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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

Notices biographiques

Notices thématiques

Presse d’action wallonne

Congrès,associations et partis

   

 PIROTTE Jean

   

Né à Thisnes le 5 octobre 1912,
décédé à Gembloux le 27 avril 1978

Après ses humanités à l’École de l’État à Hannut, Jean Pirotte prépare le régendat littéraire à l’École normale de Nivelles avant de devenir professeur à l’Athénée de Gembloux (1934) ; dans les années cinquante, il donne aussi des cours de morale ; il deviendra d’ailleurs inspecteur de l’enseignement dans cette discipline dont il est un ardent défenseur. Auteur de nombreux articles de critique littéraire, il tient la chronique des livres dans de nombreuses revues de Wallonie, depuis les années 1934-1935.

Au début des années trente déjà, Jean Pirotte milite au sein du Mouvement wallon ; il est membre de la Ligue d’Action wallonne et, avec Gustave Guiot, il est un jeune disciple de l’abbé Mahieu avant de devenir son relais dans la région de Namur ; membre de la Concentration wallonne, il milite activement au sein du Front démocratique wallon contre les rexistes et pour la Wallonie. Enseignant à Gembloux, Jean Pirotte s’y installe en 1934. Il préfère cependant s’affilier à la Ligue wallonne de Sauvenière parce qu’il trouve que la section de Gembloux n’est pas assez active ; il devient membre de la Société historique pour la Défense et l’Illustration de la Wallonie et publie des articles sur le problème wallon dans des journaux locaux à Gembloux et à Hannut.

En mai 1940, avec le 2e régiment de cavaliers cyclistes, le soldat Pirotte est dans les Flandres lorsqu’il apprend la décision de Léopold III de capituler : j’ai pleuré de rage (Wallonie libre, 1er octobre 1978, n° 16, p. 6). Démobilisé en 1940 après avoir combattu sur la Jette et sur la Lys, il entre en résistance dans la lutte clandestine contre l’occupant ; dès le mois de septembre, il crée à Gembloux une section de Wallonie libre. En octobre, avec Gustave Guiot, il met en place des cellules du mouvement dans diverses localités du Namurois. Cette activité lui vaut d’être désigné, dès le mois de décembre, comme président provincial, responsable de la diffusion de la presse clandestine dont il assure aussi la reproduction. Jean Pirotte qui est obligé d’héberger un officier allemand parvient à faire transporter par celui-ci un certain nombre de “ paquets ”, bien ficelés, contenant les Wallonie libre clandestins. Résistant armé au sein des milices du Front de l’Indépendance, il diffuse aussi d’autres journaux.

Le cinquième point de la motion votée le 13 avril 1944 par le conseil général de la Wallonie libre clandestine stipule que le mouvement convoquera, après la Libération, un Congrès national wallon, composé de personnalités représentatives du peuple wallon, lequel congrès se prononcera sur la réalisation de l’autonomie de la Wallonie. Jean Pirotte fait partie du comité organisateur mis en place dans la clandestinité. Dès 1944, il est membre du Comité permanent du Congrès national wallon (1944-1971), dont il deviendra par la suite secrétaire général adjoint (à Fernand Schreurs). Membre du comité provincial namurois de patronage du Congrès national wallon de 1947, il devient le secrétaire du Comité d’Action wallonne constitué en mai 1947. Il aura la lourde tâche de réaliser le rapport sur les activités du Comité d’Action wallonne lors du congrès wallon de 1948. Ce congrès était appelé à tirer les conclusions de l’échec enregistré suite au rejet pur et simple par la Chambre de la prise en considération de la proposition de réforme institutionnelle introduite à l’initiative du Congrès national wallon.

Membre de la Commission d’histoire de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie, il prend part à ses travaux et contribue à la publication de la brochure L’enseignement de l’histoire en Wallonie, dont les principales conclusions mettent l’accent sur l’indispensable apprentissage de la critique historique et sur la nécessité d’enseigner, dans les classes primaires et au début du secondaire, l’histoire locale et régionale afin (et avant) de mieux appréhender l’histoire générale ; la Commission juge aussi nécessaire la création de chaires d’histoire régionale et de folklore dans les universités, ainsi que la publication d’une collection d’ouvrages sérieux consacrés à l’histoire des entités composant la Belgique (1947).

