Après des
humanités classiques à l’Athénée de Liège, Alfred Magis obtient brillamment
les diplômes de docteur en droit (1861) et en sciences politiques et
administratives (1863) à l’Université de Liège. Il est inscrit comme avocat
à la Cour d’appel de Liège de 1861 à 1882 et exerce de nombreux mandats de
commissaire ou d’administrateur dans d’importantes sociétés bancaires,
financières ou industrielles liégeoises. Âgé de 32 ans, il est choisi par
les Liégeois pour les représenter au conseil communal de leur ville.
Quelques mois plus tard, il est désigné comme échevin de l’instruction
publique (21 août 1873 – avril 1884). En octobre 1882, il est appelé à
remplacer le député D. Mouton décédé, sur les bancs de la Chambre. Il y
siège durant dix années avant d’être désigné au Sénat, le 4 avril 1893.
Représentant du parti libéral, il prend volontiers part aux discussions
parlementaires relatives aux budgets, notamment celui de l’instruction
publique. Partisan de la neutralité en matière d’éducation, partisan de
garantir la plus grande liberté de décision et d’action possible tant aux
individus qu’aux sociétés, il s’oppose à toute réglementation permettant
l’intervention de l’État. Dans cet esprit, s’inscrivant manifestement dans
un courant libéral manchestérien prononcé, il s’oppose notamment à plusieurs
projets de loi visant l’amélioration des conditions ouvrières. Son
opposition aux libéraux progressistes et aux socialistes est évidente ; elle
apparaît notamment dans son refus absolu d’accorder le suffrage universel,
même tempéré par le vote plural. En matière économique, il est évidemment
libre-échangiste. En matière militaire, il est partisan du service militaire
personnel et obligatoire.
En 1882,
lorsque Jules
Wilmart fonde la
Ligue wallonne de
Bruxelles – ville où il s’est
établi pour raisons professionnelles –, il entend lutter contre une
proposition des députés Delaet
et Coremans visant à
l’introduction du flamand dans l’enseignement moyen.
Dans ce débat intervient
aussi, de façon très remarquée, le député libéral liégeois
Alfred
Magis (1883). C’est
pour cette raison que, pendant de longues années, le libéral
René
Pouret accordera à
Alfred
Magis la paternité du
Mouvement wallon.
Sénateur depuis 1893, Alfred Magis perdra son mandat en 1900 mais sera appelé
à remplacer G. Montefiore démissionnaire. Actif lors des débats sur l’emploi
des langues à l’armée et dans l’enseignement primaire, le parlementaire
liégeois ne manquera pas d’attirer l’attention sur les griefs wallons. Magis
poursuivra ses fonctions jusqu’au 24 novembre 1920, jour où il démissionne.
Son mandat est alors exercé par Joseph-Maurice Remouchamps.
Paul
Delforge