Docteur en philologie romane de l’Université de
Liège (1926), Gaston Limage avait fait ses études à l’Athénée de Liège en
même temps que Maurice Bologne, Eugène Duchesne, Carlo Bronne, Marcel
Florkin et Fernand Schreurs ; ses premiers pas dans l’enseignement, Gaston
Limage les accomplit à l’Athénée d’Ostende où il est nommé professeur et où
il vit dans le quotidien l’application des lois linguistiques de 1932. Dès
le début de l’occupation allemande, il s’établit à Wavre, où il enseigne
jusqu’en 1945. Ensuite, il est désigné comme préfet à l’Athénée de Bouillon
(1945-1958), où il a maille à partir avec certains milieux conservateurs
locaux et est sanctionné. Par la suite il exerce ses fonctions à l’Athénée
de Verviers (1958-1960), avant d’être admis à la retraite.
En mai ’40, il fuit en France et se retrouve à
Vichy avant de rentrer au pays. Résistant armé, résistant par la presse
clandestine, Gaston Limage est un relais du mouvement clandestin Wallonie
indépendante, dans le Brabant wallon. À la Libération, correspondant
régulier du journal mensuel Le Publicateur, Gaston Limage entretient
les lecteurs de l’évolution des idées au sein du Mouvement wallon. En vue du
congrès national wallon des 20 et 21 octobre 1945, il perçoit qu’une
majorité se dégagera vraisemblablement en faveur de la formule fédéraliste.
Analysant le projet que la Commission des Affaires wallonnes de la
fédération liégeoise du Parti socialiste belge a mis au point pendant la
guerre, il regrette à la fois sa complexité et le nombre prévu de Parlements
(8) et de parlementaires (450). Il s’étonne aussi que le projet attribue aux
19 communes de l’agglomération bruxelloise la qualité d’État régional.
Craignant qu’avec ses mandataires Bruxelles ne devienne le principal arbitre
de la politique fédérale, il considère que ses habitants doivent choisir,
par referendum, le régime qui les agrée le mieux : la Flandre ou la
Wallonie. Accordant néanmoins un régime de bilinguisme aux 19 communes de
Bruxelles, Gaston Limage considère enfin comme un danger le fait que la
politique extérieure et la politique militaire soient du ressort du pouvoir
fédéral.
Lors du congrès national wallon de Liège, le 20
octobre 1945, Gaston Limage défend la thèse de l’autonomie et du
fédéralisme. En vue du congrès wallon de Charleroi, Gaston Limage opte pour
un fédéralisme à trois composantes, Wallonie, Flandre et Bruxelles, parce
que cette solution lui paraît pouvoir recueillir le plus de suffrages, dans
tous les milieux. Il s’inquiète cependant de la procédure suivie par le
Congrès national wallon. Il ne croit pas, en effet, que les réformes
envisagées puissent se réaliser immédiatement, comme l’espère le Mouvement
wallon, du fait de la Régence. Il propose dès lors que le Parlement issu des
élections de 1946 soit constituant en vue de supprimer l’article de la
Constitution qui empêche la révision institutionnelle souhaitée.
Membre de la commission
du choix de la deuxième langue de l’Association pour le Progrès intellectuel
et artistique de la Wallonie, il participe à ses réunions et partage les
conclusions qui sont présentées au ministre de l’Instruction publique et
publiées, sous forme de brochure, en 1947 : pour l’école primaire, la
commission propose notamment la suppression de l’enseignement de toute
langue étrangère, l’interdiction du bilinguisme obligatoire (du flamand)
tant à Bruxelles qu’en Wallonie. Pour l’enseignement secondaire, la
commission prône une réelle liberté du choix de la deuxième langue par le
père de famille et la possibilité, partout en Wallonie, de pouvoir choisir
entre l’anglais, le flamand et l’allemand. Se préoccupant aussi de la
formation des maîtres, la commission propose aussi plusieurs mesures
diverses mesures pour l’enseignement supérieur et met l’accent sur
l’amélioration de la maîtrise de la langue française dans la formation des
enseignants.
Membre du Comité permanent du Congrès national
wallon (décembre 1945-1971), membre d’honneur du directoire de Wallonie
libre (1945-1946), vice-président du comité de la régionale du Brabant
wallon de Wallonie libre (août 1945), Gaston Limage est aussi membre du
Comité central d’Action wallonne créé par le Comité permanent du Congrès
national wallon le 31 mai 1947. En 1947, il lance un appel à toutes les
administrations communales pour qu’elles arborent le drapeau au coq hardy à
la dextre levée. En 1950, il est secrétaire du Comité d’Action wallonne de
Neufchâteau-Virton.
Président de l’Association des Romanistes de l’Université
de Liège (1945-1958), il organise de nombreux séjours des romanistes à
Paris. Membre de Québec-Wallonie (dans les années cinquante), il écrit dans
Le Globe, journal de l’association. Gaston Limage participe aussi au
deuxième Congrès culturel wallon, dont il est membre du comité exécutif, qui
se tient à Liège en 1955 et devient membre du Comité permanent du Conseil
culturel wallon et vice-président du Centre culturel wallon (1956). Il
milite aussi au sein du Mouvement populaire wallon.
Paul
Delforge