Dès ses études à l’Université
catholique de Louvain, Willy Bal développe une conscience
wallonne très affirmée. Animateur du Cercle de Culture wallonne
de Louvain et chroniqueur de littérature wallonne à l’INR, il
est aussi rédacteur en chef de L’Ergot entre 1935 (21
octobre) et 1937, organe de la Fédération wallonne des Étudiants
de Louvain. Liant la dimension linguistique à la dimension
politique et sociale, il se rallie très tôt au fédéralisme, au
programme de la Ligue d’Action wallonne, ainsi qu’au journal
La Wallonie nouvelle d’Arille Carlier et de l’abbé Mahieu,
et il collabore au comité de rédaction de la revue La Terre
wallonne (1933-1938) d’Elie Baussart, auquel il consacrera
un ouvrage dans les années 1970.
Jeune soldat en 1940, il est fait
prisonnier sur la Lys avec le peloton du 12e Régiment
de ligne qu’il commande. Comme 65.000 autres prisonniers de
guerre wallons, il passera cinq années de captivité dans les
camps allemands. En 1995, à l’occasion de l’hommage rendu par le
gouvernement wallon aux prisonniers de guerre, Willy Bal
rappellera, dans un texte intitulé Témoignage d’un Stück,
les conditions de vie d’une génération de jeunes Wallons
auxquels Hitler reconnaîtra l’identité wallonne. Toute sa vie,
Willy Bal restera un défenseur de l’autonomie wallonne, le
manifestant en participant au Congrès national wallon de 1945 ou
en étant l’un des signataires de la Nouvelle Lettre au roi
pour un vrai fédéralisme, en 1976.
Docteur en Philosophie et Lettres
de l’Université de Louvain (1938), Willy Bal entame une carrière
d’enseignant au lendemain de la Libération. Après l’Athénée de
Marchin (1946-1956), il devient professeur à l’Université
Lovanium de Léopoldville (1956-1965), où il est le doyen de
la faculté de Philosophie et Lettres de 1962 à 1965. Comme
professeur de linguistique générale et romane, ainsi que
d’histoire de la littérature wallonne à l’Université de Louvain
(1965-1984), il marque plusieurs générations d’étudiants par son
érudition et contribue au développement de la dialectologie
wallonne dans cette institution. À son retour du Congo-Zaïre, il
est plongé dans l’atmosphère tendue du Walen buiten et
sera très marqué par l’expulsion des francophones de Leuven.
Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres (1968-1973),
vice-président du Conseil académique de l’Université catholique
de Louvain (1970-1973), il est encore le fondateur d’un Centre
d’études portugaises à l’UCL. En 1984, il est admis à
l’éméritat.
Défenseur et promoteur de la
culture et des langues régionales, et singulièrement du wallon,
Willy Bal est l’auteur de textes en wallon ou sur le wallon, le
poète et écrivain régionaliste se doublant d’un expert en
dialectologie et ethnographie wallonnes, bon connaisseur du
folklore et de la vie quotidienne régionale. Même dans les
différents genres littéraires qu’il pratique, Willy Bal
introduit une réflexion sur la société wallonne, intègre une
dimension citoyenne et personnelle. Craignant la disparition des
langues régionales, il s’est engagé très tôt dans la lutte pour
leur préservation, leur attribuant une fonction de témoin du
passé et une vertu de maillon linguistique.
Éditeur
scientifique (3 vol. 1985-1991) du Dictionnaire de l’Ouest
wallon qu’avait élaboré Arille Carlier, Prix de la Pensée
wallonne en 1985, Willy Bal a collaboré à de nombreuses revues
wallonnes : La Vie wallonne, El Bourdon, Les
Cahiers wallons, La Wallonie dialectale, Les
Dossiers du Cacef, MicRomania.
Membre de la Commission de
Toponymie et Dialectologie (1948), membre de la Société de
Langue et de Littérature wallonnes (1953), membre de l’Académie
de Langue et de Littérature françaises de Belgique (au titre
d’écrivain) où il succède à Joseph Calozet (1969), membre du
Conseil international de la Langue française (1981), membre du
Conseil international de la Recherche en Linguistique
fondamentale et appliquée, vice-président du Conseil
interrégional des Études françaises, et président scientifique
de l’Inventaire des particularités lexicales du français en
Afrique noire, il est encore un membre assidu du Conseil des
Langues régionales endogènes de la Communauté française, en
qualité de membre effectif (1991), puis de membre honoraire
(1997).
Paul Delforge
D’après
Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut
Destrée, 2000, t. I, p. 113-114 |