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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

Notices biographiques

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Presse d’action wallonne

Congrès,associations et partis

   

SCHREURS Fernand

   

Né à Liège le 26 juillet 1900,
décédé à Liège le 10 décembre 1970

Docteur en droit de l’Université de Liège (1924), cet avocat inscrit auprès de la Cour d’Appel de Liège a été la principale cheville ouvrière du Mouvement wallon de l’après Seconde Guerre mondiale. Son père, Louis Schreurs, administrateur de sociétés et directeur de banque, d’opinion libérale, l’avait élevé dans l’admiration de la France et de la culture française, tradition de famille depuis que son bisaïeul Jean-Gérard Schreurs, venu de Venlo, avait servi dans la légion belge-parisienne, sous commandement français, lors de la Révolution de 1830.

Déjà à l’Athénée de Liège, dont il sort en 1919 avec le Prix d’Excellence et la récompense spéciale du gouvernement, Fernand Schreurs est membre fondateur de la Ligue des Lycéens wallons, avec Paul Horion, Léon-Éli Troclet, Marcel Florkin, Carlo Bronne et Maurice Bologne notamment (1917), ligue qui devient, en 1919, la Jeune Garde wallonne. Il collabore à La Jeune Revue wallonne dont le slogan était Français ne peux, Flamand ne veux, Wallon demeure (1919). En 1933, avec Me Théo Collignon, Raymond Mottart et Camille Guillot, il fonde le Groupement des Avocats de Langue française de Belgique et, en 1934, le journal judiciaire Par ces motifs. Trésorier du comité directeur du groupement et administrateur du journal, Fernand Schreurs fonde encore, avec Léon Graulich, Xavier Janne et Pierre Wigny, la section belge de l’Association des Juristes de Langue française. Il en sera le secrétaire général jusqu’en 1940.

Membre du comité de rédaction de l’hebdomadaire Le Pays libre (organe libéral liégeois indépendant), il remplace Fernand Dehousse à la chronique de politique étrangère (1938-1940). Membre du Comité des Amitiés françaises, il milite à la Ligue d’Action wallonne (1938), se lançant ainsi dans le sillage tracé par les pionniers que sont, entre autres, Georges Truffaut et Auguste Buisseret. Il participe au rapprochement de l’Action wallonne avec le Front démocratique wallon de l’abbé Mahieu. Coopté en juillet 1938 au comité du journal L’Action wallonne, Fernand Schreurs est chargé des services de propagande. Durant plusieurs mois, il entre en conflit avec La Wallonie nouvelle, dont l’Office de propagande liégeois est accusé de soustraire des sections locales à l’influence de la Ligue. Le fait qu’il soit membre du Front démocratique wallon ne doit pas être étranger à ce conflit Liège/Charleroi. Initiateur de la réorganisation de ligues anciennes et de la création de nouvelles ligues dans l’agglomération liégeoise, il n’est pas étonnant qu’il vote, le 8 novembre 1938, le retrait de la Ligue d’Action wallonne de la Concentration wallonne et qu’il démissionne de son poste de membre suppléant du Jury d’honneur de la même Concentration wallonne.

À partir d’avril 1939, la Ligue d’Action wallonne édite également des Documents wallons, brochures d’analyse qui devaient apporter au Mouvement wallon le poids de la rigueur scientifique. Ils dressent un inventaire des griefs et formulent des propositions pour y remédier. Grâce à l’initiative de Fernand Schreurs fut inaugurée cette collection de cahiers tirés à 35.000 exemplaires. S’ils n’atteignaient pas le grand public, ils eurent un retentissement considérable dans les milieux économiques, sociaux et politiques. La guerre ne permit pas d’en tirer le profit espéré.

