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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

Notices biographiques

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Presse d’action wallonne

Congrès,associations et partis

   

 GENDEBIEN Paul-Henry

   

Né à Hastière-par-delà le 9 juillet 1939

Descendant de Jean-François (1735-1838) qui participa à l’élaboration de la Constitution belge et d’Alexandre qui fit partie du gouvernement provisoire, petit-fils de Henry Carton de Wiart, Paul-Henry Gendebien perd son père tué sur le front hollandais en 1944. Après l’école communale de Marbaix-la-Tour, pensionnaire à l’École abbatiale de Maredsous, il y entame le cycle latin-grec avant de faire sa rhétorique au Collège de Bonne Espérance, près de Binche (1951-1957). Après six années aux Facultés Saint-Louis à Bruxelles et à l’Université catholique de Louvain dont il sort docteur en droit (1962) et licencié en sciences économiques (1964), il est chercheur au CRISP (1964), puis séjourne en Afrique, comme assistant à l’Université de Kinshasa (1965-1967). Il rédige alors un ouvrage sur l’action de l’ONU au Congo (L’intervention des Nations Unies au Congo, 1960-1964).

Administrateur d’Inter Sud (Association intercommunale pour le développement économique et l’aménagement du territoire du sud Hainaut), directeur du Bureau d’étude économique et sociale du Hainaut (1968-1971), les données économiques qu’il a à traiter lui révèlent que plane sur la Wallonie une menace de plus en plus perceptible d’un effondrement de l’appareil industriel, d’un abaissement du niveau de l’emploi et tout simplement d’une anémie insidieuse de la substance vitale de toute une région. En réaction et à la suite de l’affaire de Louvain, il s’engage au Rassemblement wallon (1968), convaincu de la nécessité de décentraliser l’État belge et de s’inscrire dans l’Europe des Régions et des peuples. Dix ans après le début de la crise wallonne, on donne les mêmes incitants à toutes les régions, tout en orientant la majorité des investissements nouveaux vers les régions déjà favorisées (novembre 1969). Lors d’une conférence devant la Jeune Chambre économique de Charleroi (février 1970), il émet diverses suggestions en faveur d’un redressement économique wallon, notamment l’encouragement à de nouveaux investissements publics (infrastructures, équipements de logement, etc.) comme privés, dans le tertiaire en particulier (chimie, pétrochimie, électronique, aéronautique, etc.). Aux yeux de celui qui est alors inspiré par des penseurs comme Edgar Pisani ou Denis de Rougemont, la seule méthode à suivre est la décentralisation et la création de régions suffisamment autonomes (1970).

Tête de liste de Rénovation thudinienne, Paul-Henry Gendebien est élu conseiller communal de Thuin (1970-1982) ; de plus en plus actif au sein du Rassemblement wallon, il est élu député en 1971 et le restera jusqu’en 1981. Il participe alors à la marée montante du parti wallon. À ses yeux, la Wallonie doit se donner, elle-même, des objectifs de développement et des moyens d’action et pour cela mettre en application l’article 107quater. En 1972, Paul-Henry Gendebien propose de développer la route Charlemagne, reliant Cologne à Paris, via Liège, Dinant, Couvin, en l’aménageant en routes à quatre bandes. Sans concurrencer l’autoroute de Wallonie, ces travaux draineraient des activités vers des parcs industriels vides. Toutefois, c’est pour défendre l’agriculture wallonne qu’il intervient le plus souvent au Parlement (protection contre l’impérialisme américain, statut des agriculteurs, exploitation cohérente des forêts, etc.). Il intervient également sur la politique économique, les relations extérieures, les affaires énergétiques ou l’environnement (barrages sur la haute Meuse demandés par la Flandre et les Pays-Bas).

Lors du congrès du Rassemblement wallon placé sous le thème général de l’emploi (Namur 17 et 25 novembre 1973), P-H. Gendebien présente dans le détail comment il appréhende la mise en place d’un plan régional d’aménagement du territoire (alors inexistant), une restructuration des collectivités locales et une décentralisation administrative dans l’intérêt des Wallons et des Bruxellois. Il convient de développer de nouvelles lignes de force économiques, politiques et culturelles autour d’un triangle reliant Bruxelles, Charleroi et Liège, écrit-il alors (octobre 1973).

