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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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Lorand Georges 

    Né à Namur le 14 mai 1860, décédé à Aix-les-Bains (France) le 31 août 1918 

Docteur en droit de l’Université libre de Bruxelles (1880), diplômé de l’Université de Bologne, père de Firmin Lorand, Georges Lorand accomplit une double carrière d’homme politique et de publiciste, après avoir été avocat. Stagiaire auprès de Mes Hector Denis puis Paul Janson, sa célébrité remonte au procès de l’anarchiste Cyvoet, dont il était le défenseur. Secrétaire général de la Fédération progressiste depuis sa fondation, il incarne le courant radical au sein du parti libéral. Élu député libéral de l’arrondissement de Virton (14 octobre 1894-1900) puis de Neufchâteau-Virton (27 mai 1900-31 août 1918), Lorand écrit dans plusieurs journaux libéraux de Wallonie. Entré à La Réforme en 1884, il en devient le rédacteur en chef en avril de la même année et le restera jusqu’en 1896. S’intéressant particulièrement à la politique étrangère, il rédige un nombre important d’articles ; il figure parmi les adversaires les plus déterminés du régime léopoldien au Congo ; en 1897, il signe plusieurs articles sur la politique intérieure. Actionnaire-fondateur de la société La Réforme, ce défenseur résolu du suffrage universel est membre fondateur de l’Association de la Presse belge (1885) – il en deviendra l’un des présidents (1898-1899) –, fondateur du journal parisien L’Aurore, dont il est l’un des correspondants. Apportant aussi des articles à El Secolo de Milan et à la Revue politique et Parlementaire de Paris, il est rédacteur à L’Express et contribue à la fondation du Ralliement, journal « dissident » de La Réforme et dont il est membre du comité de direction. Personnalité majeure du mouvement libéral de la fin du XIXe siècle, Georges Lorand est l’auteur de plusieurs ouvrages dont La Nation armée, Le Referendum et Démission ! Dissolution ! Président de la Ligue des Droits de l’Homme, il préside aussi les manifestations internationales de la Libre pensée en Belgique.

À la Chambre, en novembre 1896, Georges Lorand s’efforce de démontrer que le wallon n’est qu’un patois et demande que l’on fasse pour les Belges qui parlent l’allemand la même faveur qu’aux Flamands ; nous aurons donc des textes législatifs trilingues. Apporté à la proposition De Vriendt sur les textes juridiques en flamand dans les publications officielles, l’amendement Lorand est repoussé par 92 voix contre 3 et une abstention. Pourtant, Lorand n’en démord pas : parfois contre l’avis de ses collègues wallons, il défend le principe de l’égalité des langues, et son application pratique. En 1898, il vote en faveur de la loi dite d’égalité et rappelle régulièrement qu’il est « un vieil ami des revendications légitimes des Flamands quant à leurs droits linguistiques ». Avec constance, il défend l’idée que chaque Belge soit jugé, administré, instruit et commandé dans sa langue ; il demande cependant un effort de la part de l’administration qui doit se mettre à l’écoute de la population, voire de ses dialectes. Il privilégie une connaissance suffisante de toutes les langues à une connaissance obligatoire et attestée.

Pendant de nombreuses années, il se fait le défenseur acharné et résolu d’une réforme électorale introduisant le principe de la proportionnelle. Au Parlement, il vote en faveur de l’ensemble des lois linguistiques qui lui sont soumises, avant de se positionner hardiment dans le combat wallon à l’issue des élections législatives de 1912 qui marquent l’échec du cartel socialiste-libéral au niveau belge.

Partageant alors les prises de position de Jules Destrée, Lorand devient l’un des premiers délégués du Luxembourg à l’Assemblée wallonne de 1912 à 1914. Le secrétaire général lui confie d’ailleurs la présidence de la Commission des Affaires étrangères. Se plaçant sur le terrain de l’économie, Georges Lorand déclare que la Wallonie est assez grande, assez riche, assez active pour être un état autonome et se donner des lois. Le 13 juin 1912, le député libéral du Luxembourg constate que l’on ne connaît pas suffisamment en Belgique le mécanisme des libres institutions suisses et américaines pour parler de fédéralisme. Comparant la Wallonie à des Länder allemands, il estime qu’elle est suffisamment forte pour acquérir le même statut que ceux-ci. Lorand fait aussi allusion au Home Rule que l’Angleterre vient d’accorder à l’Irlande.

La Grande Guerre ne lui permettra pas de poursuivre son action au sein du Parlement informel de Wallonie ; d’ailleurs, dès 1914, il semblait s’éloigner quelque peu de son engagement wallon. Au cours de plusieurs missions en Italie au service du gouvernement belge, il donne des conférences où il défend notamment l’idée que la Belgique existe depuis plus de 500 ans, qu’elle a toujours été bilingue et que la question des langues est une affaire intérieure qui ne concerne pas les grandes puissances. Le 1er janvier 1918, il avait été nommé par le gouvernement du Havre membre du Conseil des ministres, en même temps qu’Émile Brunet, Prosper Poullet et Paul Hymans. Le choix de sa personne devait sans doute contribuer à renforcer l’aile libérale progressiste et wallonne du gouvernement. Ce ne sera pas le cas car Lorand se démarque lui-même de son activité wallonne des années 1912-1914 et renie d’avoir défendu l’idée d’une séparation administrative. Il n’aura pas l’occasion d’expliquer clairement quelle était finalement sa position puisqu’il est emporté par la mort en août 1918.

 

Paul Delforge

 

Paul Delforge, La Wallonie et la Première Guerre mondiale. Pour une histoire de la séparation administrative, Namur, Institut Destrée, 2008

 

 

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