Après des humanités
gréco-latines au Collège de Melle-lez-Gand, Désiré-Henri Desseaux suit une
année de cours de philosophie au Séminaire de Bonne Espérance. En année de
“ poésie ”, il est séduit par le talent de son professeur de lettres, le
poète et écrivain Camille Melloy. Appelé à succéder à son père à la tête de
la Briqueterie de Luingne, le jeune Desseaux conserve un goût prononcé pour
la littérature. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il négocie la remise
de la briqueterie familiale, reprend l’imprimerie Lerouge et ouvre une
librairie à Luingne puis à Mouscron : Le temps retrouvé, nom inspiré
par Marcel Proust et les circonstances de l’époque.
En 1936 déjà, Désiré Desseaux regroupe autour
de lui des amis de Mouscron et édite le mensuel, Drama-Revue, qui
s’adresse aux jeunes et qui se veut un organe de défense des intérêts
linguistiques des habitants de Mouscron et de la Flandre dite wallonne. La
création de la revue s’inscrit dans le contexte particulier des années
1932-1935 qui avaient vu le vote par le Parlement de lois linguistiques
consacrant l’unilinguisme en matières administrative et judiciaire :
historiquement attachées au comté de Flandre, Mouscron et Comines
craignaient d’être absorbées dans une Flandre unilingue flamande. Au-delà
d’un canular de jeunesse et d’un défi aux bourgeois de la ville,
Drama-revue est devenue le principal défenseur de la Flandre wallonne
dans l’immédiat avant-guerre. Désiré
Desseaux y réagit au radicalisme flamand, il considère que le caractère
wallon des habitants de ces communes n’est en rien respecté et il s’oppose
au bilinguisme imposé à l’ensemble des fonctionnaires.
Dès le début des hostilités, il lance la
première feuille clandestine de Mouscron, Le Sud. Avec l’abbé de
Neckère, il diffuse ce journal jusqu’à son arrestation, le 21 juillet 1941.
Interpellé avec quatre-vingts autres Mouscronnois suspectés de résistance
patriotique, il est incarcéré à la prison de Courtrai, et est condamné par
un tribunal nazi à six mois de prison. Relâché, il ne cesse d’être
surveillé, est arrêté comme otage pendant deux mois (en 1943) et échappe de
justesse à une nouvelle arrestation en juin 1944. Le hasard lui fait
rencontrer Arille Carlier, à la prison de Saint-Gilles. Le militant wallon
carolorégien exercera, par la suite, une grande influence sur Désiré
Desseaux, figure de proue du mouvement wallon à Mouscron.
Après la Libération, Desseaux fait paraître un
hebdomadaire, La Frontière, voué à la défense de la Flandre wallonne
et de la francité au travers de la Ligue wallonne de Mouscron (1944-1948),
auquel succédera Wallon toudis (1948-1951), El vrai Mouscronnois
(1955-1956) et Flandre wallonne (1957-1959). Il soutient ces
initiatives en tant que libraire-imprimeur et que militant défenseur du
rattachement de Mouscron à la Wallonie. Membre du Congrès national wallon,
il participe au congrès national wallon de 1945 (Liège, 20 et 21 octobre),
ainsi qu’à ceux de Charleroi et de Namur. Il s’engage au sein des mouvements
Wallonie libre et Rénovation wallonne et assume la fonction de président
régional de la Fondation Charles Plisnier. Secrétaire adjoint du Cercle
littéraire de Mouscron (1938-1940), Désiré Desseaux a aussi été membre
fondateur de la Société d’Histoire de Mouscron et de la région (1981).
Lors de la discussion du projet Gilson, il
signe la motion des Vingt-huit demandant le rattachement de la
Flandre wallonne au Hainaut (8 octobre 1961). Comme conseiller communal PSC,
il interviendra en 1968, en faveur de la suppression des facilités à
Mouscron-Comines. L’affaire de Louvain a été un élément de plus dans la
détermination de ses positions.
Paul Delforge