En 1973, P-H. Gendebien apparaît comme un pionnier de l’écologie lorsqu’il publie, aux éditions de l’Institut Jules Destrée, un ouvrage sur L’environnement… un problème politique pour la Wallonie, pour l’Europe, pour le monde. Dénonçant l’éparpillement des compétences en matière d’environnement, il défend le concept de pollueur-payeur, rejette et démonte l’affirmation suivant laquelle la lutte contre la pollution alourdirait les coûts de production. Réclamant une politique cohérente de l’environnement (un grand ministère), Paul-Henry Gendebien insiste sur une nécessaire coordination européenne (normes identiques, coût équivalent…) et une socialisation du problème de la lutte contre la pollution ; il explique enfin que le niveau régional est le premier concerné par les problèmes d’environnement.

Lorsque Robert Moreau devient ministre (octobre 1974), P-H. Gendebien lui succède à la présidence du Rassemblement wallon. Il obtient 422 voix sur 489 votants lors du congrès statutaire de Tournai (20 octobre). À l’occasion de son discours inaugural, il confirme l’option fondamentale du parti – le fédéralisme –, annonce des modifications internes, afin de le renforcer, et répète la solidarité du Rassemblement wallon à l’égard de Bruxelles.

Président (1974-1979) d’un parti qui est une des composantes du gouvernement, P-H. Gendebien ne ménage pas ses critiques. Dénonçant, dès l’automne 1974, les blocages du processus de régionalisation, il adresse notamment une lettre ouverte au Premier ministre dans laquelle il exige l’accélération de la création de trois administrations régionales (mai 1976). Soutenant la position de Roger Nols dans l’affaire des guichets de Schaerbeek, P-H. Gendebien reproche aussi au CVP de ne pas résoudre les problèmes du personnel francophone de l’AGCD et de la CGER.

Très vite, les rapports se tendent entre les ministres RW, d’une part, les parlementaires et le président du parti d’autre part. L’achat des avions F16 (le choix du gouvernement) ou de Mirage français (le choix de P-H. Gendebien et du parti), le projet de réformes institutionnelles de François Perin, le rapport politique de ce dernier (mars 1976), les options idéologiques des uns et des autres sont quelques-unes des pierres d’achoppement.

Prêt à un dialogue avec n’importe quel parti sur le devenir de la Wallonie, P-H. Gendebien participe activement à la tentative de grand élargissement de la majorité en direction du FDF et de la VU dans la perspective d’une vraie réforme fédéraliste. L’opposition de Léo Tindemans et surtout de Charles-Ferdinand Nothomb et François Perin à cette coalition la fait échouer. Paul-Henry Gendebien précise qu’il est avant tout un fédéraliste intégral dont la doctrine, riche en matière économique, sociale et politique, repose sur les concepts d’autonomie et de responsabilité. L’État bureaucratique et centralisateur doit être réformé (juillet 1976). À la suite de la création du club de réflexion CRéER et des contacts étroits – remontant à 1975 – entre Ch-F. Nothomb et Fr. Perin pour créer un parti de centre-droit associant le PSC et l’aile dite modérée du RW, la tension interne approche du point de rupture. Une petite phrase de François Perin est révélatrice de cette situation : le parti est moins important que les projets et nous devons croire en des partis instruments. Alors que François Perin essuie un refus du comité directeur du PSC, la direction du Rassemblement wallon publie un manifeste intitulé L’action wallonne par le fédéralisme et les réformes de structure.

Lors du congrès du 4 décembre 1976, la doctrine du parti wallon est précisée dans le sens du manifeste et adoptée par ceux qui n’ont pas fusionné avec le PLP : obtention rapide de la régionalisation définitive, rejet du centrisme et développement d’une politique progressiste au niveau économique et social. Abandonnant une forme de populisme, il n’opte pas pour le fédéraliste proudhonien inspiré par Maurice Bologne mais imagine un fédéralisme social.

