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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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Presse d’action wallonne

Congrès,associations et partis

   

 GROJEAN Oscar

   

Né à Dison en 1875,
décédé à Dison le 9 juillet 1950

Docteur en histoire de l’Université de Liège, conservateur à la Bibliothèque royale, Oscar Grojean joue un rôle important au sein du Parti libéral. Organisateur de l’enseignement universitaire en Égypte, professeur à l’Université libre de Bruxelles, haut fonctionnaire au ministère des Sciences et des Arts, où il achève sa carrière en 1940 comme directeur général de l’enseignement moyen, il connaît parfaitement les problèmes que l’administration pose à ses fonctionnaires wallons, plus particulièrement dans le département du ministère de l’Instruction publique.

Dès le début du siècle, l’aspect linguistique de la question wallonne interpelle Oscar Grojean. Présent au Congrès wallon de Liège (1905), celui qui, avec Raymond Colleye et Arille Carlier, fonde les Jeunes Gardes wallonnes de Bruxelles, Charleroi et Liège (1905-1906), intervient vigoureusement contre toutes formes d’ingérence des Wallons dans les affaires flamandes. Par son intervention, il oriente le congrès et le Mouvement wallon vers un régionalisme respectueux des choix d’autrui, loin d’un nationalisme belge francophone soucieux d’imposer partout le français. Il souhaite aussi une meilleure connaissance de l’histoire de la Wallonie, mais exige rigueur et objectivité dans sa rédaction afin d’éviter les travers des flamingants.

Collaborateur de L’Action wallonne (1906-1908), Oscar Grojean s’exprime de façon réservée, au Congrès wallon de 1906, sur des questions concernant les chemins de fer et la séparation administrative. Dans La Belgique artistique et littéraire (septembre 1906), il attire l’attention de la population belge sur les dangers du pangermanisme, des théories de Gobineau, de l’aryanisme et de la présence allemande au sein du Mouvement flamand. En 1906, il publie d’ailleurs La Belgique et le pangermanisme, dans lequel il dénonce les menaces – surtout linguistiques – que le second fait peser sur l’indépendance nationale de la première.

Directeur du Flambeau avec Henri Grégoire et Jacques Pirenne, Grojean livre à cette revue une contribution intitulée Lettres wallonnes au moment où l’on commémore le centième anniversaire de la Belgique. Mais la personnalité d’Oscar Grojean est contrastée. Ainsi le retrouve-t-on parmi les rédacteurs réguliers de Cassandre, journal vilipendé par le Mouvement wallon (1937). Avec R. Colleye et A. Carlier, Grojean semble avoir apporté son aide à l’établissement à Charleroi de La Maison wallonne (9, rue Charles Dupret), sous la forme d’une société coopérative, afin de donner au Parti wallon indépendant un local officiel.

Parmi les griefs wallons énumérés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Oscar Grojean, citant la brochure Pour renaître, retient l’exemple des cours de français qui ne sont pas inspectés par des spécialistes en cette matière. C’est peu de chose, peut-être, cette question d’inspection ; mais je pourrais allonger la liste de centaines d’autres exemples. Et c’est sur ce terrain, en apparence fastidieux et souvent obscur des divergences et des conflits administratifs, que se poursuit une lutte où nous perdons à tout coup (désignation d’un inspecteur général qui serait nécessairement bilingue, donc flamand ; respect du droit à la liberté du père de famille). (…) Le fédéralisme préserverait bien des choses (…). En novembre 1944, il publie dans L’Aurore, un important article sur Le problème wallon.

Celui qui, pour raison professionnelle, a passé la majeure partie de sa vie à Bruxelles, est très conscient des problèmes wallons et de la façon dont ils sont perçus. Il existe à Bruxelles une épidémie de surdité qui pourrait avoir les conséquences les plus graves, écrit-il en 1945. On a pris l’habitude ici de s’écrier avec un aimable dédain, chaque fois qu’il s’agit de la Wallonie : “ ah oui ! Ces régionalistes ! ” à la vérité le mouvement wallon est beaucoup plus qu’un simple mouvement régionaliste : une véritable conscience nationale wallonne est en voie de création. Ce phénomène n’est pas dû seulement aux craintes qu’inspire l’impérialisme flamand à la peur d’être colonisé ; il provient aussi de l’attitude inconsidérée de la capitale et des froissements qu’elle a engendrés dans le sud. La capitale se croit non seulement le centre géographique du pays mais aussi le dépositaire de l’âme belge ; elle est terriblement égocentrique.

Membre émérite de la Société de Littérature wallonne, Grosjean est aussi le président de la section bruxelloise de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie. C’est à ce titre qu’il intervient lors d’un congrès du Congrès national wallon pour défendre l’autonomie culturelle de la Wallonie. Membre du Congrès national wallon, président provisoire du Conseil national wallon de la radiodiffusion en remplacement de Valère Darchambeau (novembre-décembre 1945), il préside la Commission consultative de Bruxelles du Conseil national wallon de la Radiodiffusion (1946). Membre de la commission du choix de la deuxième langue de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie, il participe à ses réunions et partage les conclusions qui sont présentées au ministre de l’Instruction publique et publiées, sous forme de brochure, en 1947 : pour l’école primaire, la commission propose notamment la suppression de l’enseignement de toute langue étrangère, l’interdiction du bilinguisme obligatoire (du flamand) tant à Bruxelles qu’en Wallonie. Pour l’enseignement secondaire, la commission prône une réelle liberté du choix de la deuxième langue par le père de famille et la possibilité, partout en Wallonie, de pouvoir choisir entre l’anglais, le flamand et l’allemand. Se préoccupant aussi de la formation des maîtres, la commission propose aussi plusieurs mesures diverses mesures pour l’enseignement supérieur et met l’accent sur l’amélioration de la maîtrise de la langue française dans la formation des enseignants. Oscar Grojean est encore le fondateur de la Ligue des Intérêts économiques et culturels des Bruxellois d’Expression française, dont les objectifs sont annoncés comme apolitiques : Nous ne faisons pas de politique ; nous ne sommes ni autonomistes, ni fédéralistes, ni irrédentistes ; ni rien. Nous sommes seulement des Belges qui veulent se défendre en Belgique, sans cesser d’être Belge.

 Paul Delforge

 

 

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