Institut Destrée - The Destree Institute

               Accueil

Organisation

Recherche scientifique

Education permanente

Conseil

Action

Evénements

 

 
Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

A

B

C

D

E

F

G

H

I

J

K

L

M

N

O

P

Q

R

S

T

U

V

W

X

Y

Z

 

   

Hubin Georges 

    Né à Bouvignes le 18 mars 1863, décédé à Modave le 29 juillet 1947 

Georges Hubin est le fils d’un maçon originaire de Moha. Tôt revenu dans la région hutoise, il est tour à tour ouvrier à la fonderie Nestor Martin, tailleur aux fours à chaux de Moha puis sculpteur en pierres. Membre actif du Parti ouvrier belge, conseiller communal à Vierset-Barse, où il s’est établi, de 1894 à 1932, échevin de cette même localité durant 36 ans (1896-1932), élu au conseil provincial de Liège (1894-1898), député de l’arrondissement de Huy (22 mai 1898-1900) puis du nouvel arrondissement de Huy-Waremme (27 mai 1900-1946), Georges Hubin participe à toutes les luttes sociales que mène le mouvement ouvrier au début du xxe siècle. Jusqu’au premier conflit mondial, ce socialiste ardent mais pragmatique témoigne une bienveillance détachée envers la question wallonne. S’il figure parmi les représentants hutois de la première Assemblée wallonne, il n’assiste pas à ses séances (1912-1914, 1919-1940).

Volontaire de guerre en 1914 – à 51 ans ! –, Hubin effectue un bref séjour au front avant de se retrouver l’année suivante président de la commission de recrutement à Versailles. Farouche défenseur, en 1913, de la création de régiments flamands et wallons à l’armée, ou plus exactement d’un recrutement régional sans se préoccuper de questions linguistiques, Georges Hubin change radicalement d’avis en 1919 et défend le principe d’une armée nationale, unie, sans régiments régionaux. Pendant six mois, il a commandé deux compagnies d’instruction et cette expérience lui a fait comprendre que les difficultés des miliciens sont moins dues à la question linguistique qu’à la manière dont usent les officiers pour diriger les troupes. Repoussant les griefs flamands à l’égard des vexations qu’auraient subies les soldats flamands sur le front, il souligne que les miliciens wallons ont vécu les mêmes situations, tant sur le front que dans les camps de prisonniers. De 1916 à 1918, Hubin séjourne à Paris.

Unitariste bon teint à l’Armistice, on le voit lutter au Parlement contre les « Aktivistes » flamingants et rompre plus d’une lance en faveur du maintien de l’Université française de Gand. L’élection de Borms, en 1928, lui fait ouvrir les yeux. Lors du premier congrès de la Concentration wallonne (27-28 septembre 1930), il reconnaît lui-même avoir changé rapidement d’avis en raison des événements. Il déclare solennellement que l’heure des discussions sur les questions linguistiques est dépassée et que, désormais, le débat doit porter sur la manière de vivre avec la Flandre. Conscient de la difficulté de réunir tous les Wallons autour d’un programme commun, il souligne que l’unanimité se réalise cependant sur ce que refusent les Wallons : ils ne veulent plus être exploités par la Flandre sur aucun terrain. Rallié au fédéralisme, il fait partie de la commission interne à la Concentration wallonne créée afin de rechercher, dans le cadre de la Belgique, la forme institutionnelle destinée à résoudre le différend wallo-flamand. Après quelques mois de travaux, le choix de la Commission se porte sur le projet fédéraliste, seul moyen d’encore maintenir unis, dans le cadre de la Belgique, les deux peuples, en fait séparés. Le projet élaboré était un simple contrat qu’il s’agissait d’établir entre Wallons et Flamands. Il prévoit la reconnaissance de deux régions, la Wallonie et la Flandre, et du territoire fédéral de Bruxelles ; séparée par la frontière linguistique, chaque région est autonome et délègue au pouvoir central les seules compétences de la politique étrangère, de la défense nationale, de l’administration de la colonie et de l’établissement d’un système douanier ; quant à l’accès aux plus hauts grades de la hiérarchie administrative, il est permis avec la seule connaissance d’une des deux langues régionales. Georges Hubin signe, le 18 octobre 1931, le projet de Constitution fédérale élaboré par cette association. Néanmoins, il n’exprime pas de préférence particulière pour une formule provincialiste ou régionaliste, tant qu’elle permette à la Wallonie de se développer librement dans le cadre de la civilisation latine. Lors du quatrième congrès de la Concentration wallonne (1933), il tient un discours ferme en faveur du fédéralisme qui, à ses yeux, est le seul système capable de garantir l’intégrité de la Wallonie. À la Chambre, il déclare, sans être démenti, que les Wallons payent les deux tiers des impôts que dépensent les Flamands. Il participe souvent aux pèlerinages de Waterloo. En 1938, il est membre du comité d’honneur du premier Congrès culturel wallon qui se tient à Charleroi.

