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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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Presse d’action wallonne

Congrès,associations et partis

   

BERTRAND Pierre

    Né à Liège le 6 juillet 1926, décédé à Liège, le 11 août 2014

Fils de Marcel Bertrand, Pierre Bertand est frappé par la guerre en pleine jeunesse, ce qui n’est pas sans favoriser une prise de conscience wallonne, en raison des événements. Son option wallonne émerge de la capitulation de mai 1940, du dualisme belge sous l’occupation, de la résistance menée depuis Londres par le général de Gaulle et du besoin de réformer la Belgique dans le sens fédéral. De sa scolarité bousculée, il retient surtout l’influence qu’exerce sur lui son professeur de français, qui n’est autre que Robert Grafé. Sans oublier le rôle paternel, cette influence n’est pas étrangère à l’adhésion de Pierre Bertrand à la cause wallonne. Au début 1942, il est recruté parmi les rédacteurs de Sambre et Meuse. En février, il décide avec Paul Dehousse, Christian Grafé, Jean Petit et André Schreurs, de fonder un mouvement clandestin destiné à toucher l’enseignement secondaire : Les Lycéens wallons. Leur première action consiste à distribuer La Wallonie libre, La Meuse ainsi que Sambre et Meuse dans les écoles liégeoises. Après quelques tracts publiés de façon indépendante en 1942, Les Lycéens wallons font paraître un clandestin, La Jeune Revue wallonne, dès le 1er avril 1943.

Avec d’autres membres de Jeune Wallonie – dont il est co-fondateur en 1942 – ou de Wallonie libre, Pierre Bertrand mène par ailleurs une action de résistance originale durant la Seconde Guerre mondiale en installant des piquets de garde aux alentours de la Werbestelle. Guettant l’arrivée de jeunes inconscients des conséquences d’un engagement, il les arrête et explique les dangers de leur démarche. Le 21 juillet 1943 cependant, Pierre Bertrand est arrêté par la Gestapo suite à une dénonciation et condamné à quatre mois de prison par le Conseil de guerre allemand. Le groupe des Lycéens wallons interrompt alors ses activités pendant un mois avant de se reconstituer sous le nom des Jeunesses estudiantines wallonnes, groupe qui publie, dès le 1er septembre, Jeune Wallonie. À peine libéré (octobre 1943), Pierre Bertrand reprend ses activités jusqu’à la victoire finale. Membre du réseau Aide wallonne aux Prisonniers français, il est aussi membre de la Brigade “ Front de l'Indépendance Jeune Wallonie ”, groupement armé dirigé par André Schreurs, dépendant des milices patriotiques du Front de l’Indépendance. Décidé à bouter les nazis dehors, à assurer la séparation de la Wallonie et de la Flandre, à instaurer une Wallonie indépendante et libre aux côtés d’une France libre, Pierre Bertrand se prononce en faveur d’un régime démocratique, anticapitaliste et républicain, assurant du travail à tous les citoyens. Outre une action par la presse clandestine, Pierre Bertrand pratique, au sein de Jeune Wallonie et du Front de l’Indépendance, d’autres formes de résistance : aide aux jeunes réfractaires au travail en Allemagne, fourniture de fausses pièces d’identité, hébergement et accompagnement de prisonniers français évadés.