Lorsque l’armée allemande franchit la Meuse en mai 1940, Fernand Schreurs part en France avec sa famille. De retour en septembre 1940, il prend contact avec Marcel Thiry, René Pouret et Englebert Renier. Il rassemble d’anciens collaborateurs du Pays libre et s’associe avec Victor Van Michel pour former le mouvement wallon clandestin de résistance Sambre et Meuse (septembre 1940-avril 1941). À la mi-avril 1941, Sambre et Meuse fusionne avec le Groupe W et Wallonie libre pour former la section liégeoise de Wallonie libre clandestine. Fernand Schreurs en est le président. Après avoir diffusé l’édition bruxelloise de Wallonie libre, la section liégeoise fait paraître son propre clandestin. Le premier numéro sort fin juillet 1941 sous le titre Sambre et Meuse. Avec Victor Van Michel, Fernand Schreurs en est le responsable d’impression. En août 1943, le groupe Van Michel se sépare de la Wallonie libre pour former le Parti d’Unité wallonne. Van Michel conserva le titre Sambre et Meuse ce qui oblige Fernand Schreurs et la Wallonie libre à créer un nouveau journal, Wallonie libre, édition de l’Est. Fernand Schreurs en est le directeur.

Notamment sous le pseudonyme de J. Langlois, il écrit de nombreux articles pendant la guerre dans lesquels il évoque les principaux griefs wallons. Il est l’un des premiers à souligner le drame qui se joue dans les camps de prisonniers de guerre où seuls demeurent les soldats wallons. En 1945, il traite des griefs portés contre le roi Léopold III.

Le rôle de Fernand Schreurs au sein de la Résistance en Wallonie est majeur. Fondateur du Front wallon pour la Libération du pays, il participe au projet de relance du Conseil économique wallon, avec Englebert Renier ; en 1942, il est à l’origine du Rassemblement démocratique et socialiste wallon : membre du comité directeur du RDSW, Fernand Schreurs y siège en tant que représentant de la tendance libérale, sous le nom de Beaujean (le nom d’une aïeule, parente de Toussaint-Olivier Beaujean, premier adjoint au maire de Liège de 1800 à 1808, officier municipal dès 1794). Tout au long des débats et des travaux du Rassemblement démocratique et socialiste wallon, F. Schreurs se montre inflexible sur le caractère wallon du programme à rédiger et se refuse à réfléchir à l’avenir de la Wallonie dans le cadre d’un fédéralisme belge. Seule l’intégration de la Wallonie dans la France retient ses faveurs.

Attentif à préparer des projets pour la Wallonie libérée, il est l’un des promoteurs de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie (1943) et le secrétariat général lui en est d’ailleurs confié ; en 1944, il participe à la création du Conseil national wallon de la Radiodiffusion ; en 1945, il est l’un des artisans du Congrès national wallon. Résistant armé (au sein des Partisans du Front de l’Indépendance), résistant civil et résistant par la presse clandestine (nombreuses décorations dont la Croix de Guerre...), cet avocat défend activement les patriotes devant les Conseils de guerre allemands, notamment au sein du Comité de Défense des Patriotes, comité présidé par le bâtonnier Musch.

Après la guerre, Fernand Schreurs devient l’animateur du Mouvement wallon. Aidé par son épouse Paule Van den Berg qui remplit le rôle de secrétaire, il organise toutes les sessions du Congrès national wallon et dirige La Nouvelle Revue wallonne (1947-1970). C’est pendant la guerre qu’il a commencé à préparer et à organiser le Congrès national wallon. Secrétaire du comité organisateur constitué dans la clandestinité, il en sera le secrétaire général attitré et principale cheville ouvrière.

Lors du congrès wallon de 1945, à Liège, c’est Fernand Schreurs qui a la mission d’énumérer l’ensemble des griefs wallons : menace pesant sur la langue et la culture françaises ; minorisation de la Wallonie dans le cadre belge ; problèmes économiques ; politique déficiente en matière de travaux publics en Wallonie ; système des allocations familiales mal adapté ; volonté d’établir une entente économique avec la France ; aspect culturel (subsidiation, rejet du bilinguisme...) ; inégalité en matière administrative ; sous-représentation des Wallons dans les instances “ nationales ” ; politique étrangère aux mains des Flamands... Avant le congrès, Fernand Schreurs dénonce les dangers que court l’économie wallonne : fermeture d’usines, déplacement des entreprises vers la Flandre, des Conseils d’administration et centres de décision vers Bruxelles, disparition des banques wallonnes. Après avoir dressé un rapide historique du Mouvement wallon, Fernand Schreurs, rapporteur général du congrès wallon, insiste sur la nécessité de constituer un bloc wallon pour défendre les intérêts de la Wallonie. Tel est l’objectif du congrès. Définir une politique commune aux Wallons qui permettrait de résoudre la question wallonne. Fernand Schreurs présente encore les quatre solutions soumises au vote des congressistes (le maintien de la structure unitaire de la Belgique avec des modifications plus ou moins importantes dans l’appareil constitutionnel ou légal ; l’autonomie de la Wallonie dans le cadre de la Belgique ; l’indépendance complète de la Wallonie ; la réunion de la Wallonie à la France). Pendant les débats, Fernand Schreurs est en retrait. Il paraît évident que l’option fédéraliste choisie après le vote sentimental en faveur de la France correspond à son souhait. Francophile, il veillera à ce que l’affirmation de la sauvegarde de l’intégrité française de la Wallonie soit l’un des deux axes essentiels de la doctrine du Congrès national wallon, l’autre étant la réalisation du fédéralisme dans le cadre belge. En 1957, il fait voter par le congrès wallon de Charleroi une motion proclamant la fierté du peuple wallon d’être partie intégrante de la nation française.

