Totalement inconnu
du grand public, Charles De Tombeur joue pourtant un rôle majeur dans la
définition de la Wallonie. À son époque (deuxième moitié du
xixe siècle), le
mot Wallonie est si peu usité, rapporte Albert Mockel, que plusieurs
personnes nous demandèrent ce qu’il signifiait. On ne connaissait pas
d’autres expressions que “ le pays wallon ”.
En reprenant
(février 1886) au cercle universitaire L’Élan
sa revue
L’Élan
littéraire, j’avais résolu d’en changer le titre. Mais le petit recueil
aurait pu s’appeler la Terre wallonne ou la Revue wallonne
aussi bien que La Wallonie. Un confrère né à Huy et fixé à Bruxelles,
notre ami Charles de Tombeur, connaissait par Hector Chainaye mes projets :
il les appuya d’un conseil dans sa revue La Basoche (mars 1886) :
Soyez nos Félibres et WALLONNIE avant tout !
Cette note me
décida, et l’on peut dire par conséquent que le mot Wallonie doit surtout à
Charles de Tombeur sa diffusion actuelle. Ma part de responsabilité se
limite à l’orthographe. Le mot étant inusité, je crus pouvoir l’alléger
d’une “ n ” : Wallonie, cela paraissait plus logique que Wallonnie ; c’était
surtout plus élégant et cela seul, au fond, importait dans une revue d’art.
(…)
Étudiant en
médecine à l’Université libre de Bruxelles, Charles De Tombeur ressuscite le
journal estudiantin L’Étudiant et en assure la direction ; avec André
Fontainas et Hector Chainaye, il est aussi le fondateur de La Basoche
(1884-1886), revue littéraire symboliste qui s’inscrivit progressivement
dans un cadre régionaliste et dont il assura la direction. Critique
artistique et théâtral du National belge, il devient ensuite
chroniqueur parlementaire de La Réforme, puis secrétaire de la
rédaction.
Paul Delforge