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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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BUISSERET Auguste

    Né à Beauraing le 16 août 1888, décédé à Liège le 15 avril 1965

Après des humanités à l’Athénée de Dinant et deux années de philosophie aux Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur, Auguste Buisseret termine des études de droit à l’Université de Liège (1913). Jeune avocat très brillant, il fait son stage à Paris, chez Me Florimond Dejardin, où il plaide avec son patron dans une affaire opposant Anatole France à son éditeur Lemerre. Inscrit au Barreau de Liège (2 décembre 1911), il assure la défense de plusieurs patriotes devant les tribunaux allemands pendant la Grande Guerre (1914-1918). Il sera arrêté trois fois par les occupants, condamné à mort et son exécution sera suspendue grâce à l’Armistice.

Fondateur-secrétaire-directeur de la Ligue internationale du Droit des Peuples (1919), homme politique libéral, Buisseret exerce d’abord son action à l’échelon communal. Conseiller communal à Liège (1930-1965), échevin des Finances et des Secteurs industriels (1934-1937), échevin de l’Instruction publique et des Beaux-Arts (1937-1939) il donne notamment mandat pour acheter à Lucerne des œuvres que le IIIe Reich considère comme un art décadent : Kokoschka, Ensor, Gaugin, Chagall et Picasso. À peine élu sénateur (1939), la Seconde Guerre éclate. Le 4 juin 1941, en même temps qu’Émile Jennissen, il est destitué de ses fonctions scabinales par l’Occupant. Ayant mené une action anti-rexiste et antifasciste, Auguste Buisseret est arrêté, relâché mais étroitement surveillé (1940-1943). Cela ne l’empêche pas, comme en 1914-1918, de défendre les patriotes devant les tribunaux et, clandestinement, d’être en contact avec la Résistance. Cependant, en 1943, le danger se précise et il décide de gagner l’Angleterre, comme l’a fait avant lui Georges Truffaut. À Londres, il devient conseiller juridique de plusieurs départements ministériels et, lorsque la guerre se termine, il est fait appel à lui comme ministre. À l’Instruction publique (1945, 1945-1946), il crée le Théâtre national, le Service de la jeunesse et le Fonds des bâtiments scolaires (supprimé par son successeur). À l’Intérieur (1946-1947), il contribue à la fondation du Conseil d’État… Après avoir été ministre des Travaux publics (1949-1950), il sera aussi question de l’envoyer, en tant que représentant de l’ONU, comme gouverneur de Trieste au moment où Italie et Yougoslavie se disputent ce territoire, et puis comme gouverneur de Jérusalem, avant la création de l’État d’Israël. Néanmoins, comme ministre des Colonies (1954-1958), il a l’occasion de s’occuper d’un problème hors frontière. Il fonde notamment l’Université d’Élisabethville mais ses efforts pour réorganiser, de fond en comble, la colonie belge se heurteront à de nombreuses oppositions ainsi qu’à un conservatisme pesant. Sénateur de Liège (1939-1946), sénateur provincial (1946-1949 ; 1949-1961), vice-président du Sénat (1947-1949), devenu bourgmestre de la ville de Liège le 1er janvier 1959, Auguste Buisseret devra se résoudre à abandonner son poste (1963) en raison de la maladie qui le mine et dont il mourra deux ans plus tard.

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Militant wallon de longue date, Auguste Buisseret est vice-président de la Garde wallonne (de Liège) en 1913 et est membre de l’Assemblée wallonne dès 1914 ; il participe à la relance de l’Assemblée en 1919. Collaborateur à L’Opinion wallonne (1917-1918), à La Jeune Revue wallonne (1919), à L’Étudiant wallon, Auguste Buisseret apporte sa contribution au lancement d’un nouveau périodique dénommé France-Wallonie, dont il est le secrétaire. Son programme ressemble à celui du Congrès de la section liégeoise de la Ligue internationale du Droit des Peuples ; l’accent est toutefois mis davantage sur la nécessité de resserrer les liens existant entre France et Wallonie (France-Wallonie, p. 3, col.2). Apportant son soutien à la Ligue des Lycéens wallons, Auguste Buisseret contribue au développement de la section de Liège des Amitiés françaises, avec Émile Jennissen et à celui des Gardes wallonnes, où il occupe le poste clé de président, avec Léon Clerx et Jean Plomdeur. Membre du comité de rédaction de L’Opinion wallonne (1920-1921), administrateur-rédacteur de En Garde (1921), membre du comité fondateur de la Garde wallonne autonomiste (10 décembre 1922-octobre 1923), Auguste Buissere t claque la porte de l’Assemblée wallonne, en juin 1923, en même temps que Jules Destrée et Émile Jennissen notamment. Il est en effet convaincu de la nécessité d’adopter un système fédéraliste pour remédier à la problématique wallonne. De ce fait, il désavoue la défense de la langue française en Flandre, principe soutenu par l’Assemblée wallonne, et rejette le statisme de cette dernière. Pendant toutes les années de l’Entre-deux-Guerres, Buisseret va contribuer au développement de la Ligue d’Action wallonne de Liège, dont il est l’un des fondateurs. Membre du comité du Cercle d’Études du Comité d’Action wallonne (1924), vice-président de la Ligue d’Action wallonne (1932), Auguste Buisseret est surtout le directeur de La Barricade (1922-1931), puis celui du journal mensuel L’Action wallonne (de 1933 au 15 février 1939), journaux d’action wallonne de haute tenue intellectuelle. Membre du comité de la section de Liège des Amitiés françaises (1937-1940), avec Georges Thone et Georges Truffaut, il entend prendre une part active dans l’organisation de nombreuses manifestations visant à défendre l’influence de la France en Belgique.