Membre du Comité permanent du Congrès national wallon (1945), secrétaire général du Congrès national wallon (1945-1970), Fernand Schreurs sera aussi le rapporteur général de l’ensemble des congrès wallons organisés de 1945 à 1959. De 1945 à 1947, il contribue à traduire la volonté fédéraliste du congrès wallon de 1945 en texte de loi, mais la proposition déposée par Marcel-Hubert Grégoire sera repoussée par la Chambre (1947). Lorsque, en 1947, le Congrès national wallon crée le Comité central d’Action wallonne chargé de la propagande, c’est Fernand Schreurs qui est choisi comme président. En 1948, il est l’un des douze membres non parlementaires désignés par le Sénat pour siéger au Centre Harmel (1948-1955) ; membre du bureau exécutif du Centre, il participe à 28 des 41 réunions de la section culturelle dont il est le rapporteur général, à 2 des 12 réunions de la section démographique et à 52 des 62 séances de la section politique.

En 1949, avec l’ensemble du Congrès national wallon, Fernand Schreurs entre résolument dans la lutte contre le retour de Léopold III. Après la campagne du non en vue de la consultation populaire de mars 1950, Fernand Schreurs anime le Comité d’Action wallonne et participe à de nombreux meetings et manifestations. Le 31 juillet 1950, à la suite de rumeurs faisant état d’une abdication de Léopold III, le Comité permanent du Congrès national wallon déclare que le peuple de Wallonie, dressé pour défendre son autonomie politique et morale, ne cessera le combat que le jour où il aura obtenu le respect de sa personnalité et de ses droits. Fernand Schreurs fait partie de la délégation (composée aussi de MM. Merlot, Collard, Drèze et Colle) chargée de remettre cette motion au Premier ministre.

Dans le même temps, il paraît apporter son soutien à la formation d’un gouvernement wallon provisoire (avec François Van Belle, André Renard, Fernand Dehousse, Joseph Merlot, Georges Thone, Robert Lambion, Simon Paque et Paul Gruselin). Il aurait été chargé des Affaires intérieures dans cet exécutif wallon provisoire destiné de convoquer les États généraux de Wallonie.

Après le dénouement de la Question royale, Fernand Schreurs maintient l’activité du Comité permanent du Congrès national wallon. Tout en préparant avec Jean Rey et Fernand Dehousse un nouveau projet de fédéralisme à déposer au Parlement (projet Merlot-Van Belle de 1952), il cherche à nouer un dialogue avec les fédéralistes flamands. Après plusieurs mois de réunions et de réflexions, un texte commun est rédigé : le Manifeste des Intellectuels wallons et flamands, aussi appelé Accord Schreurs-Couvreur (3 décembre 1952), est contresigné par cinquante Flamands et cinquante Wallons. Il s’agit d’une plate-forme concrète d’autonomie culturelle défendue en Flandre et en Wallonie. Il défend l’idée d’une fédéralisation de la Belgique reposant sur la reconnaissance de deux peuples (la Wallonie et la Flandre), considère que Bruxelles est la capitale fédérale et doit jouir d’un statut spécial, revendique la fixation définitive de la frontière qui les sépare, et appelle à la défense de l’intégrité française de la Wallonie et l’intégrité néerlandaise de la Flandre (aucune minorité linguistique ne sera reconnue). Il marque aussi son accord sur l’attribution de toutes les compétences aux deux Chambres régionales, hormis les matières définies, précisément, dans la Constitution et attribuées à une Chambre fédérale, où Wallons et Flamands sont représentés paritairement. Après l’échec de la proposition Merlot-Van Belle, il participe avec Jules Bary et André Renard aux travaux d’une commission chargée de préparer un programme de revendications immédiates sur les plans politique, économique, culturel et social en vue des élections législatives de 1954. Avec les fédéralistes flamands, il contribue aussi à la rédaction d’un projet complet de Constitution fédérale et fonde le Collège wallo-flamand (octobre 1954). Il en devient le coprésident.

