Professeur à
l’Université libre de Bruxelles (1928-1964), zoologue, sommité de niveau
international, Paul Brien se définit comme un homme resté ardent wallon
et hesbignon, collé et rivé à sa commune natale. Fondateur, président
puis président d’honneur du Comité de Vigilance des Intellectuels
antifascistes et président du Comité du Front populaire (1935-1936), il est
élu sénateur provincial du Brabant pour le Parti communiste (SBIC) le 22
juin 1936, comme candidat de Front populaire. Mais dès le 27 octobre 1936,
il démissionne. Dès l’occupation, Paul Brien est bien connu des autorités
occupantes pour ses idées politiques et son intransigeance à l’Université
libre de Bruxelles. En juin 1942, il est interrogé par des officiers de la
Gestapo, à Liège, à propos de son appartenance à l’association des Amis de
René Jadot, de son soutien aux républicains espagnols, de son activité
importante au CVIA, et de son appartenance à la franc-maçonnerie. Laissé en
liberté jusqu’en décembre 1942, Brien est alors arrêté dans son laboratoire
et emmené comme otage à la citadelle de Huy.
Coopté au sein
du Comité permanent du Congrès national wallon en 1945, Paul Brien en reste
membre jusqu’en 1948. Au moment où le Parlement s’apprête à appliquer en
pure et simple arithmétique électorale à la représentation parlementaire les
conséquences du recensement de population de 1947, il signe la pétition
La Wallonie en alerte. À l’instar de 52 autres académiciens et
professeurs d’université conscients de la fonction intellectuelle qu’ils
exercent dans la société, il souhaite empêcher la Chambre et le Sénat
de voter une loi qui condamnerait la Wallonie à la minorité perpétuelle
et demande qu’on lui garantisse l’existence en tant que nationalité.
Sans préjuger des formes de cette garantie que seuls les Parlementaires
peuvent définir, la pétition évoque néanmoins le fédéralisme et la formule
d’un Parlement paritaire. Affirmation de l’existence de la Wallonie au sein
de la Belgique, ce long texte public adressé aux présidents des deux
Chambres le 19 avril 1949 reste sans écho puisque la représentation
parlementaire flamande passera de 96 à 104 sans aucune compensation
effective pour les Wallons (1961). Membre de l’Association pour le Progrès
intellectuel et artistique de la Wallonie, au début des années soixante,
Paul Brien figure parmi les fondateurs du Rassemblement pour le Droit et la
Liberté et s’est élevé contre l’attitude intransigeante des Flamands et
défend avec passion le régime linguistique français à Bruxelles.
Cofondateur du FDF, il en a été le premier président (été 1964, 22 mai
1967). Pressenti pour figurer comme tête de liste FDF aux élections de 1965,
il argue de son état de santé et refuse ; membre du comité initial
d'organisation du Rassemblement pour le Droit et la Liberté (décembre 1963),
il a été un ardent défenseur de la langue française et de la libre-pensée.
Le 22 mai 1967, il est nommé président d’honneur du FDF.
Chantal Kesteloot