Ingénieur civil
mécanicien et ingénieur civil électricien de l’Université de Liège (1935),
Charles Baré débute sa carrière professionnelle comme ingénieur dans
l’entreprise des pneus Englebert. Mobilisé durant la Campagne des Dix-huit
Jours (mai 1940), Charles Baré arrive en France, évite de justesse les
geôles de l’occupant allemand et s’inscrit à l’Université catholique de
Louvain où enseigne le professeur Léon H. Dupriez qui avait lui-même
poursuivi ses études à Cambridge auprès de John Maynard Keynes. Licencié en
sciences économiques de l’UCL (octobre 1940-juillet 1942), Charles Baré est
engagé par la Société belge de l’Azote, entreprise dynamique dirigée par
Louis Lepage.
En 1942, Charles
Baré participe aux travaux du Conseil économique wallon clandestin que
dirige alors Englebert Renier et dont le secrétaire est l’avocat René
Moressée. Il participe à quelques réunions du Rassemblement démocratique et
socialiste wallon, où il siège sous le nom de code de Bar
(1942-1943). En 1944, Charles Baré devient le bras droit de Louis Lepage.
Occupé auprès du Haut Commissaire à la Défense de la Population civile, à
savoir Louis Lepage, Charles Baré est aussi chargé de mettre en place le
Conseil national wallon de la Radiodiffusion et le Conseil économique
wallon. Organisateur remarquable, animateur dynamique, économiste brillant,
Charles Baré est remarqué par Édouard Frankignoul, Georges Thone et Albert
Dewandre notamment et est choisi pour être le premier administrateur délégué
du Conseil économique wallon dès le 21 juillet 1945, date du dépôt officiel
des statuts ; pendant ses sept années à la tête du nouvel organisme
économique wallon, Charles Baré fait du Conseil économique wallon une des
organisations wallonnes les plus importantes. Attiré par des fonctions
européennes à Luxembourg, en 1952, Charles Baré laisse à son successeur un
outil de travail de grande qualité.
Membre du Congrès
national wallon, Charles Baré assiste aux réunions de son Comité permanent
(1947-1952) ; néanmoins, responsable du Conseil économique wallon, il
conserve une très grande indépendance par rapport au Congrès wallon,
notamment lorsqu’il est chargé de rédiger le rapport des griefs wallons,
remis en 1947 à Paul-Henri Spaak. En avril 1945, Charles Baré fonde L’Opinion
wallonne, une revue d’un genre nouveau afin d’informer les Wallons de
l’évolution des esprits au sud de la frontière linguistique depuis 1940.
La revue publie des articles choisis principalement dans la presse wallonne
et qu’elle juge significatifs. Au lendemain de la Question royale (26 août
1950), Charles Baré fait partie d’un comité des sages du Comité permanent du
Congrès national wallon chargé d’évaluer la situation du moment. Durant les
longs travaux du Centre Harmel, Charles Baré figure parmi les invités, à
titre d’expert, de la section “ économie ”. C’est aussi à Charles Baré que
l’on doit la publication des premiers numéros de la revue Économie
wallonne et de la Chronique du Conseil économique wallon. Chargé
du cours de science économique à la Faculté technique de Charleroi
(1950-1954), rapporteur général du colloque économique européen (Mons, 17
décembre 1949), Charles Baré obtient du conseil d’administration du Conseil
économique wallon que celui-ci devienne membre de l’Union européenne des
Fédéralistes, association dont le siège était à Paris et avec laquelle le
Conseil économique wallon collabora activement. Convaincu de la nécessité de
créer une Europe unie et forte, il mène un combat opiniâtre en faveur du
fédéralisme européen et du Plan Schuman.
C’est d’ailleurs
à l’occasion d’un rapport sur la nature du Plan Monnet et son influence sur
la construction européenne, rédigé pour l’Union européenne des Fédéralistes,
qu’il fait la rencontre du Père de l’Europe, auquel le rapport sera soumis.
Lorsqu’il posera sa candidature à la Haute Autorité de la CECA, Jean Monnet
voudra qu’il soit nommé conseiller dans l’administration de la Haute
Autorité. Il travaille à Luxembourg de décembre 1952 à 1968 et ensuite comme
fonctionnaire de la Commission européenne à Bruxelles (1968-1977). Il y est
proche de Jean Rey avec lequel il avait beaucoup travaillé au Conseil
économique wallon, lorsque celui-ci prend la présidence de la Commission
européenne. Charles Baré reste attaché à la défense des intérêts wallons. En
1955, il assiste au deuxième Congrès culturel wallon et accepte de devenir
membre de son Comité permanent.
Paul Delforge