des fédéralistes convaincus ». En 1974, cependant, il démissionne d’un parti qui lui semble placer les problèmes communautaires au second plan.

                                                                              

Lorsque le Rassemblement wallon était entré au gouvernement en 1974, André Schreurs avait écrit qu’il s’agissait d’une victoire pour les militants wallons. Les réformes obtenues pendant les deux premières années (régionalisation provisoire) lui paraissent essentielles. Après avoir rencontré Marcel Thiry et Maurice Bologne, il rallie le Rassemblement wallon. Il est attiré par son pluralisme et par ses options qui sont proches du Mouvement wallon. Il rejette cependant toute tentative visant à définir une nouvelle doctrine à l’extérieur des partis dits traditionnels. Lors de la scission du RW (1976), il opte pour la tendance de gauche du parti et soutient, avec Pierre Bertrand, le président Paul-Henry Gendebien. Il crée et préside le Club d’Action wallonne pour le fédéralisme et les réformes de structure.

Président de la nouvelle cantonale de Liège du Rassemblement wallon (1976-1978), vice-président de son comité d’arrondissement de Liège (1977), André Schreurs est élu conseiller provincial en 1978, mais il doit renoncer à ce mandat en raison de ses fonctions à la ville de Liège et sur injonction du collège échevinal. Quelque temps plus tard, l’orientation que prend le Rassemblement wallon – « devenu plus autogestionnaire que wallon » selon lui – le conduit à démissionner (1979) et à rejoindre un PS devenu attentif à la question wallonne. En 1981, il adhère au Rassemblement populaire wallon et devient, en 1983, vice-président du RPW de Liège. L’évolution du programme wallon du PSB lui paraît ouvrir des perspectives nouvelles dans la mesure où c’est quasiment le fédéralisme que préconisent les socialistes wallons, bruxellois et flamands.

Lors des élections européennes du 17 juin 1984, André Schreurs accepte de se présenter sur la liste du Front démocratique des Fédéralistes pour la Communauté française d’Europe, liste conduite par Antoinette Spaak. Par sa présence comme deuxième candidat effectif, il veut défendre la Francité, la solidarité francophone, la solidarité Wallonie-Bruxelles. Il prône un confédéralisme très poussé comprenant un État wallon et un État flamand autonomes, avec une région centrale, autonome également, Bruxelles-Capitale. Ayant le droit de traiter directement avec la Communauté européenne, l’État wallon devrait disposer de 50% des crédits de la confédération, et du pouvoir de conclure des accords de coopération ; quant au domaine culturel, il devrait faire l’objet d’une coopération très étroite avec la France. Il imagine par exemple un seul ministre qui s’occuperait des affaires culturelles de la France et de la Wallonie (1984). Il ne sera pas élu.

Vice-président de Wallonie libre (1976) et vice-président de la fédération liégeoise (1979-1984), il est contraint de démissionner en 1984 en raison de sa présence sur la liste du FDF-CFE, considérée comme concurrente de la liste Présence wallonne en Europe conduite par P-H. Gendebien. Administrateur du CRISP, membre du comité exécutif du Grand Liège (1960), président de la Fédération européenne des Villes de Congrès (1974-1976) et de l’Association internationale des Villes francophones de Congrès (1981-1985), administrateur (1975) puis président (1984-1990) des Fêtes et Amitiés françaises, André Schreurs continue à militer en faveur d’un rapprochement étroit de la Wallonie et de la France. Président de la fédération liégeoise du Mouvement wallon pour le Retour à la France (1993-1995), puis de Wallonie-France (1995-1997), il contribue à la création de la revue Wallonie-France (juin 1994), dont il est le directeur. Il y défend l’idée que la Wallonie doit s’unir à la France en conservant son identité, sous la forme d’une association ou d’une région rattachée à la République avec un statut particulier. Porte-parole de Wallonie-France-Liberté, groupant Wallonie libre, Wallonie-France, Retour à la France et Toudi, il est membre du Conseil d’administration de l’association France-Wallonie-Bruxelles, présidée par l’ambassadeur de France Bernard Dorin. Dans les années ’90 et au début du XXIe siècle, il est resté un militant actif de la cause wallonne. A travers articles, blogs et prises de parole lors de réunions, André Schreurs continuait inlassablement à se faire le défenseur d’une formule visant à la reconnaissance de la Wallonie comme 23e région métropolitaine de France.

 

Paul Delforge

 

 

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