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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

Notices biographiques

Notices thématiques

Presse d’action wallonne

Congrès,associations et partis

   

 MERLOT Jospeh

     Né à Seraing le 14 septembre 1886,
décédé à Seraing le 31 janvier 1959

Membre du POB depuis 1907, conseiller communal (1911), fondateur de la Maison du Peuple de Seraing, échevin des Finances (1912), Joseph Merlot devient ainsi le plus jeune responsable politique communal de Wallonie ; la Première Guerre mondiale le propulse à la tête de sa commune comme bourgmestre faisant fonction ; confirmé dans ses fonctions maïorales à Seraing en 1921, il devient député de Liège (1924-1958) en remplacement de Célestin Demblon. Ministre des Travaux publics et de la Résorption du chômage (1936-1938), de l’Intérieur et de la Santé publique (1938-1939), du Budget (1946-1948), de l’Administration générale et des Pensions (1948-1949), il est fait ministre d’État en 1945.

Alors qu’il est ministre de l’Intérieur et de la Santé publique (11 mai 1938-23 janvier 1939), celui qui avait contresigné le Compromis des Belges en 1929 participe au congrès des socialistes wallons de Liège (janvier 1938) et de Charleroi (11 juin 1938). Ministre de l’Intérieur (23 janvier – 22 février 1939), il est l’un des trois socialistes wallons qui rejettent la prise en considération de la proposition de révision de la Constitution déposée par Georges Truffaut, François Van Belle et Joseph Martel (2 février). Il fait aussi partie de ce gouvernement tripartite qui, quelques jours plus tard, tombe sur l’affaire Adriaan Martens, médecin flamand, condamné à mort par contumace en 1920 pour collaboration avec l’ennemi et gracié suite à une mesure d’amnistie remontant à 1936. Lorsqu’il doit dresser la liste des membres de l’Académie de médecine, Joseph Merlot se décharge de sa tâche sur deux ministres flamands. Cette liste, où figurait Martens, n’est pas discutée en Conseil de Cabinet et, avant même que les arrêtés royaux ne soient soumis à la signature royale, elle est publiée dans la presse. Martens refuse de démissionner (il ne le fera que le 2 avril 1939, jour des élections) et la Flandre prend fait et cause pour son “ martyr ” alors que les anciens combattants s’insurgent. Une crise gouvernementale éclate et un vote de confiance apporte 88 voix pour la confiance, 86 contre et 7 abstentions. Mais surtout, tous les ministres et les nationalistes flamands votent en faveur du gouvernement et tous les Wallons et francophones contre. Si le débat parlementaire est clos, il n’en est pas de même dans la rue. Sous la pression des anciens combattants et du Mouvement wallon, la tension monte ; des bagarres éclatent dans les rues ; les ministres libéraux (dont Émile Jennissen) donnent leur démission (9 février) et le gouvernement doit se résoudre à faire de même (22 février) (Pirenne H., Histoire de Belgique, t. 5, p. 131-132).

Dès 1940, Joseph Merlot entre dans la Résistance. Il participe notamment aux travaux du Rassemblement démocratique et socialiste wallon, où il siège sous les pseudonymes de Leblanc, Dissart ou Gros Joseph (1942-1943). Surveillé par l’Occupant, Joseph Merlot est démis de sa fonction de bourgmestre de Seraing par l’Occupant le 19 juillet 1941 et est utilisé comme otage. Il parvient cependant à entrer dans le maquis, vivant retiré dans un village du Luxembourg. L’inactivité lui pèse cependant et, à la suite d’une réunion d’anciens ministres, il est dénoncé par Paul Collin ; rentré à Liège où il participe à la reconstruction du parti socialiste clandestin et où il tente d’écarter des “ traîtres ” des instances de la Mutualité des Administrations publiques, il est arrêté par la Gestapo (1943), emprisonné à Saint-Gilles, déporté à Bois-le-Duc puis à Nordhausen jusqu’à la fin de la guerre.

Durant sa captivité, le Mouvement wallon s’organise à Liège sous la présidence de François Van Belle. Un grand congrès est en préparation qui, dès la Libération, permettrait aux Wallons d’exprimer au grand jour les perspectives d’avenir de leur patrie. François Van Belle se prononçant nettement en faveur de la thèse de l’indépendance de la Wallonie, il était impossible qu’il préside l’assemblée. Joseph Bologne non plus, pour d’autres raisons. Quant à Joseph Merlot, qui resta captif jusqu’au printemps 1945, il est pressenti en juin 1945 comme président du Congrès national wallon de Liège, en raison de son prestige personnel, de son autorité indiscutable et de son énergie capable de maîtriser une assistance.

En ouvrant le congrès national wallon, le 20 octobre 1945, le président déclare qu’il se doit de participer à l’élaboration des réformes politiques qui s’avèrent indispensables et urgentes pour que la Wallonie connaisse les conditions favorables à son épanouissement complet. Il réussit à diriger les travaux avec beaucoup de doigté, accordant à chaque opinion un temps et un contexte de paroles équitables. Dès lors, c’est tout naturellement vers lui que les autres dirigeants de l’action wallonne vont se tourner pour la présidence des congrès suivants. Seule la maladie l’empêchera de présider le congrès wallon de 1957 et la mort le frappera peu avant celui de 1959. C’est Simon Paque qui lui succède alors.

