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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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 HOYAUX Jacques

     Uccle 16/06/1930, Watermael-Boitsfort 11/02/2013

C’est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que Jacques Hoyaux embrasse la cause wallonne. À l’Athénée d’Uccle où il effectue ses humanités et où le préfet n’est autre qu’Albert Peeters, il s’occupe du Cercle d’études wallonnes, dont il est successivement trésorier et président (1945-1948). Quand il entame des études de Droit à l’Université libre de Bruxelles, il découvre le Cercle des Étudiants wallons, encore fortement marqué par l’Occupation et la Résistance et en dévient le président en 1953. Docteur en Droit de l’Université libre de Bruxelles (1954), Jacques Hoyaux exerce diverses fonctions avant de s’occuper d’aménagement du territoire et de devenir secrétaire de la Fédération belge de l’Urbanisme et de l’Habitation (1957-1960). En 1960, il regroupe ses activités professionnelles et militantes à Charleroi. Professeur à l’Université du Travail Paul Pastur (1960) puis, plus tard, à l’Institut provincial des Sciences appliquées (IPSSA), il est actif dans les sections socialistes depuis son affiliation en 1952.

Dans le mouvement wallon, on milite à l’Association touristique de Wallonie, à la Fédération de Charleroi de Wallonie libre, il participe aux congrès du Congrès national wallon et, après la grève de l’hiver ’60-’61, est membre de la section de Charleroi-ville du Mouvement populaire wallon, du directoire de Wallonie libre, et de la Délégation permanente des Quatre Mouvements wallons. Au sein de la CGSP et de la FGTB, il plaide en faveur d’une ouverture des syndicats à la dimension wallonne. En tant que membre de la sous-commission culturelle du Comité permanent d’études et d’action des socialistes wallons (1961-1962), Jacques Hoyaux exige une véritable autonomie culturelle au profit de la Wallonie, ainsi que la reconnaissance d’une communauté wallonne et de son intégrité française. Partisan d’une fédéralisation de la Belgique, il suggère d’attribuer les compétences culturelles à chacune des trois chambres régionales (bruxelloise, flamande et wallonne) et réclame l’établissement d’un ministère unique de l’Éducation et de la Culture placé sous la direction d’un ministre wallon, compétent en matière culturelle, d’enseignement et d’emploi des langues.

Devenu président de la section PSB de Lambusart – il le sera pendant vingt ans – J. Hoyaux est l’auteur, en septembre 1963, d’un rapport où il revendique la fédéralisation du parti « (…) un impératif absolu ». Il est l’objet de vives critiques de la part de la Fédération socialiste de Charleroi. Pendant quelques semaines, il est même interdit de parole devant les sections. En 1969, Lucien Harmegnies, ministre de l’Intérieur, propose à Jacques Hoyaux d’être candidat à la Commission permanente de Contrôle linguistique. Dès le mois d’août et jusqu’en 1974, il préside la section française de la CPCL et rend cohérence à la représentation de la Wallonie et de Bruxelles. En 1972, Jacques Hoyaux devient conseiller au Cabinet de Lucien Harmegnies, désormais ministre de la Coopération au Développement dans le dernier gouvernement de Gaston Eyskens. Cet intérêt pour la coopération sera constant. En 1973, il est encore chargé de mission auprès de la députation permanente du Hainaut et spécialement auprès de Richard Carlier.

Candidat au Sénat aux élections de mars 1974, Jacques Hoyaux (2.681 vp.) entame son parcours parlementaire comme sénateur provincial du Hainaut. Il a fait campagne en affichant ses couleurs wallonnes face à un Rassemblement wallon où militent nombre de ses amis. Dans le gouvernement de Leo Tindemans, le Rassemblement wallon essaye de mettre en application l’article 107 quater introduit dans la Constitution en 1970. Ne disposant pas de la majorité des deux tiers, la majorité de Leo Tindemans adopte une loi ordinaire de régionalisation provisoire préparée par le duo Perin-Vandekerckhove. La loi du 1er août 1974 définit notamment les limites de la Wallonie, la dote d’un budget, de compétences, d’un Comité ministériel et d’un Conseil régional au rôle consultatif. Fortement tenté de soutenir et de participer à ses toutes premières institutions régionales wallonnes, Jacques Hoyaux se plie à la stratégie du PSB et, solidaire avec ses collègues socialistes wallons, boycotte les travaux d’un Conseil wallon, dont il est membre de droit (novembre 1974-mars 1977). Dans l’opposition, le PSB d’A. Cools va prendre la question de la régionalisation à bras le corps, poussé par ses fédérations wallonnes. Par le biais du mouvement wallon, Jacques Hoyaux multiplie les prises de position en faveur de l’implantation d’un Parlement wallon à Namur, en faveur de la régionalisation de l’administration et par conséquent pour que les grandes villes wallonnes accueillent des administrations compétentes pour toute la Wallonie. Progressivement un accord se réalise tant au sein du PSB, entre les ailes flamande, wallonne et bruxelloise, qu’avec la FGTB (juin 1976). Le 19 juin, le congrès de Jolimont dote les socialistes wallons d’un projet de régionalisation qui reçoit l’aval de la FGTB. Le 27 juin, à Bruxelles, le PSB-BSP quasi unanime adopte dans l’enthousiasme son plan de régionalisation définitive qui a fait l’objet d’un compromis entre les membres du bureau. Ce projet servira de référence durant la période de négociations qui s’ouvre ; il prévoit la suppression des provinces, des conseils culturels et du Sénat ; il crée trois régions (Wallonie, Flandre, Bruxelles) dotées de réels pouvoirs politiques (exécutif et législatif distincts du national) et financiers.