Dès le début des années vingt, les positions de Buisseret sont clairement exprimées : la Garde wallonne autonomiste ne croit plus en une Belgique unifiée et flamande, elle réclame d’emblée l’autonomie de la Wallonie comme solution transitoire et préconise le rattachement à la France comme but final. Cette position radicale s’inscrit en fait en réaction face à l’inertie de l’Assemblée wallonne ; comme le dit Buisseret : La Barricade (…) a suivi de près les derniers événements de l’Assemblée wallonne. Elle a été frappée du danger que courraient les idées autonomistes si leurs partisans ne se groupaient pas en un comité méthodiquement organisé. Nous croyons indispensable pour la conquête de notre idéal autonomiste de notre programme de décentralisation régionale ou provinciale la formation d’un comité autonomiste dans lequel seraient représentées toutes les parties de la Wallonie. Loin de nous l’idée de créer un décalque de l’Assemblée existante, de donner naissance à un organisme concurrent et rival. Néanmoins, ce mouvement portera le nom de Comité d’Action wallonne.

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En 1929, Auguste Buisseret fait partie de la Commission chargée de rechercher les bases d’une nouvelle politique à suivre et d’élaborer un projet de nouveau programme pour la Ligue d’Action wallonne. En 1930, il participe au premier congrès de la Concentration wallonne (septembre 1930) et devient même membre de la Commission créée par celle-ci afin de rechercher, dans le cadre de la Belgique, la forme institutionnelle destinée à solutionner le différend wallo-flamand. Après quelques mois de travaux, le choix de la Commission se porte sur un projet fédéraliste qui prévoit la reconnaissance de deux régions, la Wallonie et la Flandre, et du territoire fédéral de Bruxelles ; séparée par la frontière linguistique, chaque région est autonome et délègue au pouvoir central les seules compétences de la politique étrangère, de la défense nationale, de l’administration de la colonie et de l’établissement d’un système douanier ; quant à l’accès aux plus hauts grades de la hiérarchie administrative, il est permis avec la seule connaissance d’une des deux langues régionales. En 1931, il préside aux destinées de la Ligue d’Action wallonne de Liège. Ses professions de foi wallonne, Buisseret ne les limite pas aux cénacles du Mouvement wallon. Ainsi, par exemple, c’est devant l’assemblée du Parti libéral liégeois, que Buisseret réclame une décentralisation de l’État belge (1931). En 1934, lors du septième Pèlerinage à Waterloo, il succède à Jules Destrée à la tribune. Dans un discours improvisé, le directeur de L’Action wallonne affirme l’amitié qui unit les Wallons à la France. De 1934 à 1936, Buisseret est vice-président du bureau de la Concentration wallonne.

À partir de 1935, les articles et les caricatures de L’Action wallonne ont pour cible la montée du rexisme puis la politique dite d’indépendance adoptée, en 1936, par le roi et le gouvernement. Ils ne laissent aucun acteur politique indifférent et exercent une influence certaine sur l’opinion. Principal animateur de la Ligue d’Action wallonne, Buisseret démissionne de la présidence du mouvement et est remplacé par Georges Thone en octobre 1937 mais reste membre du comité. Les raisons paraissent tenir à la préparation d’une carrière politique à l’échelon national et à des oppositions internes de la Ligue d’Action wallonne. En janvier 1939, Auguste Buisseret démissionne de la direction du mensuel L’Action wallonne. En avril, il est élu sénateur. Il a 50 ans.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Auguste Buisseret n’abandonne pas ses options wallonnes ; il les affirme davantage dans les milieux où se prennent les décisions politiques. C’est ainsi qu’il dépose notamment une proposition de loi portant création de conseils consultatifs régionaux, proposition issue des délibérations du groupe parlementaire wallon et conforme, dans son principe, à la résolution adoptée par le Congrès national wallon lors de ses assises à Charleroi, le 12 mai 1946. Par ailleurs, Buisseret véhicule les revendications du Mouvement wallon dans les organes politiques nationaux qu’il fréquente. Ainsi, en 1952, dénonce-t-il au Sénat les mesures législatives prises en matière d’investissement, qui conduisent au pillage des provinces du sud au profit des provinces du nord, et qui sont un véritable encouragement au transfert de l’industrie wallonne en Flandre. Membre de Wallonie libre (1942-1965), membre du Comité permanent du Congrès national wallon (1945-1961), membre-fondateur d’un Mouvement wallon d’éducation populaire (1957), membre du Mouvement populaire wallon et du Mouvement libéral wallon (1962-1965), Auguste Buisseret, devenu bourgmestre, saisira l’occasion des fêtes de Wallonie pour prononcer des discours aux accents wallons souvent percutants. Acquis à la cause wallonne à l’intérieur d’un parti, le PLP, optant résolument pour une Belgique unitaire, il met les Wallons en garde contre l’agressivité presque maladive de certains Belges fanatisés qui tendent vers l’asservissement de la Belgique méridionale (1960) et prône l’union des Wallons pour faire obstacle aux ambitions démesurées d’une poignée d’impérialistes intolérants (1962).

 Paul Delforge

 

 

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