Né en France de parents belges, Fernand
Delmotte fait ses études au Lycée d’Avesnes-sur-Helpe avant que ses parents
ne reviennent s’installer dans la région de Lessines au début de la Seconde
Guerre mondiale. Il s’oriente alors vers des études techniques et suit les
cours de la section mécanique de Mons de l’Université du Travail. Mobilisé
en mai ’40, il accomplit la Campagne des Dix-Huit Jours et échappe à la
déportation en Allemagne.
Technicien en mécanique à la Centrale
électrique de Deux-Acren, il crée une section syndicale du secteur Gazelco à
Lessines et en devient le Secrétaire alors qu’il est à peine âgé de 24 ans.
Membre du comité exécutif national de ce secteur, en 1958, il siège aussi
comme conseiller du Prud’homme (1950-1958) puis en devient président. Engagé
au sein du Parti socialiste belge, il est le secrétaire politique de la
section de Lessines en 1954. Au lendemain des élections communales de 1958,
il devient bourgmestre de Lessines, fonction qu’il exercera jusqu’en 1994.
En septembre 1961, il prend l’initiative de créer une section du Mouvement
populaire wallon dans sa commune et en devient le président. Pressenti pour
succéder à Jacques Yerna au secrétariat général de Gazelco (1962), Delmotte
opte pour la voie politique, au moment où le sénateur de Soignies en place
décède.
Sénateur socialiste de Soignies (27 novembre
1962), chef de groupe de son parti au Sénat, Fernand Delmotte préside le
huitième congrès des socialistes wallons qui se tient à Verviers en novembre
1967. C’est à cette occasion que les forces socialistes wallonnes se
rassemblent sur un programme commun résolument attaché au devenir de la
Wallonie. Le PSB est alors dans l’opposition. Au lendemain des élections du
31 mai 1968, Fernand Delmotte devient ministre et en même temps le premier
secrétaire d’État à l’Économie régionale wallonne (17 juin 1968). Contre
l’avis de sa fédération, il accepte la fonction ministérielle afin, dit-il,
de mettre en place les Conseils économiques régionaux prévus dans
l’accord de gouvernement. À ses yeux, ces conseils permettront de
réaliser une véritable décentralisation économique, ce que ne permettent pas
les lois de 1966. À l’occasion de l’inauguration d’une usine américaine aux
Hauts-Sarts à Liège (1968), il déclare que la loi 125 de décentralisation
économique est insuffisante, que la régionalisation est un mirage et que
seule une véritable décentralisation économique offrira les possibilités
d’une bonne politique. En critiquant le centralisme bruxellois, Fernand
Delmotte est le premier membre d’un gouvernement de la Belgique unitaire à
exprimer, dans le cadre de ses fonctions, des critiques aussi sévères à
l’égard du système belge. Il sera désavoué par l’ensemble de ses collègues
flamands et sa déclaration lui vaudra une volée de bois verts de la part de
la presse flamande. En 1970, à la veille des élections communales, il
confirme sa volonté de doter la Belgique de structures fédérales et de
sauver l’économie wallonne en la dotant d’instruments propres. Le 16 octobre
1971, le Secrétaire d’État à l’Économie régionale installe le Conseil
économique régional pour la Wallonie à la Maison de la Culture de Namur.
Ministre des Communications dans le
gouvernement suivant (1971-1973), Fernand Delmotte sera, par la suite, élu
député européen. Il était encore conseiller communal de la ville de Lessines
lorsque la mort le frappa.
Paul Delforge