Petit-fils du
bourgmestre de Mettet et fils d’échevin, guerre oblige, c’est dans la
Sarthe, à Parigné-L’Évêque, qu’est né Albert Cobut. Bien plus tard, membre
du PSC, il sera à son tour bourgmestre de Mettet (1953-1964), après avoir
été conseiller communal (1946), échevin (de 1947 à 1952), conseiller
provincial de Namur (1949-1965) et avant d’être sénateur de
Namur-Dinant-Philippeville (de mai 1967 à mars 1968). C’est jeune encore
qu’il perdit son père (1940). Peu de temps après la création du Collège des
Jésuites de Godinne, Albert Cobut y fait de brillantes études secondaires se
voyant honoré de la médaille d’or à sa sortie de rhétorique. Il entreprend
alors en 1935 des études de médecine à Louvain, tout en étant président de
la Jeunesse étudiante catholique pour la fédération de Dinant-Philippeville.
Pendant la guerre, ses activités seront ralenties par la maladie. Cela ne
l’empêchera pas de jouer en 1941-1942, et en 1945, un rôle déterminant dans
l’action wallonne louvaniste.
Entré en 1939 au
comité comme secrétaire adjoint et devenu en octobre 1941, président de la
Fédération wallonne des Étudiants de Louvain, Albert Cobut y joue deux rôles
essentiels. D’abord, du fait de l’état de guerre et de l’occupation, il
promeut une vision nouvelle de l’organisation du monde étudiant ; la
résurrection du Cercle d’études wallonnes de la Fédé ne va pas sans peine
vis-à-vis des Régionales surtout “ bibitives ” traditionnelles. Albert Cobut
prend au sérieux les fonctions potentielles de la Fédé, la réformant comme
on procède en organisation de services publics ou d’entreprises. Par
ailleurs, il est à la base de l’action “ professeurs-étudiants ” vis-à-vis
des autorités académiques à propos, notamment en Faculté de Médecine, de
déséquilibres aux dépens de la section francophone et des Wallons en
particulier : le corps professoral, l’accueil, l’orientation vers les
services flamands des malades médicalement intéressants, ce qui conduit au
fameux mémorandum adressé aux évêques à la suite de l’Assemblée du 7 mai
1942 et signé par des professeurs et tous les présidents des régionales de
la Fédé. C’est Albert Cobut qui doit subir, seul, la colère du recteur
flamand, monseigneur Van Wayenbergh (lettre du 3 juillet 1942).
Il faut dire que
les chiffres relatifs au corps professoral de la seule section française
étaient impressionnants :
|
Francophones
|
Flamands |
Total |
|
Wallons |
autres |
|
|
Médecine
(doctorats) |
4 |
4 |
9 |
17 |
Pharmacie |
1 |
0 |
4 |
5 |
Philo et
lettres |
9 |
9 |
13 |
31 |
Droit |
4 |
9 |
6 |
19 |
Sciences |
44 |
19 |
51 |
114 |
Agronomie |
9 |
1 |
31 |
41 |
|
71 |
42 |
|
|
Total
|
113 |
114 |
227 |
L’approbation des
professeurs wallons et des Anciens donne encore plus de poids à cette
démarche. Un rééquilibrage modeste a été esquissé ; création du cours de
folklore wallon, confié à Félix Rousseau, et de la Maison des Étudiants.
Enfin, avec d’autres, en 1945, Albert Cobut signe le manifeste à la base de
la création de Rénovation wallonne. Membre du Congrès national wallon, il a
participé au congrès wallon de 1945 (Liège, 20 et 21 octobre). Ensuite, on
ne trouve plus trace d’Albert Cobut dans ce registre.
Jean-Émile Humblet