Les députés RW s’étant abstenu au moment du vote du budget du ministère des Affaires économiques, le Premier ministre révoque, en pleine Chambre, et de manière clairement anti-constitutionnelle, les deux ministres RW (4 mars 1977). Léo Tindemans prétend refuser de céder à “ l’impatience régionaliste ” de Gendebien. Ce dernier réplique qu’il attend depuis 1970 la concrétisation de l’article 107quater de la Constitution… La fin d’un RW puissant et pressant est proche. La participation gouvernementale et l’éclatement du parti wallon s’avèrent déterminants. Cinq députés sont élus en 1977, quatre en 1978 ; ils ne seront plus que deux députés en 1981.

Échevin de Thuin, chargé des Affaires économiques, de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire à l’issue des élections du 10 octobre 1976 (1977-1982), P-H. Gendebien se présente sur les listes FDF-RW aux élections européennes. Député européen (1979-1984), il proclame qu’il siégera non pas comme un élu belge mais comme un élu wallon ; une de ses premières interventions en atteste, puisqu’il réplique à certains députés flamands qui dénoncent la violation des droits de l’homme en Corse en leur demandant de méditer sur les méfaits des flamingants à Fourons et à Bruxelles ; sa candidature à l’Europe nécessite son remplacement à la présidence du RW. En février, Henri Mordant lui succède. La différence entre les deux hommes est manifeste ; Mordant reste alors attaché à l’idée d’autonomie alors que Gendebien défend à plusieurs reprises l’idée de l’indépendance de la Wallonie. Par ailleurs Mordant accepte l’idée d’une intégration poussée du FDF et du RW, voulue par la direction du parti bruxellois.

En 1980, P-H. Gendebien partage le refus du RW et du FDF de participer aux fêtes du 150e anniversaire de la Belgique. Il refuse une décoration officielle proposée par le palais royal à un certain nombre de parlementaires. Il participe aussi au premier congrès des Indépendantistes wallons, organisé à Liège, le 15 juin 1980, par Wallonie libre. Il y déclare qu’il n’y a plus de Belgique. Comme le fédéralisme est dépassé, il convient, estime-t-il, de défendre le principe de l’autodétermination pour choisir l’indépendance. Les Wallons ne doivent plus participer à un gouvernement belge et refuser toute forme de régionalisation (Wallonie libre, 1er juillet 1980, n° 13, p. 2).

En octobre 1981, il n’accepte pas de se présenter sur une liste commune FDF-RW en raison de la mainmise ouverte du FDF sur la direction du RW et de son orientation “ communautariste ”. Il quitte le RW avec les quatre vice-présidents ainsi que le secrétaire général. Déjà réunis au sein du mouvement Indépendance et Progrès, tendance interne au RW, ils constituent le Rassemblement populaire wallon à la veille des élections du 8 novembre 1981. Sur le terrain, les forces s’éparpillent. Le RPW propose alors de former des cartels. P-H. Gendebien, Yves de Wasseige et Paul Nopère font alliance avec le Front pour l’Indépendance de la Wallonie d’Étienne Duvieusart. Ensemble, ils se présentent sur la liste intitulée Wallon, dans tout le Hainaut ; Wallon recueille 5% des voix mais aucun élu. Le 11 mars 1983, le RW propose un rapprochement au RPW, sous forme d’une fédération. Quelques jours plus tard, P-H. Gendebien annonce qu’il rentre au Rassemblement wallon considérant qu’il n’y a plus d’obstacle sur la question de l’indépendantisme du parti présidé par Henri Mordant. Le RW offre le meilleur poste de travail pour œuvrer à l’unification de toutes les forces séparatistes.