Dès la Libération, avec le groupe des Lycéens wallons, Pierre Bertrand s’occupe activement d’un mensuel, L’Ergot, qui défend le fédéralisme et se montre incisif sur les questions d’actualité. Pierre Bertrand signe les principaux articles (censure du journal Le Gaulois, opposition à Léopold III, inciviques et collaborateurs). Pendant plusieurs mois, il participe aussi à une intense campagne de propagande (par conférences, meetings, débats, organisation de bals et placardage d’affiches), notamment en faveur de l’abdication de Léopold III, et à la préparation du Congrès national wallon d’octobre 1945. Membre du Comité liégeois et du directoire de la Wallonie libre, il est en contact avec André et Fernand Schreurs ; il participe aux congrès du Congrès national wallon de 1945 et de 1946 ; il refuse la place de secrétaire du Parti d’Unité wallonne que lui propose Victor Van Michel parce que, dit-il, j’étais opposé à l’idée d’autonomie développée par le parti wallon. La Wallonie ne peut devenir un État. Étudiant en droit à l’Université de Liège, Bertrand anime et préside l’Association wallonne des Étudiants de l’ULg. Docteur en droit de l’Université de Liège (1951), il suit la filière paternelle, en s’inscrivant au barreau de Liège, comme avocat.

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Sans affiliation politique jusque-là, Pierre Bertrand adhère au Parti socialiste belge en 1958. Trois ans plus tard, sa formation d’avocat l’amène à contribuer à la constitution du Mouvement populaire wallon. Membre fondateur de la section de Liège-ville, secrétaire de la section de Liège 3 (1961), il a l’honneur de prononcer le tout premier discours du Mouvement populaire wallon à Liège, avec Robert Lambion. Dans le cadre des manifestations de ce mouvement, il prendra d’ailleurs souvent la parole à l’occasion des nombreux meetings organisés dans les usines liégeoises et il est régulièrement au premier rang des manifestations dans les Fourons. En 1963, il fait partie du comité liégeois de patronage au pétitionnement et, l’année suivante, il démissionne du PSB suite à l’incompatibilité de mandat MPW-PSB décrétée par ce dernier (1964).

Présent ensemble dans la Résistance wallonne, et au sein du Mouvement populaire wallon, Pierre Bertrand et François Perin vont lier leur destin politique pendant douze années en contribuant à la formation puis au développement de partis wallons. Secrétaire général liégeois du Parti wallon des Travailleurs, Pierre Bertrand figure sur les listes de ce parti aux élections de 1965, en deuxième place à la Chambre, juste derrière François Perin qui est élu. Ensemble, ils sont parmi les fondateurs du Parti wallon (1965-1968). C’est Pierre Bertrand qui est d’ailleurs le rapporteur du congrès de fusion Front wallon/Parti wallon des Travailleurs en juin 1965 ; il y est désigné comme administrateur général du Parti wallon. Un an plus tard, au terme du premier congrès statutaire du parti, le président de la fédération liégeoise du Parti wallon est désigné comme secrétaire et directeur du Centre d’études. À ce titre, il est chargé de rédiger un rapport sur le statut de la condition féminine, un statut qui protège la femme travailleuse et la libère du rôle secondaire qui lui est imposé.

Membre du comité de la fédération de Liège de Wallonie libre (1968), membre du Rassemblement wallon à la formation duquel il participe, Pierre Bertrand est élu député (31 mars 1968-1974) puis sénateur (1974-1981) de l’arrondissement de Liège. Outre une importante activité de terrain, il développe le contenu doctrinal du nouveau parti dans les questions européennes, politiques et sociales notamment. Lors du congrès du Rassemblement wallon des 22 et 23 mars 1969, le président de la régionale de Liège répète son opposition à la création d’un Benelux politique, rappelle son soutien au combat des Fouronnais francophones et des habitants de Malmedy, et lance un appel pour la constitution rapide d’un pouvoir wallon de décision et pour l’élaboration du programme du premier gouvernement wallon. Favorable à la construction d’une Europe des Régions, il suit François Perin dans sa recherche d’une voie nouvelle entre socialisme, christianisme et libéralisme. Partisan d’une réforme profonde de la société, il prône le fédéralisme intégral comme système permettant à la Wallonie de se redresser.

