Tandis que son père est membre des Chevaliers
du Travail puis du POB, Robert Dussart commence à travailler dès l'âge de 15
ans dans le secteur de la sidérurgie et participe la même année (1936) aux
grèves du Front populaire. Travailleur du Service du Travail obligatoire, il
est déporté à Leipzig dans un atelier de construction métallique, du 22
février 1943 au 11 mai 1945. À son retour au pays, il adhère à la FGTB et
devient délégué syndical permanent FGTB aux ACEC, membre du Comité syndical,
du Comité de sécurité et d'hygiène et du Conseil d'entreprise,
vice-président puis président de la délégation syndicale.
Membre des Amitiés belgo-soviétiques dès les
années ’40, il adhère au Parti communiste de Belgique le 1er
avril 1951, à la section des ACEC. Il en sera le secrétaire politique.
Robert Dussart est une forte personnalité et on lui prête d’avoir joué un
rôle non négligeable dans le lancement de la grève contre la Loi unique,
dans la région de Charleroi : c’est dans “ son ” entreprise que le mouvement
de grève démarre le 19 décembre 1960. Tout au long de la grève du siècle,
Dussart sera à la fois à la tête des manifestants et le responsable d’une
stricte discipline d’action, respecté tant par les ouvriers que par les
forces de l’ordre. En tant que communiste, il voit avec méfiance la création
du Mouvement populaire wallon par André Renard. Après le décès du président
du MPW, Dussart militera en faveur des réformes de structure qu’il
privilégie à la revendication du fédéralisme.
Au printemps 1967, avec la régionale de
Charleroi du Mouvement populaire wallon, il participe à de nombreuses
opérations (cortège de voitures, vente de Combat, recrutement,
distribution de brochures…) visant à populariser l’idée fédéraliste et celle
des réformes de structure. Membre du Mouvement populaire wallon, il
participe au Congrès extraordinaire des quatre Mouvements wallons (Jambes,
22 février 1969). Il attache une très grande importance aux questions
économiques et dénonce la mainmise d’entreprises américaines sur les
entreprises européennes et notamment sur les ACEC, car la recherche
technologique devient l’apanage des Américains et, d’autre part, les pertes
d’emploi sont considérables.
Membre du comité de la section de Dampremy et
du Comité fédéral de Charleroi du Parti communiste de Belgique dès les
années ’50, il est élu au Comité central du Parti (1960-1989) et entre au
Bureau politique (1971-1988). De 1971 à 1974, il est le directeur politique
du Drapeau rouge. En avril 1977, au soir des élections, conséquence
des jeux du hasard de l’apparentement, Robert Dussart se retrouve sénateur
coopté.
Représentant de l’arrondissement de
Charleroi-Thuin de 1977 à 1981, il se retrouve seul de son parti au
Parlement. Ses deux élections (1977 et 1978) et sa non-réélection (1981) ont
chaque fois été problématiques du fait des erreurs de calculs de
l'apparentement effectuées par le Bureau électoral central de la province de
Hainaut. Ce n'est à chaque fois que plusieurs jours après l'élection, voire
lors de la rentrée des Chambres, qu'il a obtenu confirmation de son élection
ou de son échec.
Président de l'aile francophone du PCB en 1986,
il devient, de facto, le premier président du Parti communiste wallon
et francophone, après la scission définitive du PCB en deux ailes
distinctes. Mais des conflits consécutifs aux élections communales de 1988
entraînent sa non réélection à la tête du PC en 1989 et même sa non
réélection au Comité central en 1990. Avec la majorité des affiliés de la
section des ACEC, il s'affilie alors à la fédération de Huy-Waremme du PCB.
Depuis 1995 et son appel à voter pour Écolo, il a de fait rompu tous ses
liens avec le PC.
Paul Delforge – Milou Rikir