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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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Moulinas Georges

    Né à Ixelles le 2 décembre 1885, décédé à une date inconnue 

Fils d’un fonctionnaire au ministère des Chemins de fer originaire du Hainaut, Georges Moulinas est diplômé en droit à l’Université libre de Bruxelles en 1909, devient stagiaire auprès de Me L. André (1909), puis avocat à la Cour d’Appel de Bruxelles (1913). Jusqu’alors, Moulinas ne semble pas avoir été en contact avec le Mouvement wallon.

Durant la Grande Guerre, Georges Moulinas considère qu’il convient de s’accommoder et, si possible, tirer parti de la séparation administrative réalisée par les Allemands. La rumeur se fait plus forte quant à une paix de compromis et les revendications flamandes semblent trouver de plus en plus de satisfactions de la part de l’occupant. Dès lors, Moulinas accepte les propositions de l’occupant allemand de devenir directeur de la protection de l’enfance à Namur et directeur de l’administration de la Justice installée à Namur ; il démissionne alors de son poste de juge suppléant à la justice de Paix de Saint-Josse-ten-Noode. Il aurait réalisé une étude sur la réforme de la magistrature, qu’il ne croyait pas pouvoir appliquer avant la signature de la paix.

Invité par Oscar Colson à signer le manifeste Au Peuple de Wallonie (1er mars 1918), il devient membre du Comité de Défense de la Wallonie et, en son sein, aurait été le responsable d’un Bureau de presse. Partisan de l’émancipation politique de la Wallonie dans le cadre de la Belgique, il entend ainsi poser la question wallonne sur le plan international et défendre les intérêts wallons face au danger qu’il identifie venir du Raad van Vlaanderen et des indépendantistes flamands.

Rédacteur occasionnel de L’Avenir wallon, il fait part de Réflexions d’un Wallon sur la Bataille des Éperons d’Or où se mêlent anti-flamingantisme et amour de la France : « Pourquoi nous en cacherions-nous ? Le 11 juillet 1302 sera toujours pour nous une date sinistre. Le souvenir de cette date sera toujours particulièrement douloureux à notre cœur. La journée des Éperons d’Or est une défaite française, c’est aussi une défaite wallonne ».

À plusieurs reprises, Georges Moulinas prend publiquement la parole. Animateur du groupe l’Avant-Garde wallonne, il donne une conférence sur le Symbolisme dans la littérature, en avril 1918. Au sein d’un Centre de formation établi au Casino de Namur, Moulinas donne encore quelques cours de droit administratif aux jeunes « fonctionnaires ». Au théâtre de Namur, le 24 juillet 1918, lors d’une fête de charité, il présente le programme politique fédéraliste du Comité de Défense. En juillet toujours, il prononce une conférence à l’Eden, où il fait le bilan de la séparation administrative et demande que l’on défende l’idée d’une Wallonie libre au sein d’une Belgique indépendante.

Après l’Armistice, l’opinion publique se déchaîne. Arrêté le 21 novembre 1918, emprisonné immédiatement, Moulinas est rapidement jugé. En mars 1919, il comparaît devant le Conseil de Guerre. Déjà rayé de l’Ordre des avocats sur décision du Conseil de l’Ordre du Barreau de Bruxelles, Moulinas se voit reprocher d’avoir signé le manifeste du 1er mars 1918, d’avoir collaboré au journal L’Écho de Sambre et Meuse et d’avoir accepté la place de directeur au ministère wallon de la Justice. On lui reproche aussi d’avoir posé divers actes de politique séparatiste militante, notamment d’avoir pris la parole lors d’un meeting wallon au théâtre de Namur. Au cours du procès, l’accusation porte sur une correspondance déguisée que les responsables du journal L’Écho de Sambre et Meuse auraient entretenue avec les prisonniers belges dans les camps allemands et dont le but était de les éloigner de l’union nationale. Il est également reproché à Moulinas un article de L’Écho dirigé contre les magistrats belges en grève. Fondamentalement, il est reproché à Moulinas d’avoir sapé l’unité nationale, ainsi que soutenu l’ennemi par le fait d’avoir défendu la séparation administrative. Il est alors condamné à douze ans de réclusion. Réduite à trois ans par le ministre de la Justice Émile Vandervelde, sa condamnation est mise en corrélation avec celles prononcées par la suite à Namur. En 1921, après vingt-sept mois de prison, Moulinas recouvre la liberté.

Après s’être essayé dans la publicité, l’ancien avocat à la Cour d’Appel de Bruxelles devient commis voyageur en cartes postales…. Ses anciens collègues comme le bâtonnier Botson l’aident à se réinsérer. N’ayant reçu aucune révocation officielle de la Cour de Cassation, il demeure toujours juge suppléant. Absent du Mouvement wallon avant-guerre, Moulinas ne sera membre d’aucune association wallonne après l’Armistice.

 

Paul Delforge

 

Paul Delforge, La Wallonie et la Première Guerre mondiale. Pour une histoire de la séparation administrative, Namur, Institut Destrée, 2008

 

 

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