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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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DONNAY Auguste

    Né à Liège le 24 mars 1862,
décédé à Jette-Saint-Pierre le 18 juillet 1921

Lors de l’Exposition universelle et internationale, qui se tient à Liège, en 1905, le Congrès wallon invite différentes personnalités du monde des Arts et des Lettres à s’exprimer, dans les domaines où ils excellent, sur Le Sentiment wallon. Ainsi, Paul Jaspar fait-il rapport sur Le Sentiment wallon dans l’Art de l’Architecture, Joseph Rulot sur Le Sentiment wallon en Sculpture. Le Sentiment wallon en musique inspire Ernest Closson et Charles Delchevalerie rédige quelques notes sur Le Sentiment wallon dans la Littérature d’expression française.

Quant à la peinture – cet art majeur où tant de nos artistes se distinguèrent – c’est à Auguste Donnay que l’honneur revient d’en parler. Et l’artiste subtil et délicat, par Quelques idées sur le Sentiment wallon en peinture, tente de rendre sensibles ses convictions profondes. Le rapport, lu par un congressiste en l’absence de son rédacteur, fait grande impression sur ses contemporains. Donnay, par petites touches, a cerné à la fois l’art et l’artiste wallons.

Voici quelques-unes de ces “ idées ” :

Il est de mode actuellement d’attacher quelque mépris à l’intellectualité en manière de peinture, le peintre devient, grâce à l’influence dominante de la critique flamande, uniquement un œil sensible aux manifestations de la couleur, et rien de plus.

De la couleur, de la couleur et rien de plus.

Est-il besoin de prouver l’inanité charmante d’une affirmation dont l’envers serait plus amusant à démontrer : la couleur est absolument négligeable en peinture.

Est-il un artiste wallon qui peignit jamais pour le plaisir de juxtaposer des taches de couleurs ? Tous ces vieux peintres ignorèrent la nature morte qui est bien de la peinture pour de la peinture - uniquement.

Les premiers, ils regardent sous le ciel, la grande nature ; ils deviennent paysagistes pour le plaisir de rendre le paysage. Ils ont inventé le paysage en art.

Un pays bleu où s’aperçoit apaisée la manifestation des forces du commencement – où apparaît visible la structure de la Terre – où la stratification des roches perpendiculaires, horizontales ou tourmentées raconte les merveilles de la transformation lente.

La créature humaine est perdue dans ces paysages, elle n’y est point nécessaire : complément infime aux lignes sinueuses des sommets, elle disparaît dans la vallée.

PATENIER et BLÈS, les premiers comprirent cela. Ils inventèrent l’aspect de la Terre, et leur géologie légendaire n’est que l’admirable synthèse d’une vision pensive et réfléchie.

Ils entendirent parler la grande âme de la Terre qui retient la vie éparse des hommes.

Les aspects de la terre wallonne, si rapidement différents et changeant vite selon la lumière, ne sont point pour la tranquillité et la régularité d’une seule idée.

L’artiste wallon doit penser.

La vision du paysage chez LÉONARD DE VINCI est parallèle ou plutôt identique à celle de PATENIER et de BLÈS.

Y aurait-il là, simplement un hasard quelconque ?

ALBERT DÜRER a dessiné l’intelligente figure de PATENIER, il le nomme “ le bon peintre de paysage ”.

Cela a bien quelque valeur.

Des tableaux qui sont des accords de tons rares et fins, des nuances et non de la couleur, avec, très souvent, comme dominante, une note bleue, – d’un bleu superbe et très particulier et qui joue le rôle de la tache de vermillon qui éclabousse presque toujours les tableaux flamands – il me semble que beaucoup d’anciens tableaux wallons laissent cette impression.

Pas un seul rouge, pas une couleur, mais les tons les plus distingués, les plus variés, les mieux opposés les uns aux autres – un dessin d’un merveilleux savoir, une composition qui musèle la critique – un art pondéré, raisonné, mathématique – l’émotion habillée d’une hautaine science.

Cependant il faut admettre que nos vieux artistes sont TOUS mordus au talon d’une étrange tarentule littéraire.

Une idée d’abord, le tableau ensuite.

Copier la Nature ? - On copie l’écriture d’un manuscrit, oui.

L’artiste interprète et plus son interprétation s’éloigne logiquement d’une impossible copie, plus certainement il est artiste.

Pour être quelque peu affirmatif, pour pouvoir déterminer à peu près exactement la valeur de ces curieux artistes légendaires et si vrais, – la légende n’étant que la vérité habillée, il faudrait avoir vu tous ces tableaux éparpillés en Europe et autre part.

