Délégué syndical SETCa-FGTB, Charly Talbot est
attiré par la création du Rassemblement wallon qui lui paraît répondre à son
propre objectif : lutter en faveur de l’autonomie de la Wallonie, tous
syndicats et partis confondus. Brigadier de fabrication à Chertal, membre du
Rassemblement wallon (1969), il devient président de la section locale de
Vivegnis (1970-1973), avant d’en être élu président d’honneur (1973).
Éditeur responsable de Vivegnis vérités (1970-1977), Charly Talbot
dénonce le fonctionnement peu démocratique de l’institution communale et le
mépris manifesté à l’égard de la minorité constituée par le Rassemblement
wallon. Malgré le moins bon résultat électoral d’ensemble de son parti aux
élections du 10 mars 1974, Charly Talbot est élu à la Chambre dans son
arrondissement de Liège. Choisi comme l’un des trois vice-présidents du
Rassemblement wallon lors du congrès statutaire (Tournai, 20 octobre 1974),
il ne fait cependant pas l’unanimité sur sa personne (235 voix sur 489
votants).
Député (1974-1977), Charly Talbot intervient
lors de la discussion sur la fusion des communes (1975) ; à l’arrêté royal
initial du 17 septembre 1975, plus précisément à son article 133 qui
attribuait le nom de Voeren aux six communes fusionnées, il fait ajouter un
erratum précisant que la nouvelle entité communale porterait aussi
le nom français de Fourons. En août 1975, il propose comme moyens à court
terme pour lutter contre la crise de la sidérurgie la suppression des heures
supplémentaires ainsi qu’une nouvelle organisation du travail du samedi.
Insistant sur la nécessité d’un regain de dynamisme des petites et moyennes
entreprises, il réclame aussi des réformes de structure dans la grande
entreprise et dans les matières d’intérêt public (1976).
Lorsque le Rassemblement wallon s’interroge sur
son devenir doctrinal (automne 1976), Charly Talbot opte pour le Manifeste
“ Gendebien ” et pour une majorité wallonne de progrès qui se situe en
dehors du parti socialiste. Il préconise résolument l’instauration du
fédéralisme en tant que système politique, économique et social. S’inspirant
du fédéralisme proudhonien, il prône l’autonomie la plus large possible et
l’autogestion des cellules de base dans un maximum de secteurs. Partisan des
réformes de structure, il opte pour un projet de société progressiste,
rejette le centrisme, plaide en faveur de l’ouverture du RW vers la
démocratie chrétienne et les démocrates de gauche, et souhaite l’élaboration
d’un plan de salut public en matière de lutte contre le chômage et
l’inflation.
Chef de groupe à la Chambre, Charly Talbot
interpelle durement le gouvernement Tindemans dont font pourtant partie
Robert Moreau et Pierre Bertrand (1977). Au moment de l’évocation du budget,
il demande au Premier ministre ce qu’il compte faire en faveur de la
sidérurgie wallonne, ce qu’il prévoit en matière nucléaire et ce qu’il pense
du plan du Rassemblement wallon pour la sidérurgie. Ne recevant que des
silences en guise de réponse, le groupe parlementaire du RW s’abstient de
voter le budget (3 mars). Le lendemain, le parti wallon est éjecté du
gouvernement. Celui-ci tombera quelque temps plus tard, ne disposant pas de
la majorité nécessaire à la Chambre, à une voix près, qui aurait pu être
celle de Charly Talbot.
Aux élections du 17 avril 1977, c’est comme
sénateur coopté que Charly Talbot est repêché in extremis de la
débâcle du parti wallon. De 1977 à 1978, il multiplie les questions
parlementaires, intervenant notamment à propos des marches flamandes dans
les Fourons et lorsque Albert Frère propose de vendre la sidérurgie wallonne
à SIDMAR. Non réélu en décembre 1978, Charly Talbot réintègre son
entreprise, mais ne parvient pas à se réhabituer à son emploi. Il devient
alors garde forestier dans la région de Vielsalm. Lors du congrès
constitutif de Wallonie Région d’Europe, il est membre du nouveau mouvement
wallon (Namur, 25 septembre 1986).
Paul Delforge