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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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Presse d’action wallonne

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TROCLET Léon-Eli

 

Né à Liège le 14 juin 1902,
décédé à Bruxelles le 30 avril 1980

Dessinateur industriel (1921), dessinateur de constructions civiles (1923), Léon-Éli Troclet décroche un doctorat en droit à l’Université de Liège (1926). Parallèlement à sa profession d’avocat à la Cour d’Appel de Liège (1926-1945), il est professeur et directeur dans différents établissements d’enseignement supérieur (-1945). Fils du député Léon Troclet (1900-1946), Léon-Éli est secrétaire des Jeunes Gardes socialistes (Liège 1919-1921) et s’occupe, à différents titres, de l’Éducation ouvrière (1920-1965).

Militant wallon actif dans l’Entre-deux-Guerres, il est le cofondateur et secrétaire du cercle Athéna (1917), il est aussi membre de la Ligue des Lycéens wallons (1918), de la Ligue des Étudiants wallons (1920), vice-président de la Jeune Garde wallonne fédéraliste (1920-1922). Il est aussi chroniqueur politique de l’hebdomadaire littéraire Noss Pèron, sous le pseudonyme de N. Cloret. Membre du comité de rédaction de La Barricade (organe de la Garde wallonne autonomiste, 1924), il écrit encore dans Franchimont, La Jeune Revue wallonne, L’Action wallonne et Les Documents wallons. En 1924, il est membre du comité de la Ligue d’Action wallonne de Liège.

Avant-guerre, Léon-É. Troclet plaide bénévolement en faveur des victimes du fascisme et du nazisme (1927-1939) ; il est d’ailleurs l’avocat attitré du Fonds Matteotti ; il est membre du Comité d’aide à l’Espagne républicaine et constitue des comités de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Incarcéré à la citadelle de Huy en 1941 en raison de ses très nombreuses activités clandestines de résistance (Comité d’aide aux familles des maquisards, comité politique du Front de l’Indépendance, comité de rédaction du clandestin Le Monde du travail sous le nom de Guillaume Telle...), cela ne l’empêche pas d’être l’un des rédacteurs de Sambre et Meuse (1942). Après l’arrestation de Marcel Ferauche, l’imprimeur des principaux clandestins wallons, Léon-É. Troclet permettra au Front wallon et à Sambre et Meuse qui se sont rapprochés, de se procurer une partie du matériel d’imprimerie en provenance du journal La Wallonie.

Cofondateur du Conseil économique wallon clandestin (1942), Léon-É. Troclet y rédige un rapport sur les allocations familiales. En fait, il reprend en le développant la synthèse qu’il avait publiée, en 1939, dans la collection Les Documents wallons, sous le titre La Wallonie et les allocations familiales. Dès ce moment, il souligne que le régime belge n’est pas adapté à la situation démographique et aux exigences sociales : les employeurs wallons perdent d’importants moyens financiers au seul profit de l’industrie et du commerce flamands ; les travailleurs wallons sont aussi touchés dans la mesure où leur salaire est atteint et où l’on assiste à un transfert d’industries de Wallonie vers la Flandre ; enfin, Troclet déplore que les allocations familiales ne jouent aucun rôle d’incitant favorable à la natalité de Wallonie. À ce moment (1939), Troclet suggère un système d’allocations qui tienne compte non d’un cadre professionnel mais plutôt d’un cadre territorial, en l’occurrence la région. Dans sa Réforme du régime des allocations familiales pour la sauvegarde des intérêts wallons (février 1942), il considère que la Flandre a prélevé sur la Wallonie, depuis la loi de 1930, plus de 25 millions de francs ; considérant que cette situation grève lourdement l’économie wallonne, le Conseil économique wallon, suivant l’avis de Troclet, exigera la suppression de la compensation nationale tant en matière d’allocations aux salariés qu’aux non-salariés, et proposera un régime wallon autonome. Ce régime wallon des allocations familiales s’appuiera sur un système de provincialisation et un régime différentiel pour les zones rurales et urbaines d’une part, compensation secondaire entre les caisses provinciales wallonnes, d’autre part.

Membre du Rassemblement démocratique et socialiste wallon, il y siège sous le pseudonyme de Noël, anagramme de Léon (1942-1943). Partageant davantage l’option fédéraliste que celle d’une intégration de la Wallonie à la France, il encourage le rapprochement du RDSW avec le groupe du Monde du Travail. D’ailleurs, dès juillet 1943, il quitte le Rassemblement démocratique et socialiste wallon pour la fédération liégeoise du Parti socialiste clandestin et participe aux travaux de sa Commission des Affaires wallonnes qui aboutissent à un système proche d’une Confédération. Cette étude d’un projet de fédéralisme visait à consolider l’État belge, en normalisant les rapports entre Wallons et Flamands, mettant sur pied d’égalité la communauté wallonne et la communauté flamande.