Pasticheur de talent, signataire de nombreux pamphlets politiques sous le pseudonyme Hector Vugo, il figure parmi les initiateurs de la création du Fonds d’Histoire du Mouvement wallon. Membre du directoire de Wallonie libre (1941-1970), président (1944-1960) puis membre du comité de la fédération de Liège de Wallonie libre (1961-1970), administrateur général de l’APIAW, Fernand Schreurs est l’un des principaux organisateurs du deuxième Congrès culturel wallon (Liège 1955) et il sera administrateur-délégué du Centre culturel wallon (1956). Commissaire à la Maison liégeoise, il se verra aussi confier, par la députation permanente de Liège, le cours d’histoire des doctrines économiques, le cours de sociologie et le cours de législation des victimes de guerre à l’École supérieure de Service social, ainsi que les cours de philosophie métaphysique et de philosophie morale à l’École d’Infirmières. Outre de nombreux articles pour et sur le Mouvement wallon, Fernand Schreurs sera l’auteur d’articles de toponymie et de généalogie. Son étude sur le nom de Liège sert de référence.

Sous le gouvernement socialiste-libéral (1954-1958), Fernand Schreurs est le rapporteur de la Commission politique que le Comité permanent du Congrès national wallon a mise sur pied pour évaluer l’action gouvernementale sur le plan wallon (26 juin 1955). À l’issue d’un débat à huis clos, un vote unanime entérine un rapport général critique adressé aux membres du gouvernement au moment de la rentrée parlementaire. Pour se faire entendre, les membres du Congrès national wallon, et Fernand Schreurs en particulier, utilisent la radio de manière systématique. Des débats sont organisés à l’INR, une Tribune wallonne est également créée sur Radio-Namur qui permet à l’ensemble des responsables du Mouvement wallon d’exprimer leurs doléances. Le Comité permanent du Congrès national wallon dénonce, le 5 mai 1956, le retard du gouvernement à déposer son projet de loi sur l’autonomie. De nouvelles rencontres ont lieu avec les présidents du Parti socialiste belge et du Parti libéral ; Fernand Schreurs rencontre d’ailleurs Léo Collard quelques jours plus tard. Ce gouvernement fut l’un des plus mauvais de l’après-guerre pour la Wallonie, à laquelle il n’apporta aucune satisfaction, écrira Fernand Schreurs en 1965.

Néanmoins, les congrès wallons organisés en 1957 et 1959 montrent les limites de l’action de Fernand Schreurs. En 1959, il présente le rapport culturel dans lequel il rappelle les solutions préconisées par le Centre Harmel, ainsi que les échecs successifs de création de Conseils culturels ; il passe en revue les différents problèmes qui ne cessent de se poser (choix de la seconde langue à l’école, bilinguisme, télévision, théâtre lyrique, etc.), il propose la création d’une commission culturelle qui devrait se montrer énergique auprès des partis, dont le programme reprendrait les conclusions du Centre Harmel. Le congrès l’écoute et le suit, mais, à l’extérieur, le Congrès n’a plus le dynamisme de ses débuts. Il est débordé par une nouvelle prise de conscience populaire encadrée notamment par le Mouvement populaire wallon.