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Membre du comité de patronage de la grande mobilisation wallonne du 19 avril 1969, Pierre Bertrand apporte ainsi son soutien à l’action lancée en 1968 par les quatre mouvements wallons, sur base du Memorandum réalisé par le Conseil économique wallon (1968) : il s’agit de mobiliser tous les Wallons pour obtenir au minimum une réelle décentralisation économique. Député, il ne ménage pas les coalitions gouvernementales, enfonçant ses opposants dans leurs contradictions et rappelant sans cesse le sort peu enviable réservé aux six communes de Fourons. En juin 1972, il dépose un amendement (Le canton de Fourons appartient à la région linguistique française) contre un amendement déposé par le gouvernement PSB-PSC (Le canton de Fourons appartient à la région linguistique néerlandaise). Discuté en Commission, le point sera reporté sine die. Il fait aussi adopter par le Conseil communal de Liège, où il est le chef de l’opposition, une motion contredisant une décision du ministre Van Elslande interdisant aux communes wallonnes de subsidier les Fourons. Au sein du Rassemblement wallon, Pierre Bertrand est aussi le spécialiste des matières culturelles (jeunesse, radio-télévision), européennes et internationales. Il sera d’ailleurs membre du Parlement européen (1974-1977) avant que celui-ci ne soit composé de membres élus au suffrage universel, mode d’élection que Pierre Bertrand avait depuis longtemps appelé de ses vœux. Défenseur d’un fédéralisme où communes, régions et Europe constituent les seuls niveaux de pouvoir, Pierre Bertrand défend le projet d’une Ligue des Villes wallonnes, afin de pouvoir peser sur le pouvoir central (1975). Fort de ses succès électoraux successifs, le Rassemblement wallon est invité à participer à la direction des affaires de l’État. En décembre 1974, le Conseil régional wallon créé à la suite de la loi Perin-Vandekerkhove se réunit pour la première fois à Namur et Pierre Bertrand est l’un des deux vice-présidents de cette assemblée.

S’il avait accompagné François Perin au moment où se créaient les premiers partis wallons, Pierre Bertrand refuse la démarche du professeur de droit constitutionnel lorsque celui-ci fonde le PRLw (1976-1977). Pierre

Bertrand estime que François Perin se fait duper par Jean Gol, Étienne Knoops et Philippe Monfils. En réaction au groupe CRéER, Pierre Bertrand fonde le Club d’action wallonne pour le fédéralisme et les réformes de structure. Représentant principal de la tendance Gendebien à Liège, Pierre Bertrand entend rester fidèle à ses options politiques de toujours. Lors du remaniement ministériel de l’hiver 1976-1977, Pierre Bertrand est désigné comme ministre au sein de l’équipe gouvernementale dirigée par Léo Tindemans (Tindemans II, décembre 1976-mars 1977). Ministre adjoint aux Affaires économiques, il est chargé de la politique de l’eau, de la chasse, de la pêche et des forêts. Mais la participation gouvernementale du Rassemblement wallon n’est pas acceptée par la totalité des membres du parti. Les tensions demeurent. Au printemps 1977, les ministres Rassemblement wallon sont défenestrés par Léo Tindemans.

Chef de groupe RW-FDF au Sénat, Pierre Bertrand refuse de voter en faveur des lois de 1980 portant sur la réforme de l’État, considérant qu’elles sont timorées et qu’elles présentent plus d’inconvénients que d’avantages. Pressenti pour reprendre la présidence du Rassemblement wallon, il décline l’offre qui lui est faite (1980). Inscrit sur les listes liégeoises du RPSW, le conseiller communal de Liège qu’il est depuis 1970 devient échevin de la Culture et du Tourisme en 1983. Il retrouve alors le Parti socialiste qu’il avait quitté vingt ans plus tôt. Il mettra un terme à sa carrière politique en 1988, à la fin de son mandat d’échevin. Ressentant la Belgique comme un étouffoir, Pierre Bertrand n’est pas insensible à un rapprochement avec la France, du moins, dans un premier temps, d’un point de vue culturel.

 Paul Delforge

 

 

 

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