En dehors du Front démocratique wallon et de la
Concentration wallonne, dont l’abbé Jules Mahieu est devenu président en
1937, d’autres associations et périodiques ont été créés pour soutenir
l’abbé et diffuser ses idées wallonnes. Dès 1935, un mouvement de jeunesse,
la Garde wallonne, est organisé par Jules Lardinois, principal collaborateur
de l’abbé Mahieu à qui est décerné le titre de “ Commandant ”. Secrétaire
général et “ Adjoint divisionnaire ” de la Garde wallonne, Jules Lardinois
en a écrit les principes et le programme d’action. Jules Lardinois s’occupe
aussi d’un organe de liaison, Le Carré wallon ; il en est l’éditeur
responsable, secrétaire d’administration et de rédaction (1936-1939). La
Garde fonctionne comme un “ groupe de choc ” du Mouvement wallon.
Particulièrement active dans la propagande, elle est répartie en équipes
locales, très structurées et hiérarchisées sur le modèle militaire. Se
chargeant de la protection personnelle de l’abbé Mahieu, Lardinois, à la
tête de ses Gardes, n’hésite ni à faire le coup de poing avec les hommes de
la Légion nationale d’Hoornaert, ni à affronter les hommes de Degrelle.
Contre Rex nous prenons position : un Wallon authentique ne peut être
rexiste. Il renierait la Wallonie elle-même et trahirait son peuple (La
Wallonie nouvelle, 26 avril 1936, p. 4).
Représentant en vins de Bordeaux de profession,
Jules Lardinois est secrétaire du siège administratif du Front démocratique
wallon et membre du comité directeur (1936). Il est membre du Conseil
d’administration de la société coopérative La Wallonie nouvelle (1938)
et éditeur de la Wallonie nouvelle-Le Carré wallon (1937). Président de
la Ligue wallonne de Courcelles (1936-1938), il écrit dans l’Almanach de La
Wallonie nouvelle-Le Carré wallon et dans La Wallonie nouvelle.
C’est surtout à la tête de la Garde wallonne que Lardinois se montre le plus
zélé, organisant les congrès de ladite Garde, mettant sur pied ses actions et
s’occupant de la définition de son programme politique. On rencontre forcément
régulièrement Lardinois au pèlerinage de Waterloo et, sur le plan des idées,
il partage entièrement celles de l’abbé Mahieu.
Depuis qu’il s’est mis au service de l’abbé (6
décembre 1935), à raison de quelques heures par semaine d’abord, de quelques
heures par jour ensuite, Lardinois est devenu son véritable bras droit. Il est
son secrétaire et son chauffeur. Il prend aussi régulièrement la parole lors
des tournées de Mahieu, chauffant la salle par ses paroles et assurant
parallèlement le service d’ordre. Cependant, en septembre 1938, il est accusé
par Watillon et Doneux de détournements de fonds, d’abus de confiance et d’une
série d’autres faits liés à sa vie privée. Jules Denis et Maurice Bologne sont
appelés comme arbitres dans ce différend. L’affaire sera reportée sine die
et finalement Mahieu lui conservera toute sa confiance.
En 1939, Lardinois signe une plaquette intitulée
Flamands et Wallons à l’armée. Directeur de propagande du Parti wallon
indépendant, Lardinois soutient Mahieu dans sa campagne électorale improvisée
d’avril. Ce sera un échec.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on
retrouve Lardinois membre du Mouvement syndical unifié (MSU), puis d’une
régionale FGTB, dont il devient le vice-président en 1948 ; délégué syndical
aux usines Hanrez, il n’est donc pas étonnant que cet habitant de Marcinelle
adhère au Mouvement populaire wallon lorsque celui-ci est créé en 1961.
Vice-président de la section locale de Marcinelle (novembre 1961), il est l’un
des membres du comité d’organisation de la régionale de Charleroi. Lorsque les
tensions entre le Mouvement populaire wallon et la FGTB se développent,
Lardinois choisit le syndicat socialiste, au point d’interdire à Maurice
Bologne et à Aimée Lemaire l’entrée de la Maison du Peuple de Charleroi, où il
semblait remplir à nouveau les fonctions de service d’ordre qu’il avait tenues
pour l’abbé Mahieu.
Paul
Delforge