Au Parlement européen, P-H. Gendebien intervient pour suggérer que les électeurs fouronnais puissent choisir de voter entre une liste wallonne et une liste flamande lors des élections européennes de 1984. Il fait aussi observer que si la Wallonie était indépendante, elle pourrait se faire entendre au sein de la Communauté européenne : la situation du moment la condamne à être représentée par un ministre qui ne parle pas pour elle (Conseil des Ministres) et à ne compter que 5 eurodéputés (contre 13 Flamands et 6 Bruxellois) alors que le Luxembourg (350.000 habitants) en compte 6 et l’Irlande (3.000.000 habitants) en compte 15. Toujours dans la perspective des élections européennes du 17 juin 1984, P-H. Gendebien constitue des listes sous le sigle PWE (Présence wallonne en Europe). Partisan du maintien d’une vraie solidarité Wallonie-Bruxelles, il appelle de ses vœux la création d’États-Unis d’Europe, souhaite faire de Bruxelles un district européen libre, de statut international, et inscrire la Wallonie dans l’Europe. Le PWE n’aura pas d’élu : la présence de Wallons sur la liste du FDF-CFE affaiblit les listes wallonnes dont le succès électoral de José Happart, sur la liste du PS, sonne le glas.

Accompagné de plusieurs amis politiques, Gendebien conclut alors une association avec le PSC, au sein duquel il forme l’Alliance démocratique wallonne, dont il est le président (1985-1988). Accueilli par un Gérard Deprez sensible à la problématique wallonne, Gendebien figure en deuxième position sur les listes namuroises du PSC et est élu à la Chambre (1985-1987), tandis que le docteur Pierre Falize est élu sénateur. Paul-Henry Gendebien surprend d’emblée ses collègues parlementaires en s’opposant aux pouvoirs spéciaux, proposés une seconde fois par le gouvernement bleu-romain de Wilfried Martens (1985). Chef de groupe PSC au Parlement wallon, P-H. Gendebien n’hésite pas à déclarer, après la décision d’annulation du Conseil d’État, que José Happart doit être bourgmestre et que les Fourons doivent retourner à la Wallonie (septembre 1986). Au Parlement wallon, Gendebien détient le siège qui départage la majorité PSC-PRL de l’opposition. Sans lui, la majorité s’effondre. Gendebien profite au maximum de cet espace de liberté. Il réussit à empêcher que le gouvernement Martens ne destitue José Happart de son poste de bourgmestre. En effet, il a clairement fait entendre au PSC que, dans ce cas, le gouvernement Wathelet à Namur serait renversé. Il est encore le seul élu de la majorité à s’opposer au compromis que réserve le gouvernement à Fourons, le 1er juin 1987. Lorsque la Volksunie propose à la Chambre d’imposer le bilinguisme des principaux mandataires publics régionaux et locaux dans l’arrondissement de Bruxelles-Capitale, il se démarque à nouveau de la majorité gouvernementale (avec Cécile Goor et André Tilquin - 18 juin). Quelques jours plus tard, il devient membre de Wallonie Région d’Europe (22 juin 1987). Député ADW-PSC de Namur, il est réélu dans l’arrondissement de Liège (1987-1988), avant d’exercer la fonction de Délégué général de la Communauté française à Paris de 1988 à 1996, où il remplace Lucien Outers.

Hostile, au lendemain de mai ’68, à l’État bureaucratique et centralisateur, P-H. Gendebien est devenu, à la fin des années nonante, le défenseur de la notion d’État républicain, vieille tradition romane et wallonne. Sa réflexion qu’il développe notamment dans Splendeur de la liberté le conduit à partager les options fondamentales d’un Jean-Pierre Chevènement ou d’un Philippe Seghin.

Aux élections de juin 1999, il présente des listes WALLON dans tous les arrondissements du Hainaut (moyenne de 2,6% des suffrages). Il opte alors clairement pour la réunion de la Wallonie et de Bruxelles à la France. En novembre, il contribue à la fondation du Rassemblement Wallonie France dont il est le président. Le RWF se présente aux élections fédérales de mai 2003, ainsi qu’aux scrutins régional et européen du 13 juin 2004 : il récolte une moyenne d’un pour cent des suffrages exprimés.

 Paul Delforge

 

 

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