Jean Coyette milite très jeune dans les milieux
irrédentistes. Il est à peine âgé de 20 ans lorsque, avec Armand Guillaume,
Carolo tout comme lui, Jean Coyette fait partie du comité de rédaction de
L’Opinion wallonne (1928) de Raymond Colleye ; c’est là qu’ils
rencontrent Achille Chavée et Walter Thibaut ; les idées de R. Colleye
influencent les conceptions politiques de ces jeunes gens. Pour les deux
Carolorégiens, cela devait se traduire par la suite par un militantisme
irrédentiste très affirmé ; par contre, pour les Louviérois, la théorie
fédéraliste et le respect des droits légitimes du peuple flamand semblent
avoir été les plus marquants.
Étudiant en droit vraisemblablement à l’Université
libre de Bruxelles, puis avocat, Jean Coyette participe au deuxième congrès
de la Concentration wallonne (1931), figure parmi les fondateurs de l’asbl
Radio-Wallonie (1932), mais participe surtout à l’expérience de la revue
Le Pays Noir (1932-1935). Recruté par Robert Maiglet, au sein de la
Ligue wallonne de Charleroi où il militait avec Armand Guillaume, Coyette
est incontestablement influencé par les idées de Maurras et de l’Action
française. De 1936 à 1940, il multiplie les conférences au sein des Ligues
wallonnes du Hainaut et dans les sections du Front démocratique wallon.
Avant-guerre, il est échevin socialiste à Jumet. En 1938, il participe au
premier congrès des socialistes wallons (Liège 1938) et y déclare son
opposition ferme à l’amnistie.
Durant la guerre, Jean Coyette participe au
réseau de renseignements mis sur pied par Georges Thone, Maurice Firket,
Arthur Gailly et l’abbé Mahieu. Réfugié en zone non occupée jusqu’en janvier
1942, il arrive à Londres et y poursuit ses activités de renseignements. En
avril 1943, il est envoyé en mission par le Political Warfare Executive
(propagande et guerre psychologique) de la Sûreté belge à Londres,
branche autonome du SOE. Parachuté pour la première fois le 13 avril 1943 au
sud de Huy, il est notamment chargé de démoraliser les troupes allemandes en
s’appuyant notamment sur les milieux socialistes (mission Porcupine-Mandrill
du service “ Marc ”). Achevant sa 1ère mission, Coyette arrive en
Suisse (16 août 1943, via la filière Tempo) et se dit prêt à repartir. Sous
le nom de Cordelet, cette mission du service “ Marc ” conduit Coyette à
retourner en Belgique (décembre), où il remet plusieurs millions de francs
tant à Henri Pauwels de la CSC qu’à Henri Fuss (directeur du ministère du
Travail démis de ses fonctions par les Allemands en 1940) et au réseau
Socrate, au nom des responsables londoniens. Cette mission avait aussi pour
buts d’encourager le sabotage de la production, de désorganiser les chemins
de fer.
En janvier 1946, Coyette devient membre du
comité de Courcelles de Wallonie libre. Il travaille alors à la Mission
militaire belge, aux affaires civiles. Envoyé en missions diverses à
l’étranger (début 1945), il est renvoyé de son travail en avril en raison
d’une hernie qui le rend inapte. Nommé juge d’instruction au Tribunal de
première Instance de Charleroi, Coyette saisit l’occasion de la création du
Conseil d’État en 1947, pour présenter sa candidature. Nommé, il devient
l’un des premiers présidents de Chambre du Conseil d’État. Georges Thone lui
adresse ses plus sincères félicitations au moment de son entrée en fonction,
en attendant la présidence du Conseil d’État de Wallonie… Tenu par un
devoir de réserve, Coyette ne développera plus d’activité wallonne
ostensible. Néanmoins, il resta en contacts étroits avec ses amis wallons,
se réjouissant notamment en 1972 de la réforme institutionnelle intervenue.
À ce moment, en sa qualité de bilingue du rôle français du Conseil d’État,
il venait d’être désigné comme membre de la section des conflits de
compétence.
Le 22 juillet 1983, la ville de Charleroi
inaugure la rue Jean Coyette dans la commune de Jumet-Heigne.
Paul Delforge