Au lendemain de la Question royale, le Mouvement wallon s’enlise. En 1952, Jean Pirotte lance l’idée de convoquer un nouveau congrès wallon. À cette occasion (1953), Jean Pirotte fait rapport sur les contacts noués entre fédéralistes wallons et flamands. En fait, avec Fernand Schreurs, Arille Carlier, Maurice Bologne et Jean Van Crombrugge, Jean Pirotte a engagé, dès 1952, un dialogue avec des militants flamands. À l’issue de plusieurs mois de réflexion, ce groupe de fédéralistes publie le Manifeste des Intellectuels wallons et flamands, aussi appelé Accord Schreurs-Couvreur (3 décembre 1952) ; il défend l’idée d’une fédéralisation de la Belgique, reposant sur la reconnaissance de deux peuples (la Wallonie et la Flandre), considère que Bruxelles est la capitale fédérale et doit jouir d’un statut spécial, revendique la fixation définitive de la frontière qui les sépare, et appelle à la défense de l’intégrité française de la Wallonie et l’intégrité néerlandaise de la Flandre (aucune minorité linguistique ne sera reconnue). Il marque aussi son accord sur l’attribution de toutes les compétences aux deux chambres régionales, hormis les matières définies, précisément, dans la Constitution et attribuées à une Chambre fédérale, où Wallons et Flamands sont représentés paritairement. Poursuivant leurs réflexions, ces militants rédigent un projet complet de Constitution fédérale et fondent le Collège wallo-flamand (octobre 1954). Jean Pirotte est l’un des dix membres wallons de ce Collège.

Président de la section de Gembloux de Wallonie libre (février 1945-1978), président du comité provincial namurois (janvier 1946-1962), Jean Pirotte crée, dès 1945, la Fête de la Wallonie à Gembloux ; il entre ensuite au directoire de Wallonie libre (1953), dont il devient le secrétaire politique, puis le secrétaire général. Médaille d’or de Wallonie libre (1960), il succède à Maurice Bologne à la présidence du mouvement (1966-1978). Jean Pirotte a participé à un nombre considérable de réunions, de congrès, de manifestations, et écrit autant d’articles, d’éditoriaux, de tracts, de chroniques pour la défense de la Wallonie. Il est souvent rapporteur lors des journées d’études qu’organise le Congrès national wallon dans les années cinquante. Il tente de jouer le rôle d’éveilleur de la conscience wallonne tant auprès de ses amis du parti socialiste que des autres partis, et d’attirer l’attention des professeurs de morale sur la notion de civisme wallon.

Intéressé surtout par les questions culturelles, Jean Pirotte est administrateur de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie (APIAW), membre du comité de la Société historique pour la Défense et l’Illustration de la Wallonie puis administrateur de l’Institut Jules Destrée (1960-1978). Membre du comité exécutif du deuxième Congrès culturel wallon (Liège, octobre 1955), il devient également administrateur du Centre culturel wallon créé en 1956. C’est lui aussi qui est chargé, au nom du Comité permanent du Congrès national wallon, dont il est membre (1944-1971), de rédiger et de présenter un rapport sur les problèmes culturels, lors d’une journée d’études, à huis clos, consacrée à l’action gouvernementale sur le plan wallon (26 juin 1955). Quatre rapporteurs, Fernand Schreurs (politique), Jean Pirotte (culture), Urbain Missaire (administratif), Alphonse Tonneaux (économique et social), introduisent le débat qui se clôture par le vote unanime d’un rapport général adressé aux membres du gouvernement au moment de la rentrée parlementaire.

