À l’issue d’études effectuées aux Universités
de Liège, puis de Bruxelles, Hector Chainaye est diplômé docteur en droit et
prête son serment d’avocat. Étudiant, il manifeste déjà un talent
particulier dans le domaine des lettres. Après avoir fondé la revue
littéraire La Basoche, il collabore à La Jeune Belgique
en écrivant des contes symboliques. Il rassemble ceux-ci et en complète la
collection dans un recueil intitulé L’Âme des choses qui rencontre un
franc succès lors de sa publication en 1890. Il compte également parmi les
collaborateurs de La Wallonie, revue littéraire fondée et dirigée par
Albert Mockel. Employant le pseudonyme de Virel, Hector Chainaye se tourne
rapidement vers le journalisme. Après avoir collaboré à L’Indépendance
belge et à L’Étoile
belge, il prend, avec son frère Achille, la direction de La Réforme
en décembre 1895. Ensemble, ils restructurent le journal et lui donnent
une ligne politique strictement radicale qui les écartent des principaux
responsables politiques libéraux. Alors que le quotidien radical avait
jusque-là attaqué la politique congolaise, Hector Chainaye se lance, à
partir de 1899, dans une vigoureuse défense de l’œuvre royale, réfutant dans
de nombreux articles les thèses de l’ancienne direction. Lors de la
discussion sur la reprise du bien personnel de Léopold II par la Belgique
(1908), Hector Chainaye publie une brochure dans laquelle il se prononce en
faveur de la cession du Congo à la Belgique car, écrit-il, la conquête du
Congo a surtout été le fait des Wallons, assistés de quelques aventuriers
étrangers et, pour être complet, de quelques Flamands aussi.
La participation de Hector Chainaye au congrès
wallon de 1905, en tant que délégué de la Ligue wallonne de Bruxelles,
marque son entrée dans le Mouvement wallon. Au cours de ces assises, il fait
adopter un vœu en faveur de l’instruction primaire obligatoire, un autre
contre le détournement des grands express internationaux des villes de Liège
et de Verviers ainsi qu’un troisième en faveur de l’enseignement de
l’histoire de la Wallonie dans les écoles publiques. À cette occasion, il se
heurte ouvertement aux conceptions de l’historien Henri Pirenne.
Enthousiasmé par ce congrès, il crée, dès le 15 octobre 1905, avec la
collaboration de son frère Achille et d’Alfred Colleye, la Ligue wallonne du
Brabant, dont il assure le secrétariat général. Il joue un rôle de
fédérateur en ralliant les membres des nombreux cercles wallons qui existent
alors dans la capitale. C’est aussi Hector Chainaye qui assume en grande
partie l’organisation du congrès wallon de 1906 qui se tient à Bruxelles. En
novembre 1907, il lance, en collaboration avec Émile Jennissen, un
hebdomadaire de combat : Le Réveil wallon, inspiré des idées d’Albert
du Bois. Cet organe ne connaît que peu de succès et cesse de paraître dès le
mois de juin 1908.
Lors des élections législatives du 22 mai 1910,
H. Chainaye conduit à Bruxelles la première liste d’action wallonne qui voit
le jour dans les annales politiques belges. Intitulée Liste wallonne
bruxelloise anti-flamingante, elle défend comme programme la liberté absolue
dans l’étude des langues nationales à tous les degrés de l’enseignement, un
minimum d’exigences en connaissances linguistiques lors du recrutement des
fonctionnaires, l’instruction obligatoire avec libre choix de l’école par le
père de famille, l’unification des lois électorales, l’égalité et
l’allégement des charges militaires, la création de pensions ouvrières,
l’augmentation des pensions de vieillesse et la défense des intérêts des
commerçants, des employés et de la petite bourgeoisie. Bénéficiant du
soutien actif de la Ligue wallonne du Brabant, cette liste est la cible
d’attaques virulentes du Parti libéral qui l’accuse de faire perdre des voix
à l’opposition anticléricale. Sans être négligeables, les résultats sont
modestes : la liste recueille 4.148 voix ; H. Chainaye obtient 214 votes de
préférence.
Après cette campagne électorale, Hector
Chainaye ressuscite la Ligue wallonne d’Ixelles. En 1911, sous son
impulsion, une série de meetings anti-flamingants sont organisés par les
Ligues wallonnes du Brabant et de Liège, avec l’appui d’autres ligues
locales. Cette série de meetings débute à Liège le 29 janvier et se termine
à Bruxelles le 17 avril après avoir visité Namur le 19 février, Charleroi le
19 mars, Tournai le 2 avril et Mons le 9 avril. En mai de la même année, il
fonde l’hebdomadaire La Lutte wallonne, dont la devise est Wallon
avant tout ! Il se consacre corps et âme à la rédaction de cet organe de
bonne tenue jusqu’à ce que la mort vienne le frapper à Ixelles le 4
septembre 1913.