Président du Comité permanent du Congrès national wallon (1945-1959), Joseph Merlot devient l’un des hommes forts du Mouvement wallon de l’après-guerre. Son action ne se limite pas aux cénacles de ce mouvement. Le 26 novembre 1947, il est le seul représentant du gouvernement à voter la prise en considération de la proposition de loi introduisant le fédéralisme en Belgique, déposée à l’initiative du groupe parlementaire wallon. Lors de la Question royale, il joue aussi un rôle prépondérant. En août 1949, par exemple, il fait partie de la délégation du Parti socialiste belge qui rencontre Léopold III à Prégny et discute des modalités d’une consultation populaire. Quelques mois plus tard, Merlot qui avait senti la différence de sensibilité qui animaient les Flamands et les Wallons, réclame le dépouillement régional des résultats de la consultation populaire du 12 mars 1950.

Une prise de conscience d’une intensité et d’une profondeur peu communes s’opère dans tout le pays wallon. (…) Le sentiment d’appartenir à la même communauté s’affirme avec une égale vigueur (…). Ce n’est pas seulement la stabilité du pays qui est en jeu mais le fonctionnement normal de ses institutions, celles-là même sur lesquelles le peuple wallon, essentiellement démocrate, faisait fond pour obtenir que satisfaction soit donnée à ses justes revendications, déclare-t-il lors d’une conférence de presse du Congrès national wallon (21 mars). C’est au nom des Wallons et du Congrès national wallon qu’il prend la parole à la Chambre, le 19 juillet 1950, pour rappeler leurs revendications. Pour Joseph Merlot, au-delà de l’objectif immédiat (l’abdication de Léopold III), il y a la volonté de réaliser le fédéralisme qui garantira l’indépendance de la Wallonie (La Wallonie, 22 juillet 1950). Présent à de nombreux meetings, il n’hésite pas à déclarer que les Wallons ne reconnaissent plus Léopold III comme leur souverain légitime. Le 29 juillet 1950, la réunion où il doit parler à Liège est interdite. Il déclare cependant à l’agence Reuter que si Léopold III ne se démet pas, les États généraux de Wallonie seront convoqués à l’hôtel de ville de Liège. Dans le même temps, Joseph Merlot paraît avoir apporté son soutien à la formation d’un gouvernement wallon provisoire (avec François Van Belle, André Renard, Fernand Dehousse, Simon Paque, Georges Thone, Robert Lambion, Paul Gruselin et Fernand Schreurs). Joseph Merlot aurait été le président de cet Exécutif wallon provisoire chargé de convoquer les États généraux de Wallonie.

Le 31 juillet, à la suite de rumeurs faisant état d’une abdication de Léopold III, le Comité permanent du Congrès national wallon tient séance et déclare, de Namur où il est réuni, que le peuple de Wallonie, dressé pour défendre son autonomie politique et morale, ne cessera le combat que le jour où il aura obtenu le respect de sa personnalité et de ses droits. Une délégation, où Joseph Merlot accompagne Léo Collard, René Drèze, Georges Colle et Fernand Schreurs, est chargée de remettre cette motion au Premier ministre, Jean Duvieusart. C’est la nuit même que Léopold III signe officiellement la délégation de ses pouvoirs à son fils. Mais le fédéralisme espéré par Joseph Merlot n’est pas obtenu.

En 1952, cinq ans après la proposition dite Grégoire, c’est avec François Van Belle, et au nom du Groupe parlementaire wallon, que Joseph Merlot réintroduit une nouvelle proposition de loi instaurant
le fédéralisme (1952-1953). Réuni les 14 et 21 mai 1952, le Groupe parlementaire wallon a approuvé le projet. Pour des questions de politique générale, cependant, les mandataires libéraux n’ont pas accepté d’apposer leur signature à côté de celles de communistes, bien que les uns et les autres aient marqué leur accord complet sur le texte. Il a donc été décidé que le texte serait présenté par Joseph Merlot et François Van Belle, respectivement présidents du Congrès national wallon et du Groupe parlementaire wallon. Déposé sur le bureau de la Chambre, le 27 mai 1952, il est pris en considération sans opposition. Le texte se présente très simplement : Article unique : il y a lieu à révision des articles 1 à 11, 16, 17, 19, 20, 22, 23, 25, 26, 27, 28, 29, 32, 35, 36, 47, 57, 59, 61 à 74, 77, 79 à 82, 84 à 91, 93 à 95, 99, 102 à 108, 110 à 129 de la Constitution.

La révision s’inspirera de six grands principes, dont la majorité concerne le règlement du problème de Bruxelles. 1. Réforme structurelle de la Belgique sur la base de la reconnaissance de deux communautés ethniques : la communauté wallonne et la communauté flamande ; et de trois entités territoriales : la Wallonie, la Flandre et le territoire fédéral formé par l’agglomération bruxelloise. 2. Création d’une chambre wallonne et d’une chambre flamande disposant de larges pouvoirs culturels, économiques et sociaux. 3. Option pour des habitants de l’agglomération bruxelloise pour la qualité de Wallon ou de Flamand. 4. Attributions de garanties constitutionnelles dans le domaine culturel aux habitants de l’agglomération bruxelloise. 5. Création d’un conseil général du territoire fédéral bruxellois, disposant de pouvoirs limités. 6. Représentation paritaire des Wallons de Wallonie et des Wallons de Bruxelles d’une part, des Flamands de Flandre et des Flamands de Bruxelles d’autre part, au sein du Parlement fédéral.

En commission, la proposition du Groupe parlementaire wallon est cependant rejetée. C’est donc l’échec de la proposition Merlot-Van Belle (début 1954), mais surtout de toute la stratégie réformiste du Mouvement wallon. Membre du comité liégeois d’Action wallonne (1948-1953), membre du Conseil économique wallon, section de Liège (1945-1959), membre du comité de patronage du deuxième Congrès culturel wallon (1955), Joseph Merlot meurt en 1959, laissant le Mouvement wallon orphelin du guide qui, depuis la Libération, avait tenté de le conduire de façon ordonnée et résolue sur le chemin difficile du fédéralisme.
 

 Paul Delforge

 

 

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