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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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Ruscart Paul 

    Né à Bruxelles le 20 décembre 1893, décédé à une date inconnue. 

Inconnu du Mouvement wallon avant la Grande Guerre, Paul Ruscart a été embauché par l’occupant allemand pour mener de la propagande séparatiste en pays wallon. Tout semble indiquer qu’il a été un agent au service des Prussiens. En 1917, il publie L’art et la guerre. Journaliste au quotidien pro-allemand La Belgique, il y publie notamment (août – septembre 1917) une série d’interviews d’activistes flamands majeurs, membres du Raad van Vlaanderen comme René De Clercq, Pieter Tack, August Borms et Richard de Cneudt. Ces articles provoquent de nombreuses réactions de protestation que Ruscart exploite dans la chronique qu’il tient aussi dans le journal Le Télégraphe, publié à Liège. À cette occasion, il argumente contre l’Union sacrée et le principe de mutisme que les principales autorités belges se sont imposées au moment de l’invasion allemande. Pendant plusieurs mois, Ruscart suit attentivement tant la presse flamande, que les réunions et meetings activistes organisés en Flandre.

Alors que jusque-là personne ne l’avait jamais rencontré dans les milieux wallons, Paul Ruscart fait parvenir quelques articles littéraires à L’Avenir wallon de Franz Foulon et surtout devient le principal collaborateur du journal L’Écho de Sambre et Meuse à partir de janvier 1918. Après quelques contributions en faveur du pacifisme, il prête sa plume à la défense exclusive de la séparation administrative. Prouver aux lecteurs de L’Écho la réalité et les bienfaits de la séparation administrative est alors le principal leitmotiv de Paul Ruscart. À ses yeux, trois missions s’imposent. La première consiste à éclairer les Wallons sur leur sort et à étudier avec eux la question de la séparation : une unanimité doit être trouvée pour le moment où les négociations de paix auront lieu. Le modèle dont il faut s’inspirer est le Raad van Vlaanderen. Ensuite, il conviendrait d’intéresser l’opinion mondiale à la cause wallonne. Enfin, Ruscart prône un dialogue préalable avec les Flamands afin de régler « en famille » les questions les plus délicates.

Promu chef de bureau au ministère wallon de Namur, en janvier 1918, Paul Ruscart publie deux brochures, Propos d’un Wallon sur la question flamande et La question flamande et la Wallonie, il y tient les mêmes propos. Plus soucieux de plaire à ses maîtres allemands que d’élaborer une doctrine fédéraliste, Ruscart règle leur compte aux « Wallons passifs ». Leur sympathie va à la France, mais néanmoins une entente avec l’Allemagne est nécessaire parce que rien ne peut empêcher que l’Allemagne impose à la Wallonie de rudes conditions dans son intérêt, et à l’avantage des Flamands, écrit-il. En conclusion, les Wallons doivent se montrer actifs et constituer un comité pour défendre les intérêts de la Wallonie. En fait, une totale indigence de pensée caractérise ces brochures sommaires. Intriguant au service des Allemands, il prétend s’exprimer au nom des Wallons décidés à revendiquer la séparation administrative.

Lors d’une conférence (intitulée Guerre ou Paix), présentée le 10 février 1918, à l’Athénée de Huy, les élèves chahutent l’exposé de Ruscart, avec le soutien de leur professeur Francis Duchesne.

Le 1er mars 1918, Ruscart inscrit son nom au bas du manifeste Au Peuple de Wallonie. Pendant quelque temps, il est membre du Comité de Défense de la Wallonie et est chargé du secrétariat et de la propagande. Il quitte rapidement le Comité de Défense (mars 1918). Avec Henquinez et De Perron, Ruscart essaye de convaincre de jeunes pacifistes de se manifester à ses côtés : c’est ainsi que sont sollicités les Anthony Vienne, Jean Tousseul et autre Charles Plisnier. Durant l’été 1918, on retrouve Ruscart dans les colonnes de L’Écho de Sambre et Meuse, sous son nom ou sous les initiales P. R. Il tient aussi la rubrique « De ci de là ».

