Après ses études au
Collège à Charleroi, Ernest Degrange tente une année en philologie romane à
l’université puis se lance dans le journalisme et la publicité. Homme de
lettres, signant certaines de ses œuvres sous le pseudonyme d’Anne Dangrège,
Ernest Degrange est l’auteur d’un essai sur les Artistes carolorégiens
(1936) et d’un essai sur Charles de Gaulle, Un soldat de vraie France
(publié chez Dupuis en 1945). Mobilisé en 1939, Ernest Degrange est fait
prisonnier et passe les années de guerre en captivité dans un stalag en
Allemagne ; il y écrit un roman (Raffolin). Dans les années ’50,
auteur de pièces de théâtres radiophoniques, Degrange publie encore
plusieurs recueils de contes, de poésies et de maximes : Poèmes en prose
ou en autre chose (1951-1958), Cent maximes sur l’amour, le mariage
et autres humaines folies (1952), L’ode à la paix (1956), Je
et moi (1958), Les Beaux et les Belles de la ville endormie
(1958), 222 Mini maximes (1962).
Secrétaire-fondateur de L’Art vivant au Pays de Charleroi (1933-1940),
Ernest Degrange ne participe cependant pas à la renaissance du mouvement, en
1945, dans le Groupe des Artistes des Cahiers du Nord. En 1937, il fonde
aussi le mensuel Charleroi artistique et le cercle Demain occupé à
l’initiation à la littérature et à l’art moderne. En 1938, Ernest Degrange
apporte son soutien à Valère Darchambeau lors de la préparation du premier
congrès culturel wallon.
Délégué à la presse
et membre de la section de Charleroi de Wallonie libre (mars 1945), cet
ancien employé au Comptoir international du Livre à Bruxelles devient le
secrétaire du Conseil national wallon de la Radiodiffusion (janvier 1945).
Rémunéré par cet organisme, prenant ses conseils auprès de René Dupriez,
Ernest Degrange entreprend de multiples démarches dans le Hainaut, le
Luxembourg et le Namurois pour convaincre hommes politiques et industriels
de soutenir à la fois le Conseil national wallon de la Radiodiffusion et le
Conseil économique wallon. Il contribue à la rédaction des statuts des deux
associations et est le promoteur de la démarche entreprise par les milieux
politiques wallons auprès du gouvernement pour créer une radio nationale
wallonne. Il contacte aussi les libraires pour assurer la promotion de L’Opinion
wallonne, entreprend une enquête sur les attentes de la population
wallonne par rapport à la radiodiffusion. Degrange propose aussi d’organiser
un congrès avec une exposition sur les arts et les lettres de Wallonie
(août-septembre 1945). Son projet d’exposition est jugé trop coûteux et
abandonné ; quant au congrès, il devient une Journée de la Radio, organisée
le 4 novembre 1945. Cette Première Journée de la Radiodiffusion révèlera au
grand public les travaux réalisés par le Conseil national wallon de la
Radiodiffusion.
Secrétaire du
Conseil économique wallon à Charleroi, Degrange figure parmi les fondateurs
du Conseil national des Écrivains de Wallonie. Au début des années soixante,
il anime la revue Art et Tourisme, avec Emmanuel Burnotte, Jean
Deterville, Maurice Bologne, Jacques et Christiane Hoyaux. Il est également
l’un des animateurs de la Fondation Charles Plisnier ; membre de son Conseil
d'administration, il participe à sa création et à son développement à la fin
des années ’50 et au début des années ’60.
Paul
Delforge