À l’issue des grèves contre la Loi unique, le Congrès national wallon perd le soutien à la fois des libéraux fédéralistes soucieux de se conformer à la nouvelle ligne unitariste de leur parti et des militants de gauche attirés par un Mouvement populaire wallon qui se veut plus dynamique. Vice-président de l’Entente libérale wallonne depuis 1952, Fernand Schreurs démissionne de cette fonction en même temps qu’il refuse désormais de siéger au Comité permanent de l’Entente libérale wallonne en raison des déclarations anti-fédéralistes du PLP. Il contribue alors au développement du Mouvement libéral wallon (mai 1962).

Promoteur en juin 1962 de la relance du Comité central d’Action wallonne, Fernand Schreurs en redevient le président. Par cet intermédiaire et après la disparition d’André Renard, Fernand Schreurs contribue à l’organisation du Congrès d’Action wallonne, qu’il préside à Namur, en mars 1963, et qui rassemble tous les mouvements wallons. Membre de la commission politique et de la commission des résolutions du Congrès d’Action wallonne (Namur, 1963), Fernand Schreurs (CNW) défend toujours un projet fédéraliste et l’établissement d’un nouveau pacte constitutionnel reconnaissant en Belgique l’existence de deux communautés égales en droit. Il réclame une plus grande initiative pour les parlementaires, l’introduction du principe du referendum et la constitution d’une Assemblée wallonne ; il s’oppose à la fixation de la frontière linguistique et à l’adaptation des sièges parlementaires au chiffre de la population, sans mesure compensatoire en faveur de la Wallonie. C’est ce congrès qui institue le Collège exécutif de Wallonie, dont Fernand Schreurs assume la vice-présidence (1963-1965). Il est encore l’un des artisans du succès rencontré lors du pétitionnement de l’automne 1963.

Sa démission de la présidence du Comité central d’Action wallonne marque la fin (avril 1964) de la coordination des mouvements wallons sous la tutelle du Congrès national wallon. Fernand Schreurs est mis quelque peu à l’écart de l’action wallonne par les responsables du Mouvement populaire wallon et de Rénovation wallonne. Maurice Bologne l’invite cependant à remplacer Arille Carlier décédé au Conseil d'administration de l’Institut Jules-Destrée, ce que Fernand Schreurs accepte ; il devient par conséquent conseiller juridique et responsable des activités de la jeune association culturelle dans les provinces de Liège et de Luxembourg (diffusion, recrutement, organisation). Il tente aussi de relancer le Congrès national wallon dans les années 1965 à 1968 mais il se heurte à l’opposition de la Délégation permanente des quatre Mouvements wallons, dont il ne fait pas partie. Malgré de nombreuses tentatives, Fernand Schreurs ne parviendra jamais à convaincre la Délégation permanente des quatre Mouvements wallons de s’unir au Congrès national wallon.

Fédéraliste de la première heure, défenseur de l’intégrité française de la Wallonie et du retour des Fourons à la province de Liège, administrateur de l’Association wallonne des Anciens combattants, membre du Comité des Amitiés françaises de Liège, libéral de la tendance radicale ayant adhéré au PSB en 1968, il participe aux travaux d’une commission juridique créée au sein du Comité permanent du Congrès national wallon pour étudier les résultats des travaux de la Table ronde (printemps 1965) ; aux côtés de Jean Deterville, Jean Penelle, André Piron, Robert Regibeau, Freddy Terwagne et André Wauthier, il affirme la nécessité de créer une Société wallonne et une Société flamande de Développement régional. Membre du comité de patronage de la grande mobilisation wallonne du 19 avril 1969, il apporte ainsi son soutien à l’action lancée en 1968 par les quatre mouvements wallons, sur base du mémorandum réalisé par le Conseil économique wallon (1968) : il s’agit de mobiliser les Wallons pour obtenir au minimum une réelle décentralisation économique.
 

Tenant compte du caractère composite du pays, Fernand Schreurs sentait que la lutte pour l’autonomie du peuple wallon serait longue et difficile et qu’il fallait parfois adapter la propagande wallonne aux diverses options politiques. À la lueur des débats sur la réforme de l’État (1968-1970), il avait déclaré que ses compagnons ainsi que lui-même, n’avaient pas œuvré en vain puisque le Gouvernement de 1970, appuyé par le Parlement, avait proclamé que la Belgique unitaire avait vécu et qu’il faut maintenant organiser le pays sur la base de la reconnaissance des communautés.
 

 Paul Delforge

 

 

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