                                                                              

Durant l’été 1918, Paul Ruscart essaye certainement d’imiter le Mouvement flamand en se lançant dans des conférences dans plusieurs villes wallonnes. Sans succès. On sait aussi qu’à Liège, une conférence du même Ruscart consacrée à la séparation administrative fut écoutée par cinquante personnes… dont plusieurs officiers allemands. Malgré ses efforts, Ruscart doit bien se rendre à l’évidence. Sa propagande est un échec.Dans son rapport administratif pour la Wallonie (août 1917-janvier 1918), Edgar Haniel von Haimhaussen (1870-1935) explique comment il est parvenu à soudoyer de Peron, Houba et Ruscart pour promouvoir le séparatisme. En septembre 1918, à la veille de l’Armistice, Ruscart entreprend une nouvelle tournée de conférences en Wallonie : M.P. Ruscart, membre du Comité de Défense de la Wallonie, donnera le dimanche 29 septembre, à La Louvière une conférence publique et contradictoire : Le socialisme dans la Wallonie de demain.

En novembre 1918, Ruscart choisit de se réfugier aux Pays-Bas. Lors du procès dit des « ministères wallons » qui se tient à Namur en décembre 1919, Paul Ruscart figure parmi les inculpés absents et en fuite. Dans son acte d’accusation, l’avocat général le considère comme l’un des huit « politiques ». Jugé par contumace, il est condamné à vingt ans de travaux forcés.

Mais le fugitif Ruscart vit une existence paisible à La Haye, grâce à la générosité des Allemands. Dès l’été 1919, il édite, dans cette ville, un journal The World in the service of an understanding between all manking, avec des fonds allemands, qui serait une feuille de propagande bolchéviste.

Il y a chez lui une continuité d’action dans la collaboration, pendant les deux guerres mondiales. Bénéficiant des mesures d’amnistie en 1924, Ruscart reprend pied en Belgique et, comme journaliste, collabore aux revues A.Z. – A.B.C., Femmes d’aujourd’hui, et journaux Le Peuple, Vooruit, Journal de Charleroi. Il écrit même dans les colonnes des revues françaises Lu et Vu. En 1937, il devient le directeur de La Tribune libre, organisme strictement neutre, affilié au Club du Faubourg et à la Fédération internationale des Tribunes libres. Il organise notamment plusieurs conférences à Bruxelles où s’engagent des débats contradictoires (Degrelle-De Laveleye, Mahieu-Van Dieren-Balthazar, etc.).

En mai 1933, Paul Ruscart commet une série de trois articles dans L’Œuvre : il y dresse un tableau de la situation en Belgique, sous le titre, Chez nos amis Belges, destiné à un public français. Il y présente une Belgique coupée en deux, dont la partie Nord aspire à un rattachement avec la Hollande et la partie Sud avec la France. Il présente également un tableau favorable à l’annexion d’Eupen-Malmedy à l’Allemagne et entonne un couplet en faveur de l’amnistie pour les Wallons et les Flamands condamnés pour faits de guerre.

Dès septembre 1939, Ruscart rend à nouveau service aux Allemands. Mai 1940 le voit aux côtés de l’armée allemande. Profitant de ses entrées dans la presse socialiste, il tente – sans succès – de convaincre les ouvriers des imprimeries de jouer le jeu de la collaboration. Lui-même prête sa plume de collaborateur au Soir volé de 1940 à 1944 et devient bientôt rédacteur en chef de la revue bimensuelle Les Hommes au Travail, publication nazie éditée par le Front du Travail allemand. P. Ruscart dirige encore la chambre bruxelloise de la Communauté culturelle wallonne ainsi que l’association les Amis du Grand Reich Allemand. À la Libération, en 1944, Paul Ruscart échappe, une fois de plus, à la justice de son pays : déchu de la nationalité belge par un jugement à Bruxelles le 4 juillet 1946, il est condamné par défaut à la peine de mort par fusillade par le Conseil de guerre de Bruxelles, le 24 juillet 1946.

 

Paul Delforge – Jean-Pierre Delhaye

 

Jean-Pierre Delhaye et Paul Delforge, Franz Foulon. La tentation inopportune, Namur, Institut Destrée, 2008, coll. Écrits politiques wallons n°9 - Paul Delforge, La Wallonie et la Première Guerre mondiale. Pour une histoire de la séparation administrative, Namur, Institut Destrée, 2008

 

 

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