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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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 POHL Jacques

   

Né à Saint-Ghislain le 2 avril 1909,
décédé à Forest le 18 décembre 1993

Après avoir fait ses études primaires en France puis à l’École militaire à Bruxelles, Jacques Pohl est licencié en philologie romane de l’Université libre de Bruxelles (1935), avant de défendre une thèse de doctorat intitulée Témoignages sur les parlers français de Belgique, en 1950. Cette thèse, il la prépare en partie sous l’occupation allemande, tout en participant au réseau clandestin de résistance Boucle. Professeur de français à l’Athénée d’Ath (1937-1942), il est révoqué par les Allemands. Professeur à l’Athénée d’Ixelles après la Libération, il devient ensuite professeur extraordinaire à l’Université libre de Bruxelles (1960), professeur à l’Université officielle du Congo (Élisabethville), professeur visiteur au Zaïre (Lumumbashi) et en Israël (Jérusalem) et professeur à l’ISTI Jacques Pohl voyage beaucoup en Angleterre, en Hollande et en France. Après Bruxelles (1925-1936), Anvers (1936-1937), Ath (1937-1942 et 1944-1945) et Ixelles (1945-1962), il se fixe à Bruxelles.

En 1937, il est le président du groupe athois de la Renaissance wallonne. Il y défend l’idée d’une grande alliance franco-belge plutôt que celle de la langue française en Wallonie. En 1939, il publie une mince brochure Les Allemands par les Allemands. Volontaire de guerre en mai 1940, il sert dans la 10e armée française (retraite de Normandie). Auteur d’une étude sur La décrépitude d’une ville wallonne. Étude démographique sur Ath de 1594 à nos jours (1943), il remanie son texte et l’intitule Le Français, Langue maternelle ? C’est par haine du nazisme et du “ germanisme ” que Jacques Pohl se rapproche de la France. Il écrit d’ailleurs sous l’occupation une Lettre à la France, d’un Wallon et Rhénan adressée au général de Gaulle, où l’on peut notamment lire : Abandonner Bruxelles, c’est te trahir France. Cette lettre sera rééditée en 1948. L’année précédente, il avait réalisé une enquête dans la région lorraine sur la Frontière politique et le français régional (1947). Pendant de nombreuses années, Jacques Pohl va se consacrer à la défense des francophones de Flandre, prenant ensuite conscience de la précarité de ce combat. C’est au lendemain de la guerre que commence sa véritable activité militante : il publie régulièrement dans Le Gaulois et dans le Bloc de la Liberté linguistique. En 1944-1945, il fait partie du comité de rédaction du journal athois Gouyasse. Très actif collaborateur du Gaulois, il a maille à partir avec Jo Gérard et la revue d’extrême droite Europe-Amérique. Jo Gérard avait publié un article sur l’activisme wallingant où il qualifie Joseph Merlot de “ Borms wallon ”. Impétueux, Jacques Pohl réplique avec virulence (1950). S’ensuit un procès qui condamne Jo Gérard à 25.000 francs de dommages et intérêts en faveur de Joseph Merlot, et Jacques Pohl (défendu par Mes André Thomas et Arille Carlier) à 15.000 frs à l’égard de Jo Gérard, pour avoir, estime le tribunal, dépassé les limites permises dans sa réponse (1951). En fait, Jacques Pohl s’était interrogé sur ce que faisait Jo Gérard durant l’occupation.

S’il se considère pendant longtemps comme un immigré wallon à Bruxelles, Jacques Pohl défend la cause des francophones bruxellois avec constance, tant dans la presse qu’au Sénat, où il est élu en 1968 ; dans un numéro du journal Le Soir de 1962, il annonce une Belgique ensanglantée pour 1965. Le combat pour le retour des Fourons à la province de Liège est fondamental à ses yeux. Il le dira publiquement lors du pèlerinage à Waterloo de 1963. Membre de l’association Les Amis des Fourons, il soutient en outre l’idée du fédéralisme, voire même du séparatisme, mais avec des garanties pour Bruxelles. La lutte engagée par J. Pohl pour la défense de la langue française se réalise sur tous les terrains. Membre du Bloc de la Liberté linguistique (1953), membre du comité directeur du FDF (1964), candidat aux élections de 1965 sur les listes FDF, sénateur FDF de l’arrondissement de Bruxelles (1968-1971), il se présente comme un défenseur de la francité en Belgique. À ses yeux, les Bruxellois francophones comprennent de mieux en mieux les graves problèmes économiques de la Wallonie et les Wallons saisissent mieux que leur sort est indissolublement lié à celui de toute la partie française de la Belgique ; il défend l’idée d’une communauté française de Belgique (1971). Membre du RDL (1970), membre de l’Avant-Garde wallonne (1972), il est aussi membre de l’Académie salésienne, président de l’Institut de phonétique de l’Université libre de Bruxelles, membre du Conseil international de la Langue française ; il est l’auteur de nombreux ouvrages pédagogiques de philologie et d’histoire. Auteur de Carnet d’orthographe, à l’usage des Athénées, Collèges, Écoles moyennes et Écoles techniques, (1953), il est aussi collaborateur à Vie et Langage, au Bloc de la Liberté (1945-1956), au Rassemblement bruxellois contre la tyrannie linguistique, au Français moderne, aux Dialectes belgo-romans, à la Revue des langues vivantes, à Bruxelles-Français, au Pays de Bruxelles, etc.

En 1974, Jacques Pohl publie, dans la Revue de Psychologie des Peuples, une étude sur La Psychologie des Francophones de Belgique, où il distingue trois oppositions dominantes, trois tensions correspondant à trois formes extrêmement différentes de bilinguisme : une forme ethnique (opposant ceux qui parlent français et néerlandais), une forme sociale (opposant la langue de culture aux dialectes) et une forme nationale voire culturelle (qui oppose le français de Belgique à celui de France). En 1979, ce professeur de l’ULB publie une étude consacrée aux Variétés régionales du français, en Belgique.
 

En juin 1976, Jacques Pohl figure parmi les signataires de la Nouvelle Lettre au roi pour un vrai fédéralisme rédigée à l’initiative de Fernand Dehousse, Jean Rey et Marcel Thiry, notamment, et qui vise à dépasser la régionalisation pour instaurer un fédéralisme véritable, fondé sur le respect des droits de l’homme et de l’égalité des citoyens, fondé sur l’égalité politique des communautés et des régions qui ont des pouvoirs véritables, un fédéralisme où Bruxelles est reconnue comme région à part entière.
 

 Paul Delforge

 

 

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