Élevé par une vieille bonne, toute hantée de légendes qui sentaient le mystère, le jeune Auguste Donnay a appris dès le plus jeune âge à chercher l’au-delà des choses les plus quotidiennes et les plus humbles. C’était un enfant sage, craintif et consciencieux. Il choisit de devenir peintre-décorateur et se perfectionne, à l’Académie de sa ville natale, en suivant l’austère enseignement d’Adrien de Witte. À son grand étonnement, en 1881, Auguste Donnay remporte le premier prix d’un concours dont le lauréat se voit offrir un séjour de cinq mois à Paris. Charles Delchevalerie dira que ce voyage fut le grand étourdissement de son existence. Il visite musées et expositions, s’émerveille devant les Tanagras, l’Art égyptien, l’Art japonais, les Primitifs italiens et apprend par Léonard de Vinci que l’art est cosa mentale.

De retour au pays, un labeur absorbant va l’aider à sortir d’une douloureuse période d’incertitude, du vertige de tant de voies offertes. La rencontre avec Albert Mockel, qui partage avec Henri de Regnier la direction de l’importante revue symboliste La Wallonie, sera déterminante pour l’artiste. En 1887, Mockel le met en rapport avec les membres actifs de la revue – ceux-ci vivaient sous le charme des préraphaélites anglais, de Gustave Moreau et d’Odilon Redon – et Donnay de dessiner cette belle figure de femme, entourée de chardons et de lys, qui ornera bientôt la couverture de la revue.

Sa vie durant, celui qui réalisa Terre wallonne, œuvre achetée par l’État belge en 1902, illustrera par des dessins et des vignettes, qui sont de pures merveilles de simplicité et d’émotion, les revues et les écrits de ses amis poètes et romanciers. Dès le premier numéro de la revue en 1893, Auguste Donnay apporte sa contribution à Wallonia. En 1897, il donne quelques dessins au journal La Réforme, des frères Chainaye. En décidant, en 1905, de s’installer à Méry-sur-Ourthe, Donnay retrouve la nature qui parle à son âme. Le silence des paysages enneigés, la lumière frisante d’un crépuscule ou le frémissement des feuillages printaniers, conviennent pour exprimer la tendresse infinie d’un homme qui est en communion profonde avec sa terre, sa “ géologie élémentaire ”.

Nombreuses ont été les participations d’Auguste Donnay aux manifestations artistiques de son temps. Ainsi, en 1894, il figure au premier salon de la Libre esthétique et, en compagnie de Levêque et Delville, aux expositions du groupe ésotérique Kumris. En 1896, l’artiste accroche ses œuvres à Paris, au salon de L’Art indépendant. Elles voisinent celles de Rops, Redon, Denis, Berchmans et Rassenfosse. Ses œuvres seront montrées à Venise, en France, en Grande-Bretagne et en Suède. Les artistes de l’École de Verviers, Pirenne, Lebrun, Derchain et Delcour, se diront disciples du Maître de Méry. Nombreuses sont les affinités qui lient ces peintres intimistes.

En 1907, Maurice des Ombiaux consacre une étude à quatre grandes figures liégeoises : Rassenfosse, Maréchal, Berchmans et Donnay. Le peintre a été nommé professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Liège où il inaugure en 1901, un cours de composition ornementale. Interrogé sur la suppression de l’université française de Gand, l’artiste s’indigne de la mise en cause de la langue française, langue internationale par excellence et ridiculise les patois flamands (1911). De 1912 à 1914, il participe au projet de faire de l’église romane d’Hastière un centre de l’Art wallon. Il y réalise son fameux triptyque de Saint-Walhère. Mais la Première Guerre mondiale va le blesser intimement et cet être, trop sensible, trop fragile, mettra fin à ses jours le 18 juillet 1921.
 

En 1922, Liège organisa une grande rétrospective, une salle du Musée des Beaux-Arts portera son nom. Albert Mockel publiera Auguste Donnay - Souvenirs et réflexions et Maurice Kunel, en 1923, lui rendra hommage par une monographie Auguste Donnay, peintre de Wallonie. Le Musée de l’Art wallon, à l’occasion de la parution de l’ouvrage de Jacques Parisse, Auguste Donnay un visage de la terre wallonne, lui a consacré une belle rétrospective où les œuvres peintes, les aquarelles, les dessins, les illustrations de l’artiste furent, à nouveau, offertes au regard de ceux qui savent percevoir l’intense ferveur du maître du silence.

 Liliane Sabatini

 

 

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