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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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Presse d’action wallonne

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DETERVILLE Jean

    

Né à Jumet le 12 mars 1923
décédé à Jumet le 10 février 2008

Comme nombre de jeunes Wallons de sa génération, la Seconde Guerre mondiale touche Jean Deterville en pleine adolescence. Après avoir fui sur les routes menant en France, il décide de rentrer au pays et entre en contact avec le docteur Marcel Thiry (qu’il ne faut pas confondre avec l’académicien). Cet ami de ses parents le dirige vers la presse clandestine de Wallonie libre et lui fait rencontrer Arille Carlier. Inscrit comme étudiant en histoire à l’Université libre de Bruxelles (octobre 1940 à novembre 1941), il subit la fermeture de l’Université libre par les Allemands et poursuit ses études à l’Université de Louvain. Il s’oriente vers le droit et est proclamé docteur en 1946. Stagiaire chez Arille Carlier – il en sera d’ailleurs le seul – il prestera comme avocat à Charleroi jusqu’en 1972. À cette date, il est nommé juge de Paix dans le canton de Chimay puis dans celui de Beaumont, fonction qu’il exerce jusqu’en 1990, en même temps qu’il est chargé de cours de droit dans deux Instituts provinciaux.

Au sein de la Résistance, Jean Deterville a rédigé des articles et diffusé le journal clandestin La Wallonie libre dans la région de Charleroi ainsi qu’aux universités de Bruxelles puis de Louvain. Il déclare aussi avoir aidé et piloté des prisonniers de guerre français évadés et procédé, avec le docteur Thiry, au ravitaillement de prisonniers russes occupés au charbonnage d’Amercœur (Chaudmonceau) par les Allemands (octobre-décembre 1943). Malgré le témoignage de J. François (résistant armé du MNB) attestant qu’il a remis à Deterville de nombreux tracts patriotiques et des publications de la Wallonie libre clandestine – imprimés à l’Office de Documentation (locaux de la Kommandantur) et pris en livraison à ce local – et ce à de nombreuses reprises fin 1943 et 1944, la reconnaissance comme Résistant civil ne lui est pas attribuée, la Commission estimant qu’il s’agit davantage d’une œuvre humanitaire que d’une action de Résistance. Par contre, il est reconnu comme résistant par la presse clandestine, du 1er novembre 1940 au 3 septembre 1944. En plus de la médaille de la Résistance, il portera la médaille de la guerre 40-45 avec sabres croisés.

Secrétaire (1945-1961) puis vice-président de la régionale de Charleroi de Wallonie libre, Jean Deterville constitue la section locale de Jumet dont il devient le secrétaire (1946) avant d’en devenir vice-président puis président (1955). Il fait partie du directoire de Wallonie libre (1953-1965). Militant wallon actif, participant à tous les congrès wallons de l’après-guerre, il est l’un des cinquante signataires wallons du Manifeste des Intellectuels wallons et flamands, également appelé Accord Schreurs-Couvreur (3 décembre 1952). Membre coopté du Comité permanent du Congrès national wallon (1955-1971), il en devient le secrétaire général adjoint (1957). Par ailleurs secrétaire du Comité d’Action wallonne de Charleroi (en 1950 et en 1957), il est chargé de l’organisation du congrès wallon de Charleroi (25 et 26 mai 1957). Avec Arille Carlier, il participe aussi aux réunions et aux travaux de l’Union fédéraliste européenne. Jusqu’en 1962, il est encore le secrétaire de la section de Charleroi de l’Association touristique de Wallonie.

Ses idées sont très tranchées : tout en manifestant son opposition au retour de Léopold III en 1950, il exprime surtout sa volonté d’instaurer une république wallonne. Ardent défenseur de la construction de l’autoroute de Wallonie dont il explique la nécessité économique primordiale pour sa région, il dénonce également la pénurie de logements décents en Wallonie et insiste sur l’indispensable solidarité qui doit unir les diverses sous-régions de Wallonie. À Jumet, lors des grèves de 60-61, Jean Deterville prend des risques professionnels en s’interposant entre les manifestants et les gendarmes. Avocat et juge suppléant, il se retrouve pour cette raison devant la Cour d’Appel de Bruxelles.

Membre du Comité d’Action wallonne de Charleroi renaissant (de 1962 à 1964), Deterville y représente Wallonie libre. En 1961, il adhère au Mouvement populaire wallon dont il constitue une section locale à Jumet et fait partie de la section régionale de Charleroi. Il fait aussi partie du comité exécutif (1961) et du bureau du MPW (1962). Pour étudier les résultats des travaux de la Table ronde, Jean Deterville participe aux travaux d’une Commission juridique créée au sein du Comité permanent du Congrès national wallon (6 février 1965) ; aux côtés de Jean Penelle, André Piron, Robert Regibeau, Fernand Schreurs, Freddy Terwagne et André Wauthier, il affirme la nécessité de créer une Société wallonne et en une Société flamande de développement régional.

Conseiller communal socialiste (1954-1958, 1970-1972), échevin des travaux (1959-1964), il devient le bourgmestre de Jumet (1965-1970) au moment où des partis spécifiquement wallons remportent leurs premiers succès électoraux. Élu du Parti socialiste belge, il s’opposera régulièrement et durement avec les élus communaux du Front puis du Parti wallons qui étaient pourtant aussi des militants wallons. Durant ses mandats publics, Jean Deterville défend les thèses de son parti, le socialisme, mais toujours et avant tout, en qualité de Wallon. Dans ce sens, il condamne les dissidences politiques wallonnes des années soixante. Dans les années septante, il désapprouve l’alliance RW-FDF considérant que Bruxelles doit se défendre seule. À propos des Fourons, il dénonce les tendances qui ont déplacé le problème sur un plan strictement juridique. Membre et administrateur de l’Institut Jules Destrée, vice-président du comité régional de Charleroi de l’Institut Jules Destrée, il continuera pendant de longues années à participer à de nombreux groupes de travail dans le but de doter la Wallonie d’une autonomie aussi large que possible.

Président du comité provincial du Hainaut de la Croix-Rouge, président du syndicat d’initiative de Jumet, vice-président des Amis de la Madeleine, vice-président de la Dante Alighieri de Charleroi, Jean Deterville était titulaire de plusieurs distinctions belges, française et italienne.

 

Paul Delforge

 

 

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