Au cours du premier congrès des socialistes wallons de janvier 1938, Georges Hubin présente à ses collègues un rapport où sont soulignées les tendances inquiétantes qui se font jour à l’intérieur du Mouvement flamand. Il y déclare notamment : « C’est peut-être moins comme Wallons que comme démocrates que le mouvement flamand nous a toujours inquiétés ». C’est, en effet, qu’à côté des revendications d’une indiscutable justice, il revêtait des aspects racistes et totalitaires qui ne peuvent conduire qu’à l’oppression des consciences et à la négation de la liberté individuelle. Sa francophilie, aussi affirmée que sa germanophobie (un de ses enfants était mort dans un camp allemand en 1914-1918), l’incite à s’opposer farouchement à la politique dite d’Indépendance qui se révèle dans la pratique un retour à la neutralité. À l’occasion de ce congrès des socialistes wallons, il réclame aussi une politique militaire axée sur une couverture terrestre et une couverture aérienne. Lors du IIe congrès des socialistes wallons (Charleroi, 11 juin 1938), il présente un rapport sur La question des allocations familiales. Lors du IIIe congrès des socialistes wallons, il est l’auteur du rapport consacré au Problème des langues en Belgique.

Le 5 septembre 1939, il quitte la Belgique avec fracas pour s’enrôler dans la légion étrangère. Il avait alors 76 ans… Naturellement refusé en raison de son âge, Hubin donne toutefois au journal de Léon Blum, Le Populaire (du 10 septembre) une interview où il attaque l’attitude des dirigeants responsables de la neutralité belge. « (…) Ce sont les cordes les plus basses, les plus méprisables que l’on fait vibrer, l’égoïsme et la peur ». Le roi semblait visé. La droite catholique et l’extrême-droite rexiste s’en prennent à lui par voie de presse dès son retour en Belgique. Quelques mois plus tard, Hubin s’illustre en plein Parlement en crachant à la face de Degrelle qui avait mis en cause son honneur de militant politique. À nouveau volontaire de guerre le 10 mai 1940, il s’exile dans le Midi de la France, à Verdun-les-Cabannes, après la capitulation de l’armée belge. Il ne regagne son pays qu’après la Libération. Nommé ministre d’État le 3 septembre 1945, membre du Congrès national wallon, Hubin s’éteint à Modave le 29 juillet 1947.

 

Alain-Colignon - Paul Delforge

 

 

L'Institut Destrée L'Institut Destrée,
ONG partenaire officiel de l'UNESCO (statut de consultation) et 
en statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social
des Nations Unies (ECOSOC) depuis 2012
  The Destree Institute The Destrée Institute,
NGO official partner of UNESCO (consultative status) and 
in Special consultative status with the United Nations Economic
and Social Council (ECOSOC) since 2012 

www.institut-destree.eu  -  www.institut-destree.org  -  www.wallonie-en-ligne.net  ©   Institut Destrée - The Destree Institute