Secrétaire de la Ligue wallonne d’Etterbeek avant la Première
Guerre mondiale, Alexandre Havard est accusé aux premiers jours
de la guerre d’avoir favorisé la pénétration allemande en
Belgique. Malgré ses dénégations, il est emprisonné. C’est
Désiré de Peron qui le sort de sa cellule et le pousse à prendre
des responsabilités au sein de la Ligue wallonne du Brabant. Le
tout premier numéro du journal Le Peuple wallon (7
février 1918) le cite nommément parmi une douzaine de membres du
comité de la Ligue wallonne du Brabant qui, dans un Manifeste,
se sont prononcés en faveur de la création des États-Unis de
Flandre et de Wallonie, et d’un programme politique visant à la
reconnaissance d’une Wallonie autonome à côté d’une Flandre
autonome (27 janvier 1918). Le journal annonce aussi la création
d’un Parti nationaliste wallon et se dit l’organe du groupe Les
Jeunes Wallons, créé sur le modèle des activistes flamands du
Jong Vlaanderen.
Les affirmations de Désiré de Peron, rédacteur en chef du
journal et secrétaire général de la Ligue, sont vivement
dénoncées. Il est d’ailleurs rappelé que les vrais responsables
de la Ligue, parmi lesquels Ivan Paul, ont adopté, le 1er
août 1914, un Manifeste dans lequel ils s’affirmaient « Belges
avant tout », face aux menaces de guerre qui régnaient alors, et
refusaient de prêter la main à l’ennemi germanique. Alexandre
Havard ne participe pas à ces protestations. Et pour cause.
Quand Le Peuple wallon déménage à Liège où il est imprimé
dans les installations réquisitionnées de la Gazette de Liège
(juin 1918), il figure parmi les membres du personnel du
journal.
En octobre 1918, on ne trouve pas le nom de A. Havard parmi les
membres du comité de la Ligue du Brabant qui convoquent une
assemblée générale afin de dénoncer et réprouver L’Appel aux
Wallons ainsi que le programme diffusé par de Peron dans
Le Peuple wallon. Havard serait-il resté fidèle à de Peron
jusqu’à la fin de la guerre ? On ne trouve plus le nom de Havard
dans les cercles wallons après la guerre. Aucune accusation n’a
été retenue contre lui.
Paul Delforge
Paul
Delforge, La
Wallonie et la Première Guerre mondiale. Pour une histoire de la
séparation administrative, Namur, Institut Destrée, 2008 |