Ingénieur des mines de l’Université de Liège (1920), Adrien Marquet ne cache
pas ses sentiments en faveur d’une réunion de la Wallonie à la France. À
défaut, le fédéralisme lui paraît être le minimum pour protéger la Wallonie.
Membre de la Commission d’études du Front démocratique wallon, il est
rapporteur de la section économique du neuvième congrès de la Concentration
wallonne (Namur, 18 décembre 1938). Dans son rapport, il dénonce le
déplacement des industries wallonnes vers la Flandre, phénomène provoqué
par les financiers bruxellois lancés dans une spéculation effrénée depuis la
crise de 1929 et sans tenir compte des aspects sociaux. Désireux de
développer une politique économique volontariste, Adrien Marquet exige que
des mesures soient prises pour éviter l’exode des industries, puis, dans un
second temps, l’exode des populations wallonnes. Il souligne surtout que la
politique économique suivie par les gouvernements belges depuis 1914 est
axée sur le libre-échange, système qui favorise essentiellement la Flandre
alors que des protections devraient aider l’économie wallonne.
Reprenant la proposition de la Fédération des Associations commerciales et
industrielles liégeoises, il défend l’idée de créer un Conseil économique
wallon, organe de coordination permanent qui pourra réaliser des études.
Adrien Marquet insiste cependant pour que ce stade soit dépassé rapidement et
qu’une large autonomie soit accordée à la Wallonie afin de sauver son
économie. Il est favorable à un système fédéral composé de trois régions.
Président de l’Office de Propagande de Charleroi de la Concentration wallonne
(1939), il donne plusieurs conférences, notamment à la Maison wallonne pour
convaincre de l’intérêt de créer rapidement un Conseil économique wallon
(1939).
Président du Conseil d’administration de la Maison wallonne, Adrien Marquet a
maille à partir avec l’abbé Mahieu. En effet la création du Parti wallon
indépendant par ce dernier ne correspond pas aux vœux d’Adrien Marquet,
d’autant que le Parti s’installe dans la Maison wallonne pour faire sa
campagne électorale… et que Marquet est candidat sur les listes du Parti
libéral aux mêmes élections législatives de 1939 à Charleroi. Secrétaire de la
Ligue wallonne de Charleroi, section affiliée à la Concentration wallonne
(1939), Adrien Marquet est à la tête de la fronde qui entend se démarquer des
actes et prises de position de l’abbé Mahieu (avril-mai 1939). La création
mais surtout l’échec électoral du Parti wallon indépendant ouvrent une grave
crise au sein de la Fédération des Ligues wallonnes de Charleroi. La rupture
est consommée au printemps 1939, lorsque les anciens dirigeants de la
Fédération carolorégienne affiliée à la Concentration wallonne rompent les
liens qui les unissaient à l’abbé Mahieu et décident de constituer une Ligue
d’Action wallonne du Hainaut, sur le modèle et avec le programme de leurs
homologues liégeois : réforme du statut intérieur de la Belgique dans un sens
fédéral, unilinguisme de la Wallonie, rectification de la frontière
linguistique pour faire de la Flandre et de la Wallonie des communautés
homogènes, création d’un Conseil économique wallon, répartition plus juste des
subsides de l’État, politique de grands travaux en Wallonie, répudiation de
toute politique de neutralité. Adrien Marquet est le président de la nouvelle
Ligue d’Action wallonne du Hainaut. Au moment de la Drôle de Guerre, Adrien
Marquet apporte son aide au Secours wallon aux Blessés français en collectant
des fonds dans la région de Charleroi.
Ingénieur en chef de l’Union des Centrales électriques du Hainaut, Adrien
Marquet est contacté par les Britanniques avant la guerre, afin qu’il se
prépare à une action clandestine en cas d’occupation. Même so l’opération ne
réussit pas à ce moment, Marquet rejoint rapidement l’Angleterre en mai’40. De
là, il est renvoyé au pays en tant qu’agent du service Mill, réseau
directement liaison avec le Special Intelligence Service. Ainsi que le
rapporte William Ugeux dans la notice de la Biographie nationale,
Adrien Marquet est l’un des principaux artisans de l’installation du service
Mill, réseau d’information radiophonique qui apporta de précieuses
informations à Londres sur les déplacements de matériels, de troupes ou de
personnalités allemands circulant par voie ferrée, de 1941 à 1944. Homme
discret, Marquet est un véritable héros de la guerre clandestine.
Membre du Congrès national wallon, il participe au congrès wallon de 1945
(Liège, 20 et 21 octobre). En 1959, il s’établit à Woluwé-Saint-Lambert.
Paul Delforge