Francophile ardent dont le rêve était d’aller
finir sa vie dans un coin ensoleillé de l’Esterel, Alfred Heine défend déjà
la cause wallonne au moment où Jules Destrée écrit sa Lettre au roi
et crée l’Assemblée wallonne. Présent aux côtés des frères Chainaye et de
l’abbé Mahieu dans les luttes wallonnes avant et après la Grande Guerre, il
est alors considéré comme l’un des premiers éveilleurs de la conscience
wallonne.
Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Alfred
Heine est membre de la Société historique pour la Défense et l’Illustration
de la Wallonie et vice-président de l’Association touristique de Wallonie
créée à l’initiative de François Simon, organisme qui servira de couverture
aux membres du Mouvement wallon entrés en Résistance. Entretenant des
contacts étroits avec François Simon, Maurice Bologne, Adrien Bouvet et
Achille Berger, notamment, Alfred Heine, en démocrate n’admettant pas les
conséquences de l’attaque allemande, est parmi les fondateurs de Wallonie
libre. Bien que très malade, de nombreuses réunions secrètes se déroulent à
son domicile situé à proximité de la forêt de Soignes, à Auderghem. Wallonie
libre se structure et c’est toujours chez Heine que le directoire tient sa
première réunion (12 octobre 1940) et se constitue. Membre de celui-ci, dès
1941, Heine est l’un des principaux dirigeants de ce mouvement wallon de
résistance. C’est lui encore qui rédige le tract Contribution à
l’histoire de la guerre, réquisitoire contre Léopold III, repris par les
organisations clandestines de gauche.
À la Libération, il conçoit le projet, avec
François Simon et Alfred Harcq, notamment, de lancer un quotidien wallon à
Bruxelles. Administrateur du Gaulois, actif de Wallonie libre
clandestine, responsable de sa fédération de Bruxelles après la Libération,
président de la section d’Auderghem-Woluwé-Saint-Pierre (1945), il avait
retrouvé l’abbé Mahieu en France et continuait d’entretenir une
correspondance avec lui. Alfred Heine était l’oncle du professeur Brien.
Paul Delforge