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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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GLINNE Ernest

   

Né le 30 mars 1931 à Forchies-La-Marche,
décédé à Courcelles le 10 août 2009

Licencié en sciences politiques (administratives et diplomatiques) de l’Université libre de Bruxelles (1954), Ernest Glinne figure parmi les fondateurs du journal La Gauche, aux côtés de Jacques Yerna, André Renard, Ernest Mandel, Freddy Terwagne et François Perin (1956). L’intention de l’équipe est notamment de faire adopter par le PSB-BSP les programmes de réformes de structure élaborés en 1954 et 1956 par les congrès de la FGTB. Très attentif aux mouvements de libération en Afrique, Glinne lutte activement pour la conquête de l’indépendance en Algérie et contre une guerre coloniale au Congo. Paul-Henri Spaak le surnommera “ le Castriste ”.

Directeur du service de relations publiques et d’études du mouvement coopératif socialiste de 1954 à 1961, il parvient à émerger au sein de la fédération politique carolorégienne du PSB, malgré ses sympathies pour André Renard. Député socialiste de l’arrondissement de Charleroi (1961-1981), ministre de l’Emploi et du Travail (1973-1974), député européen (1968-1994), il remplit aussi d’autres mandats après son transfert de Forchies à Courcelles où le PSB était minoritaire : conseiller communal, il devient bourgmestre de Courcelles (1965-1978) puis premier échevin et échevin de la culture (jusqu’en 1994), tout en exerçant la vice-présidence de la fédération socialiste de Charleroi.

Sa sensibilité wallonne est éveillée dès l’école primaire, avant 1940, par sa participation au théâtre dialectal (Pro Arte). Son engagement dans le Mouvement wallon date d’avril 1961, dans la foulée des grèves de l’hiver 60-’61, au moment où il adhère au Mouvement populaire wallon. Dès 1961, il est membre du comité exécutif de la section de Charleroi du Mouvement populaire wallon et collabore à Combat. Je ne suis pas venu au fédéralisme comme certains fonctionnaires qui ont eu des ennuis linguistiques dans leur carrière dans les parastataux… Président de la section locale de Forchies-la-Marche du MPW (août 1961), il est un propagandiste actif du mouvement naissant ; dès ce moment, il insiste sur la liaison indispensable du “ contenant ” fédéraliste et du “ contenu ” économique et social. Il était impératif d’introduire les réformes de structure en Wallonie avant qu’elle ne perde trop de son poids dans les rapports de force Nord-Sud. Il fait aussi partie du Comité d’Action wallonne de Charleroi.

En 1963, il s’abstient au moment du vote de la loi sur le maintien de l’ordre alors que son parti est au gouvernement. Il est sanctionné comme certains de ses collègues qui sont surnommés les “ rebelles ” (André Cools, Freddy Terwagne, Léon Hurez, Fernand Massart). En avril, Ernest Glinne réclame le recours à un congrès extraordinaire de la fédération socialiste de Charleroi pour juger l’admissibilité de la sanction dont il est le seul frappé dans l’arrondissement de Charleroi. Isolé “ structurellement ”, il sera traité publiquement de “ fédéraste ” par des élus socialistes carolorégiens. Mis en garde par le bureau du PSB au lendemain du pétitionnement de l’automne 1963, Ernest Glinne choisit (comme Cools et Terwagne) de demeurer au sein du PSB afin d’y faire évoluer l’idée fédéraliste (1964). Il choisit le parti plutôt que l’aventure (Guy J., p. 42), et demeure un membre des sphères dirigeantes du Mouvement populaire wallon jusqu’à la disparition de celui-ci.