Lors du congrès wallon de 1957, Jean Pirotte est chargé de faire le bilan de chacun des ministres wallons du gouvernement. Si le bilan des réalisations du gouvernement dans les affaires wallonnes est tout à fait négatif, cette carence est due, explique Jean Pirotte, au refus du Premier ministre de dédoubler les services de son Cabinet, à l’incompréhension des socialistes et libéraux flamands, à l’hostilité des ministres bruxellois, enfin à l’action purement réformiste du mouvement wallon depuis la libération. De plus, les ministres wallons n’ont pas démérité. Mais visiblement, ils sont isolés des problèmes wallons lorsqu’ils sont à Bruxelles. (...) La structure unitaire de la Belgique est la raison de cette situation. Telle est la conclusion officielle du Congrès national wallon, conclusion où l’on trouve toute la personnalité de Jean Pirotte, homme décidé et résolu et en même temps modéré.

Militant wallon actif, co-organisateur des manifestations du vingtième anniversaire de Wallonie libre (1960), Jean Pirotte est cloué sur son lit par la maladie au moment où éclate la grève contre la Loi unique. Pestant sur son indisponibilité au moment où la Wallonie se mobilise, le secrétaire général de Wallonie libre parvient néanmoins à assurer, depuis son domicile, la coordination des diverses régionales du mouvement. Rassemblant tous les articles de presse, écoutant constamment la radio et collectant des informations de terrain auprès des responsables des régionales de Wallonie libre, il rédige une chronique des événements et, surtout, affine les positions politiques du bureau exécutif de la Wallonie libre avec un recul (imposé) dont lui seul bénéficie.

Secrétaire du comité namurois d’Action wallonne (1962-1964), Jean Pirotte est membre de la commission chargée de l’organisation du Congrès d’Action wallonne (Namur, mars 1963) d’où sortiront le Collège exécutif de Wallonie et le pétitionnement. Délégué du directoire de Wallonie libre, il prend la parole lors du congrès. Il préconise différentes formes d’action pour obtenir le fédéralisme : aller au peuple pour le déconditionner des idées développées par les organismes unitaires de presse et de télévision ; informer les enseignants ; populariser les symboles et les emblèmes wallons (chant, drapeau, etc.) ; réclamer partout la parité à l’échelon belge et la division en sections wallonne et flamande ; enfin, convaincre les Bruxellois de l’impossibilité d’échapper à la flamandisation dans un État unitaire. Membre du Collège exécutif de Wallonie (1963-1965), Jean Pirotte participe activement à la campagne du pétitionnement (octobre-novembre 1963). Signataire de la déclaration en faveur de Fernand Massart (1963), il fera aussi partie du groupe de travail chargé de comprendre pourquoi le Collège exécutif de Wallonie est tombé en léthargie.

Membre du bureau de la Délégation permanente des quatre Mouvements wallons (1965), où il représente évidemment Wallonie libre, il participe à l’élaboration d’un Memorandum, diffusé à 20.000 exemplaires et adressé prioritairement à Pierre Harmel. Ce mémorandum regrette l’absence de suivi donné au pétitionnement et invite les parlementaires à déposer une proposition de loi organisant une consultation populaire sur la révision de la Constitution. Avec la Délégation permanente, il mène la lutte en faveur des Fourons, contre les lois linguistiques, prend des contacts avec la Communauté économique européenne et étudie de très près les propositions de fédéralisme développées au sein du PSB, ainsi que les travaux du groupe des XXVIII (1965-1970).
 

Défenseur de la langue et de la civilisation françaises, Jean Pirotte est le premier président du bureau du Comité permanent des Minorités ethniques de Langue française (1971-1977). Lorsque les Conseils culturels sont créés (1971), Jean Pirotte y voit l’An I de la Wallonie. Tout en réclamant l’installation du Centre culturel français à Namur, il demande qu’il adopte rapidement des symboles (étendard, chant, fête nationale...) et qu’il œuvre à développer un nouveau civisme wallon. Travailleur infatigable, militant wallon actif, Jean Pirotte ne se porta jamais candidat sur une liste électorale. Son action, ingrate, il la mena sans cesse au sein du Mouvement wallon fidèle à ses idéaux et aux mouvements qui les défendaient.
 

 Paul Delforge

 

 

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