Lorsque le PSB revient aux affaires (printemps 1977), il impose à ses partenaires une négociation institutionnelle et les accords d’Egmont et du Stuyvenberg témoignent des fermes intentions du parti de J. Hoyaux. Reconduit directement au Sénat par les seuls électeurs (10.136 vp. en 1977), J. Hoyaux est choisi comme Secrétaire d’État aux Réformes institutionnelles dans le nouveau gouvernement de Leo Tindemans (3 juin 1977-20 octobre 1978). La nouvelle majorité supprime le Conseil régional wallon provisoire, mais conserve au sein de l’exécutif national le Comité ministériel des Affaires wallonnes, présidé cette fois par Guy Mathot et Jacques Hoyaux en fait partie (3 juin 1977-20 décembre 1978). Pendant de longs mois, il va s’attacher à transcrire en projets de loi les dispositions du Pacte d’Egmont et à préparer les textes mettant en place la régionalisation définitive ainsi que les statuts de la future Cour d’arbitrage. Achevant sa mission le 15 décembre 1977, aidé par un Cabinet composé notamment de Jean-Claude Damseaux, Philippe Quertaimont et Philippe Suinen, le ministre Hoyaux souligne que l’adoption rapide des textes permettra, dès l’année suivante, aux Conseils régionaux wallon, flamand et bruxellois de prendre des ordonnances ayant force de loi dans toute une série de matières reconnues en tant que compétences exclusives. Aucune ingérence du Parlement national ne sera possible dans les décisions régionales. Pour le régionaliste wallon, l’humeur est à l’optimisme ; mais le CVP renâcle. Les discussions s’éternisent. Un Comité des XXII est mis en place, de nouvelles dispositions sont prises au Stuyvenberg nécessitant une adaptation des textes à laquelle J. Hoyaux se plie de bonne grâce, quand, en octobre 1978, Leo Tindemans cède à la pression des groupements flamands et remet, d’initiative, la démission de son gouvernement. Le Pacte d’Egmont-Stuyvenberg est mort-né. Tout le travail préparatoire fourni par J. Hoyaux devient obsolète quand Leo Tindemans renie les engagements du CVP. Dans le gouvernement de transition de P. Vanden Boeynants (20 octobre 1978-3 avril 1979), J. Hoyaux reste Secrétaire d’État.

Reconduit comme sénateur en décembre 1978 (13.883 vp.), il est à nouveau choisi pour siéger dans le gouvernement de Martens I. Cette fois, il est ministre de l’Éducation nationale (F) et, de facto, membre du premier Exécutif de la Communauté française intégré dans le gouvernement national et présidé par Michel Hansenne (3 avril 1979-16 janvier 1980). Avec les partis de la majorité, Jacques Hoyaux adopte la loi du 5 juillet 1979 coordonnée par la loi du 20 juillet 1979, créant des exécutifs régionaux et communautaires provisoires au sein du gouvernement national, tout en supprimant les dispositions de la loi ordinaire du 1er août 1974. De courte durée, sa fonction ministérielle est marquée par une circulaire fixant la prise de présence des enseignants et par une série d’incidents à Comines, en septembre 1979, lorsque le ministre refuse d’y ouvrir une école flamande. Un an plus tard, un accord communautaire tombera, l’Éducation, toujours nationale mais française, acceptera de subsidier l’école bien que le nombre d’élèves soit insuffisant et, en échange, la Flandre s’engagera à faire avancer les travaux de liaison routière Pecq-Armentières. Cette route figurera dans un autre paquet de négociations en 1988 et les travaux ne seront finalement achevés qu’en 1998…

En janvier 1980, lorsque le CVP décide de débarquer le FDF du gouvernement, Jacques Hoyaux perd lui aussi ses attributions ministérielles. Néanmoins, l’accord institutionnel est proche. Si Martens II trébuche encore (avril), la majorité des deux tiers est acquise avec l’apport des libéraux durant l’été. Le sénateur Hoyaux peut ainsi voter la loi spéciale du 8 août 1980 et la loi ordinaire du 9 août, donnant naissance notamment à la Région wallonne, à son exécutif et à son assemblée législative propres. Dès le 15 octobre, il participe à la toute première séance du nouveau Conseil régional wallon établi provisoirement à Wépion et, après avoir réglé les querelles de procédure, il est élu vice-président du bureau (6 novembre 1980). Il conservera cette fonction après le scrutin du 21 novembre 1981 (14.411 vp.), jusqu’au 26 janvier 1983. En octobre 1985, il achève ses mandats de sénateur (1974-1985), de membre du Conseil régional wallon (1974-1977, 1980-1985) et de membre du Conseil de la Communauté française (1974-1985). Délégué de la Communauté française de Belgique à l’Agence de Coopération culturelle et technique à Paris (ACCT) en qualité de contrôleur financier (1983-1986), J. Hoyaux a été pendant plusieurs années le dynamique président de l’Institut Jules Destrée (1975-1985) ; il a donné à l’ancienne Société historique pour la Défense et l’Illustration de la Wallonie une impulsion nouvelle, en l’orientant notamment vers la francophonie. Il en est président honoraire.

 

Paul Delforge

 

Extrait de l’Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010

 

 

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