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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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Presse d’action wallonne

Congrès,associations et partis

   

MAIGLET Robert

     Né à Binche le 22 décembre 1905,
décédé à Charleroi le 16 décembre 1969

Le militantisme wallon de Robert Maiglet remonte à ses études secondaires. Mon professeur de néerlandais était flamingant. C’est par lui qu’il fait la connaissance du Mouvement flamand. Membre de la Ligue wallonne de Charleroi, Maiglet en devient le secrétaire et estime que, dans la région de Charleroi, la publication de La Terre wallonne est insuffisante. En 1932, ce jeune ingénieur commercial décide de lancer la revue Le Pays noir. Il contacte et recrute ses futurs collaborateurs, principalement au sein de la Ligue wallonne de l’arrondissement de Charleroi. L’équipe, qui assure l’existence du Pays noir trois années durant, est composée notamment de quatre futurs avocats (Armand Guillaume, Jean Coyette, Marius Delvaux et Jean Wyns) dont la moyenne d’âge ne dépasse pas vingt-cinq ans. Le périodique ne dépend pourtant d’aucune association. Lors de son lancement, Le Pays noir est envoyé gratuitement, à titre de propagande, aux membres de la Ligue.

Tirée à mille exemplaires, assurée d’une publicité importante, la revue paraît régulièrement sous la forme d’une brochure mensuelle de seize pages à la couverture cartonnée. Cette présentation donne une impression de luxe, inhabituelle pour les revues de ce genre. Une action en justice intentée contre le mensuel par Marcel Grafé, directeur de La Défense wallonne, met un terme à l’existence du Pays noir, en 1935. Le motif officiel invoqué est la non-publication d’un droit de réponse que Marcel Grafé a adressé au Pays noir à propos d’un article où il a été personnellement injurié. En fait, le procès porte bel et bien sur des questions d’opinions politiques, comme le montre le compte rendu des audiences du tribunal et les articles polémiques des deux revues. Cette querelle symbolise la totale divergence de vues entre les deux tendances extrêmes du Mouvement wallon. C’est la nature de la patrie des Wallons qui est au centre des débats. Pour les unionistes de La Défense wallonne, il ne pouvait s’agir que de la Belgique ; pour les réunionistes du Pays noir, il est évident que c’est de la France qu’il s’agit. La condamnation à une amende de 20.000 francs (une somme particulièrement importante pour l’époque) infligée à la feuille carolorégienne ruine ces jeunes gens à peine entrés dans la vie professionnelle. Malgré une réduction de l’amende à 2.500 frs obtenue en Cour d’Appel de Bruxelles, – ce fut la toute dernière plaidoirie de Jules Destrée en Cour d’Appel – la revue ne se relève pas de cette sentence. Depuis septembre 1934, Robert Maiglet assumait toute la responsabilité de la revue. L’influence de l’œuvre et de l’action de Maurras est manifeste. Sa conception de la nation française s’en ressent nettement. Même s’il récuse l’appartenance à l’Action française, il ne nie pas la filiation idéologique.

La conception que Maiglet se fait de la Wallonie et de ses rapports avec la France est une forme particulière du nationalisme français, bien plus que du nationalisme wallon. Pour lui, La Wallonie est l’ensemble des provinces françaises du Nord, séparées politiquement de la France (Le Pays noir, n° 8, septembre 1934, p. 118). L’objectif poursuivi sera de limiter au maximum, dans l’immédiat, les effets de cette séparation et, à terme, de la supprimer complètement. Maiglet regarde le fédéralisme avec scepticisme. Si le fédéralisme n’est possible que le jour où les Wallons seront assez forts pour l’arracher aux Flamands, ce jour-là ils seront assez puissants également pour réaliser leur objectif final : le retour à la France.

Robert Maiglet voit en l’abbé Mahieu le continuateur de ses idées. Il semble d’ailleurs entretenir d’excellents rapports avec lui, avant-guerre, et lui garder une admiration totale au lendemain de la Libération. Maiglet ainsi que Mahieu auraient noué des contacts avec les chefs des mouvements flamands (1933) dans le but d’arriver à tracer entre eux et de commun accord, sur le dos des Belgeois, leur adversaire commun, la bonne et solide frontière qu’ils voulaient. Ou bien le fédéralisme, si vous préférez. Robert Maiglet affirme avoir rencontré Joris Van Severen à Bruges et correspondre avec les équipes estudiantines du Blauwvoet, tandis que Mahieu rencontrait Staf Declercq dans l’arrière-boutique d’un libraire de Louvain (La Wallonie française, 1950 et 1952).

Pendant l’occupation allemande, il semble, d’après Georges Andrien, que Maiglet devienne le chef de la région VIII (Namur-Gembloux) du Groupe G. Il est reconnu comme résistant armé, ayant réalisé plusieurs actes de sabotage et, surtout, a cassé sa plume. Au lendemain de la Libération, Robert Maiglet reprend son métier de journaliste à La Nouvelle Gazette de Charleroi, où il signe de nombreuses Cartes blanches, et milite toujours au sein du Mouvement wallon.

À la suite du rejet par la Chambre du projet fédéraliste inspiré par le Congrès national wallon, Robert Maiglet figure parmi les membres fondateurs du mouvement Jeune France décidé à lutter officiellement pour la réunion de la Wallonie à la France (15 juin 1947-1948). Il devient d’ailleurs, petit à petit, rédacteur responsable du journal Le Coq wallon, dont le sous-titre, Hebdomadaire pour la défense de la Wallonie française, indique clairement la tendance. L’adjectif française a d’ailleurs été ajouté au début janvier 1947 lorsque Maiglet fait son entrée dans le comité de rédaction aux côtés de Jules Chauvier, présent, lui, depuis le début, en 1945. Résolument “ rattachiste ”, Maiglet le proclame à chaque fois qu’il signe un article. À l’origine, organe hennuyer de Wallonie libre, Le Coq wallon devient de plus en plus celui du Parti d’Unité wallonne et reprend progressivement la ligne de conduite du Pays noir d’avant-guerre. Sa philosophie est assez claire : Le principe de notre œuvre n’est pas un principe diviseur mais un principe unificateur. Notre but n’est pas de diviser la Belgique ; il est d’agrandir la France. La notion même de Wallonie est à réviser. La Wallonie telle qu’on la conçoit ordinairement n’existe pas. C’est une invention de la Belgique. La Belgique comprend, outre les Wallons proprement dits, des Lorrains et de nombreux Picards. Le seul lien entre ces différents peuples, c’est la nationalité française (Le Coq wallon, n° 97, 19 avril 1947, p. 2).
 

Il n’est donc pas étonnant qu’en mars 1947, le journal fasse l’objet d’une attaque en règle de la part du sénateur Charles d’Aspremont-Lynden ; le comte considère les rédacteurs du journal comme des traîtres, des séparatistes à la solde des Français dont ils reçoivent des subsides. À l’automne 1947, Le Coq wallon disparaît. Mais Robert Maiglet poursuit sa lutte pour une Wallonie française. Il est parmi les fondateurs, en juin 1950, du Rassemblement national des Irrédentistes français de Wallonie qui s’est doté d’un journal, La Wallonie française dont Robert Maiglet est l’éditeur responsable.
 

 Alain Clara – Alain Colignon – Paul Delforge

 

 

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