Ancien prisonnier
de guerre, ouvrier-textile puis manœuvre dans une entreprise de teinture de
vêtements, Lambert Dérive s’engage résolument dans le Mouvement wallon au
lendemain des grèves contre la Loi unique. Trésorier de la section de
Verviers du Mouvement populaire wallon (juin - décembre 1961), il en devient
le président en décembre 1961 et le restera tout au long des années
soixante. Il mènera une campagne active contre la présence à Verviers d’un
local d’une association flamande revendiquant la flamandisation des communes
de Fourons, Aubel, Welkenraedt… Il dénoncera aussi le projet du ministre
Gilson souhaitant la trilinguisation des communes de Welkenraedt et
alentours. Une épidémie de variole empêchera cependant le dynamique
représentant du Mouvement populaire wallon Verviers d’organiser les
conférences et réunions d’information qu’il souhaitait, le commissaire de
police ayant pris une mesure interdisant les rassemblements et les meetings
(1962).
Lambert Dérive
rejette toute forme de nationalisme : la Communauté wallonne doit
s’affirmer ; elle ne doit rien imposer mais elle ne doit rien se laisser
imposer, écrit-il en 1962. Outré par le transfert des Fourons à la
province de Limbourg (été 1963), il sera présent à de très nombreuses
reprises à Fourons pour manifester son soutien aux populations
abusivement transférées. Favorable aux réformes de structure et au
fédéralisme, Lambert Dérive dénonce la mise au frigo du pétitionnement par
le gouvernement, réclame le retour des Fourons en Wallonie et défend le
principe suivant lequel le Mouvement populaire wallon n’est pas un parti ni
un syndicat : Je suis entré au MPW pour défendre les intérêts économiques
de la Wallonie (1963).
En 1965, celui
qui se proclame socialiste, fédéraliste et Wallon n’hésite pas à se jeter
dans le jeu politique. Membre du Parti wallon des Travailleurs (1965), il
est responsable de la fédération de Verviers et se présente aux élections de
mai 1965. Il n’est cependant pas élu. Le 26 juin, il participe au congrès de
fusion des divers partis wallons et devient membre du nouveau Parti wallon.
Il collabore régulièrement au journal Forces nouvelles, ainsi qu’à
Combat. Considérant que les partis traditionnels ont perdu leur
idéologie, Dérive déclare que la classe ouvrière wallonne doit pouvoir
trouver sa place au sein d’une économie wallonne où le fédéralisme aura
permis la réalisation des réformes de structure. À ses yeux, la lutte doit
se réaliser sur deux fronts : contre l’unitarisme et contre les puissances
d’argent.
Paul Delforge