Membre du comité préparatoire clandestin du Congrès national wallon (1943), ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, il quitte Paris où il participe à la Conférence internationale du Travail pour participer au congrès wallon de Liège, le 20 octobre 1945 ; il prend la parole pour défendre la thèse de l’autonomie et du fédéralisme, et émet le souhait de voir se forger un Mouvement wallon fort, sage, uni et qui n’est pas anti-flamand. Il sera membre du Comité permanent du Congrès national wallon (1945-1971) et fera partie de la délégation wallonne qui rencontrera le ministre des Affaires étrangères Paul-Henry Spaak pour exposer les griefs wallons. Opposé au retour de Léopold III, Léon-É. Troclet se montre très actif dans la Question royale. Le 31 juillet 1950, il fait la synthèse entre revendications wallonnes et revendications ouvrières : l’obtention des objectifs des uns et des autres passe par le départ de Léopold III.

Intéressé cependant par le seul aspect social de la question wallonne, L-É. Troclet ne se mêlera plus aux actions du Mouvement wallon se “ contentant ”, comme par exemple en 1957, d’attirer l’attention sur l’intérêt que présenteraient des études portant sur le vieillissement de la population en relation avec la politique générale d’aide sociale aux vieillards, sur la morbidité régionale et ses effets en matière d’assurance maladie-invalidité, sur les enseignements à tirer en matière de politique familiale des études de la démographie belge élaborées par le Conseil économique wallon et le VEV.

Conseiller provincial de Liège (1928-1932), conseiller communal de Chênée (1938-1945) puis de Liège (1946-1947, 1952-1980), sénateur provincial de Liège (1945-1946) puis sénateur élu direct (1946-1968), ministre du Travail et de la Prévoyance sociale (1945-1946, 1946-1949, 1954-1958), ministre des Affaires économiques (1946), membre du Parlement européen (1961), ministre d’État (1969), Léon-É. Troclet marque profondément le domaine de la sécurité sociale ; membre actif de l’Organisation internationale du Travail où il occupe de nombreuses fonctions (1945-1980), il est considéré comme le père de la Sécurité sociale : lois sur les pensions de retraite et de survie (ouvriers, employés, marins, mineurs), code de la protection du travail, lois sur le reclassement des handicapés, sur les conseils d’entreprise, sur les commissions paritaires et les conventions collectives... Au sein des structures de la Communauté économique européenne (1954-1969), il siège également à de nombreux postes, toujours pour traiter des affaires sociales. Professeur à l’Université libre de Bruxelles (1952-1972), il fonde le Centre national de Sociologie du Droit social (1958) dont il assure la présidence ; il donne également des cours à l’étranger.

Signataire du manifeste La Wallonie dans l’Europe (mars 1968), il observe que le déclin économique wallon mesuré à l’échelle européenne est considérable (ralentissement de l’économie de plus de 30% en dix ans) et se prononce en faveur d’une réforme institutionnelle profonde. S’il considère légitime la volonté flamande de constituer un grand ensemble avec le Limbourg hollandais et Rotterdam, il demande que la Wallonie ne soit pas prisonnière du Benelux et qu’elle puisse, librement, se chercher les alliances qui lui conviennent le mieux, ainsi que le prévoient les traités européens.

Membre du comité de patronage de la grande mobilisation wallonne du 19 avril 1969, Troclet apporte ainsi son soutien à l’action lancée en 1968 par les quatre Mouvements wallons, sur base du Memorandum réalisé par le Conseil économique wallon (1968) : il s’agit de mobiliser l’ensemble des Wallons pour obtenir au minimum une réelle décentralisation économique.
 

En juin 1976, Léon-É. Troclet figure enfin parmi les signataires de la Nouvelle Lettre au roi pour un vrai fédéralisme rédigée à l’initiative de Fernand Dehousse, Jean Rey et Marcel Thiry, notamment, et qui vise à dépasser la régionalisation pour instaurer un fédéralisme véritable, fondé sur le respect des droits de l’homme et de l’égalité des citoyens, fondé sur l’égalité politique des communautés et des régions qui ont des pouvoirs véritables, un fédéralisme où Bruxelles est reconnue comme région à part entière.
 

 Paul Delforge

 

 

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