Comme nombre de jeunes Wallons de sa
génération, René Deprez voit sa scolarité perturbée par l’éclatement de la
Seconde Guerre mondiale. Entré dans la clandestinité, il devient membre de
la compagnie 013 des Partisans armés et commandant adjoint dans la région de
Liège. Arrêté à Liège le 14 mai 1943, il passe cinq mois à la prison
Saint-Léonard avant d’être envoyé à Dachau non sans avoir transité par
d’autres prisons en Allemagne. Libéré de Dachau le 29 avril 1945, il rentre
à Liège le 14 mai 1945. Collaborateur du mensuel Jeune Wallonie
(1945-1946), René Deprez participe à une intense campagne de propagande (par
conférences, meetings, débats, organisation de bals et placardage
d’affiches), notamment en faveur de l’abdication de Léopold III, et à la
préparation du Congrès national wallon d’octobre 1945. En 1946, il est
membre du Comité de coordination des Jeunesses de Wallonie.
Au terme d’études d’archéologie et d’histoire
poursuivies à l’Université de Liège et perturbées par les séquelles de la
captivité (1955), René Deprez devient professeur d’histoire à l’École
normale de Liège en 1959. Auteur d’une étude historique sur la grève de l’Hiver
60-61 à laquelle il a lui-même participé, René Deprez attribue à cet
événement une clé de lecture exclusivement ouvrière et réfute son caractère
wallon. Pourtant, René Deprez participe en tant que militant au
développement du Mouvement populaire wallon.
Collaborateur du journal Combat,
secrétaire de la section d’Ans du Mouvement populaire wallon (août
1961-1965), où il travaille avec son président le docteur Michaux, il
entreprend une série de démarches auprès des mandataires politiques pour
qu’ils rejettent le projet du gouvernement sur le maintien de l’ordre
(1963). Début 1965, au nom de la section d’Ans, le frère de Marcel Deprez
revendique le retour des Fourons à Liège, demande la constitution d’une
Commission économique et sociale pour examiner la question du canal
Escaut-Rhin et réclame un examen attentif de toutes les potentialités
d’exploitation des deux charbonnages ansois menacés de fermeture (Ans-Rocourt
et Patience et Beaujonc). En cas de fermeture, il exige l’implantation
d’industries nouvelles sur le territoire de la commune.
Ancien membre du Rassemblement national de la
Jeunesse, affilié à la section d'Ans du Parti communiste de Belgique depuis
1945, membre du bureau régional liégeois de la Jeunesse populaire de
Belgique (=Jeunesse communiste) de 1945 à 1952, il est secrétaire du Centre
culturel des Amitiés belgo-soviétiques de 1959 à 1961. Il adhère à la
CGSP-Enseignement en octobre 1955. Élu conseiller communal communiste d’Ans
aux élections de 1965, il démissionne de ses fonctions en 1968 pour marquer
son désaccord avec les événements en Tchécoslovaquie, tout en restant fidèle
à ses convictions. Très actif au Front de l’Indépendance, il en sera le
président national pour la Wallonie jusqu’en 1998.
Paul Delforge