Originaire de Liège, Alfred Colleye séjourne quelques années à Paris avant
de s’établir à Bruxelles. Expert comptable de profession, imprégné de la vie
liégeoise et parisienne, Alfred Colleye peut être considéré comme l’un des
pionniers du Mouvement wallon à Bruxelles. Membre de la Ligue wallonne de
Bruxelles créée en 1882 par Jules Wilmart, il milite pour la cause wallonne
au début des années 1890 lorsqu’il préside l’association philanthropique La
Wallonie de Bruxelles et surtout lorsqu’il fonde Le Club wallon (de
Bruxelles). Cependant, il ne participe à aucun des Congrès wallons qui se
tiennent à la même époque (1890-1893). Rédacteur en chef du journal Le
Wallon, organe du Club wallon, Colleye survit à la disparition du Club,
créant par la suite deux petits cercles wallons dans les années 1890 (La
Fanfare wallonne, Tiesse di Hoye) avant de donner naissance à la Ligue
wallonne de Bruxelles en 1900, dont il devient le président.
En 1904, Colleye rencontre les frères Chainaye ; ils décident d’unir leurs
efforts. Achille et Hector Chainaye mettent le journal La Réforme,
qu’ils dirigent depuis 1895, au service de la cause wallonne que défend déjà
la Ligue wallonne de Bruxelles de Colleye. S’il n’a laissé aucun discours
définitif ni aucune théorie absolue, Alfred Colleye a néanmoins réussi à
imposer une structure et une organisation méthodique à un Mouvement wallon
naissant et plus souvent enclin à la fronde qu’à l’organisation.
Lorsqu’en 1905, un Congrès wallon se déroule à Liège, la Ligue bruxelloise y
envoie deux délégués : Hector Chainaye et Alphonse Sasserath. Alfred Colleye
semble demeurer à l’écart de ces instances “ officielles ”. C’est pourtant
lui qui est à l’origine de la Ligue wallonne du Brabant, en octobre 1905,
association constituée pour regrouper l’ensemble des sociétés wallonnes de
Bruxelles en vue de l’organisation du Congrès de 1906. Ce congrès, c’est
Colleye qui en assure l’organisation matérielle tandis que Chainaye s’occupe
des discours. Cette fois, Alfred Colleye joue un rôle en vue puisqu’il
préside le Congrès au titre de président de la Ligue wallonne du Brabant
(1905-1907).
Parallèlement à cet engagement wallon, Colleye travaille comme comptable au
journal radical La Réforme. Alors que le quotidien traversait,
depuis 1904, une phase difficile, en mars 1907, Alfred Colleye en est nommé
liquidateur. En 1907, Colleye abandonne la présidence de la Ligue wallonne
du Brabant - dont il devient membre d’honneur. La présidence en échoit à
Achille Chainaye. Colleye avait également renoncé à la présidence de la
Ligue wallonne de Bruxelles. C’est en tant que journaliste qu’il fourbit ses
dernières armes de militant wallon, collaborant notamment à L’Action
wallonne, à La Lutte wallonne et au Réveil wallon. En
1910, Colleye administre aussi, avec ses amis de Liège et de Bruxelles, le
Comité de Défense wallonne.
Décédé en avril 1911, son action sombre dans l’oubli, mais son fils, Raymond
Colleye - alias Raymond De Weerdt - s’est lancé sur ses traces dès son plus
jeune âge en s’engageant activement au sein du Mouvement wallon. En 1928, l’Avant-Garde
wallonne rend cependant un hommage important à Alfred Colleye en faisant
réaliser par le sculpteur Derruder un médaillon en bronze, apposé sur sa
tombe.
Paul Delforge – Chantal Kesteloot