Mais il apparaît que ses préoccupations s’orientent alors vers d’autres sujets que la question wallonne. Il est vrai aussi que Freddy Terwagne était devenu le héraut de la cause wallonne au sein du PSB. Néanmoins, en juin 1966, il est l’un des rares parlementaires wallons à se prononcer en faveur de la proposition de loi Verroken tendant à étendre à l’enseignement supérieur le principe de l’homogénéité linguistique. Dans les faits, cela entraînait le transfert obligatoire de la section française de l’Université catholique de Louvain de l’autre côté de la frontière linguistique. S’inspirant du vote de Jules Destrée lors de la flamandisation de l’Université de Gand, il considère, en tant que fédéraliste wallon, que la revendication flamande est légitime et que son rejet fait le jeu des fransquillons et des partisans de l’unitarisme. D’autre part, favorable au programme de sauvetage de la Wallonie, programme adopté par le congrès des socialistes wallons auquel il apporte sa contribution (Verviers, 25 et 26 novembre 1967) et qu’il estime correspondre, dans les grandes lignes, aux aspirations des 645.499 signataires de la pétition wallonne de l’automne 1963, il participe au rapprochement de la fédération socialiste de Charleroi avec la régionale de Charleroi du MPW. Il annonce d’ailleurs que l’excommunication entre membre du PSB et du conseil général du MPW est caduque et préconise un rassemblement des progressistes – en priorité avec le MOC – au lendemain des élections du 31 mars 1968 et avant la proclamation de Léo Collard.

Lors du cinquième congrès du MPW (Namur, 23 juin 1968), Ernest Glinne dénonce la faiblesse du PSB qui n’a pas reporté dans le nouveau programme gouvernemental l’essentiel des accords dits de Klemskerke-Verviers et annonce son intention de ne pas apporter sa confiance au nouveau gouvernement. Lors de la discussion de la déclaration gouvernementale, il dénonce les germes de provincialisme qui sont déposés dans les textes, la non prise en considération des revendications du personnel francophone des services publics et surtout le reniement des propos tenus à Verviers par les socialistes wallons. C’est pourquoi, en tant que député de la nouvelle majorité, il s’abstient au moment du vote. Sa fédération socialiste avait d’ailleurs dénoncé l’accord gouvernemental et c’est fort logiquement que Glinne refusera tout portefeuille ministériel.

Aiguillon au sein de son parti, il passe outre aux interdictions de participer aux conférences des mouvements wallons durant le printemps 1970 et explique qu’il votera “ à la carte ” le projet gouvernemental de réforme institutionnelle dans la mesure où il contient à la fois de bons et de mauvais principes. Rapporteur de la Commission de la Révision constitutionnelle, Ernest Glinne démissionne en raison de l’opposition systématique des partis flamands à l’égard de propositions visant la reconnaissance d’un statut pour les Bruxellois (14 juin 1970). Il sera remplacé par Maurice Denis.

Le 24 février 1971, Ernest Glinne dépose une proposition de loi en faveur du droit de vote aux immigrés. C’est une autre priorité dans son combat. Membre du Parlement européen, adversaire de la politique des blocs, actif opposant à la dictature des colonels grecs et militant résolu de la décolonisation des “ provinces portugaises ”, l’internationaliste Glinne observe que d’autres pays européens s’engagent dans la voie de la régionalisation ; dans ce contexte, il estime que les réformes belges de 1970 doivent être approfondies en réglant préalablement le problème des Fourons, en concrétisant l’art 107quater, en créant une seule Société de Développement régional en Wallonie et en dotant les régions de réels pouvoirs.

En 1973, Ernest Glinne devient ministre de l’Emploi et du Travail dans le gouvernement tripartite d’Edmond Leburton. Il soutient alors le projet IBRAMCO, exemple, à ses yeux, d’initiative industrielle publique nécessaire au redressement de la Wallonie. Prenant au mot le “ décret de septembre ” adopté par le conseil flamand en matière d’emploi des langues dans les entreprises flamandes, le ministre de l’Emploi suspend en effet l’octroi de permis de travail à tous les travailleurs étrangers… Cela provoquera de sérieux remous au sein du gouvernement mais ne modifiera en rien le décret flamand et ses interprétations qu’Ernest Glinne, redevenu député, continuera à dénoncer.

Vice-président de la fédération de Charleroi du PSB, Glinne amène cette dernière à adopter une résolution encourageant les socialistes wallons à concrétiser l’accord FGTB-Parti socialiste belge de 1974 reconnaissant de larges compétences économiques et sociales aux trois régions et les dotant d’un pouvoir législatif et exécutif propre. Avec Jacques Hoyaux, il prône aussi la régionalisation rapide de l’administration et son implantation en Wallonie. Pour Ernest Glinne, la deuxième moitié des années septante signifie davantage une orientation politique plus ancrée à gauche, davantage axée sur les questions de politique internationale que sur les problèmes wallons. Il publie avec Jacques Yerna un manifeste en 1978 dans lequel il affirme à la fois son orientation plus à gauche et sa volonté de rassembler l’ensemble des progressistes de Wallonie, et il lance le journal Tribunes socialistes.

