Père d’Igor et de Pierre Recht, Pierre Émile
Recht est féru de culture française. Acquis aux valeurs défendues par les
fédéralistes wallons, il participe aux fêtes de Wallonie de Namur et est
séduit par les discours de François Bovesse ; il assiste aux conférences
données par les Amitiés françaises et est présent aux pèlerinages de
Waterloo. Il est membre du comité de la Ligue wallonne de Namur (1931-1935).
Licencié en sciences politiques à l’issue d’une épreuve unique à l’Université
libre de Bruxelles (1923-1924), docteur en droit, avocat, inspecteur des
bibliothèques publiques, c’est passée la quarantaine que Pierre Recht vient
se replonger dans un séminaire d’histoire à l’Université libre de Bruxelles.
Inscrit en 1930 en candidature, il passe sa première licence en 1932, sa
seconde en 1935 et devient docteur en 1936. C’est au cours de cette période
qu’il devient l’auteur de 1789 en Wallonie, où il entend rendre à la
Révolution liégeoise de 1789 ses lettres de noblesse (1933). Oubliée par
Pirenne, qui élevait la Révolution brabançonne aux premiers rangs des
honneurs, la Révolution liégeoise présente, aux yeux de Recht, des
caractéristiques majeures : la fidélité aux droits de l’homme et à la
démocratie ; son déroulement correspond aux événements français. Il révèle
aussi une dimension wallonne à l’événement : la révolution a été l’œuvre des
campagnes et des industries wallonnes ; il montre que la partie thioise de
la Principauté ne réagit pas de la même manière que la partie romane. De
manière plus générale, Pierre Recht fait observer que l’histoire de la
Wallonie est encore à écrire. Il collabore à L’Étudiant wallon et
devient membre de la Société historique pour la Défense et l’Illustration de
la Wallonie, en 1938. En mai ’40, il fuit en France devant l’avancée
allemande et trouve refuge à Pouzols, dans le Minervois.
Paul Delforge