Au moment de la scission du Parti socialiste belge en une aile wallonne et une aile flamande (1978), il se déclare opposé au fédéralisme à deux et en faveur d’une régionalisation à trois, mais il insiste autant sur les liens à maintenir avec les socialistes flamands, se refusant à croire qu’il existe des divergences idéologiques insurmontables entre les deux partis socialistes de Belgique. Contestant certaines orientations voulues par les socialistes francophones, il a nettement marqué sa préférence pour un socialisme internationaliste, à vivre des bases aux sommets (Combat, novembre 1978).

Président du Conseil belge du Mouvement européen (-1975-), partisan de l’élection au suffrage universel du Parlement européen, il emmène la liste socialiste aux premières élections européennes sous ce mode de scrutin (juin 1979). Cela ne l’empêche pas de demeurer attentif au devenir wallon. Lors du congrès du PS, à Tournai le 14 octobre 1979, il dépose, avec Jacques Yerna, une motion critique à l’égard de la participation des socialistes au gouvernement : au minimum, il convient de négocier avec le CVP la simultanéité entre la régionalisation et les mesures “ anticrise ”.

Député européen (1968-1994 avec des interruptions), il sera notamment président du Groupe socialiste. Il défendra sans cesse la compatibilité et la complémentarité du fédéralisme européen et du fédéralisme belge. En février 1981, il se présentera comme candidat à la succession d’André Cools à la présidence du PS. Il provoquera la mise en ballottage de Guy Spitaels qui ne sera élu qu’au deuxième tour (51%-49%).

En 1984, alors qu’il conduit à nouveau la liste européenne, la présence sur celle-ci de José Happart – en tant que candidat indépendant – à la quatrième place suscite quelques réticences de la part d’Ernest Glinne. Président du groupe socialiste belge au Parlement européen, il reçoit une lettre des eurodéputés du SP qui, après avoir souligné la collaboration exemplaire du PS et du SP, concluent qu’ils ne supporteraient pas la présence de José Happart (15 février). Absent du bureau du PS qui décide la présence de J. Happart (30 janvier) mais rallié à la position du bureau (13 février), Ernest Glinne répond au SP qu’il appartiendra au groupe de se prononcer sur l’appartenance éventuelle d’un “ apparenté ” non affilié à un parti membre de l’Internationale socialiste. Élu avec 234.996 voix, José Happart qui n’est pas membre du PS devient eurodéputé et le SP fait connaître d’emblée son opposition à la présence de Happart au sein du groupe socialiste européen. Le bureau du PS décide qu’aucun député ne siégera à Strasbourg tant que le nouvel élu n’est pas admis dans le groupe socialiste. Ernest Glinne refuse de suivre la décision du PS. Il est alors suspendu pendant trois mois de sa qualité de membre du bureau. L’adhésion de José Happart au PS en septembre 1984 apaise le différend mais Ernest Glinne qui avait, en 1963, refusé de voter, lors du deuxième vote de la Chambre, le rattachement des Fourons au Limbourg et qui, en 1972, déclarait que les Fourons devraient se trouver en l’air et bénéficier d’un statut spécial et n’être intégré ni à la Wallonie ni à la Flandre mais relever directement du ministère de l’Intérieur, clamera, en 1984, que le rattachement des Fourons au Limbourg n’est pas en soi fondamentalement antidémocratique : Il faut bien être quelque part, – les socialistes liégeois ayant été au départ des initiateurs de l’annexion – si le droit des personnes est respecté en l’espèce dans un statut de bilinguisme !

Il n’est pas repris par le Parti socialiste sur les listes européennes en 1994. En mars 1998, Ernest Glinne rompt son affiliation de cinquante ans au PS et, avec Jean Guy, fonde le mouvement Espace Citoyen et apporte son soutien à Écolo.

En 2007, il manifeste sa sympathie pour l’option d’un rattachement de la Wallonie à la France et, en 2008, apporte son soutien au parti RWF, présidé par P-H. Gendebien.

 Paul Delforge

 

 

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