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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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Gilbert Oscar 

    Né à Wanfercée-Baulet le 28 octobre 1871, décédé à Charleroi en septembre 1923 

Directeur de l’hôpital civil de La Louvière, pharmacien à Wanfercée-Baulet, Oscar Gilbert est l’un des pionniers du socialisme dans sa commune qui vit essentiellement de l’exploitation minière. Forcé de quitter Baulet, il s’installe à Châtelineau (1905), où il reprend une pharmacie située juste en face des grilles d’un charbonnage.

Membre-fondateur, avec Arille Carlier et Eugène Allard, et président de la Ligue wallonne et anti-flamingante de l’arrondissement de Charleroi (octobre 1912), Oscar Gilbert est l’initiateur de la première célébration de la Fête de la Wallonie, à Charleroi, en 1913. À cette occasion, il affirme : « Pour aimer son village, il faut aimer sa famille ; pour aimer son pays, il faut aimer sa province et sa race ; et il faut aimer tout cela pour aimer l’humanité ». La même année, il est l’auteur d’une étude sur la Révolution de 1830 dans les provinces wallonnes dans laquelle il montre que le Hainaut manifesta un enthousiasme remarquable pour monter sur Bruxelles. Lors du Congrès wallon qui se tient à Verviers le 1er mars 1914, Oscar Gilbert conteste le leadership de l’Assemblée wallonne sur le Mouvement wallon et surtout la prédominance des mandataires politiques wallons qui siègent au sein de l’Assemblée sur les militants de la première heure. C’est la raison pour laquelle il prône la création d’une Fédération des Ligues wallonnes et des organismes wallons dans chaque commune qui lutterait également contre les infiltrations du flamingantisme. La proposition de Gilbert n’est pas retenue. Délégué de l’arrondissement de Charleroi à l’Assemblée wallonne, il continue néanmoins à y siéger de 1912 à 1914 puis de 1919 jusqu’à sa mort en 1923.

Militant wallon de la première heure, surnommé l’Anti-flamingant par ses amis, Gilbert ne peut accepter l’invasion allemande de 1914 ; il est alors dénoncé pour ses activités pro-françaises et est obligé de fuir en Hollande d’abord, à Paris ensuite (décembre 1914). Là, il participe à la création de l’Union wallonne de France (1916-1918), dont il devient le président. Il s’agit d’une « amicale » dont l’objectif principal est de grouper les Wallons réfugiés en France et d’évoquer avec eux la terre natale. Sur un plan plus politique, elle se propose, prudemment, « d’examiner, au point de vue régional, les questions d’ordre général que pourraient soulever les pourparlers de paix et le statut futur de la Belgique » et veut rechercher, dénoncer et combattre toute manœuvre ou toute ingérence germanophile dans les domaines politique, économique ou moral, pendant et après la guerre, tout en sauvegardant l’indépendance absolue de la Belgique. L’Union s’inscrit dans la droite ligne du programme politique de l’Assemblée wallonne. Par des articles dans la presse française, Gilbert défendra l’idée d’une réforme fédérale de la Belgique, à entreprendre en collaboration avec les milieux flamands, après le recouvrement de son indépendance par la Belgique.

                                                                             

Dès le début de l’année 1915, émerge dans les milieux du Havre un courant national belge qui caresse le rêve d’une Grande Belgique. Sous la plume de Pierre Nothomb, Fernand Neuray et Maurice des Ombiaux, le journal catholique belge Le XXème siècle se fait le héraut de l’âme belge et se demande pourquoi la Belgique ne retrouverait pas, après la guerre, les territoires perdus en 1839, voire davantage. Il ne lorgne pas seulement sur le Luxembourg mais aussi sur des parties de la Hollande et de l’Allemagne. La théorie des ‘frontières naturelles’ permettrait même à la Belgique de s’étendre jusqu’au Rhin et le long des bassins mosan et scaldien. À la suite de Jean Bary et d’Émile Royer, Oscar Gilbert dénonce dans la presse française cette politique annexionniste belge. À la tête d’une petite délégation wallonne, Oscar Gilbert est même reçu en avril 1916 par le directeur des Services du Cabinet du ministre français des Affaires étrangères. Cet entretien permet aux Wallons d’exposer les griefs wallons et de poser la question de l’influence française en Belgique. On ignore le contenu exact des échanges mais il semble bien qu’ils ont sonné le glas des espoirs annexionnistes belges.

À la tête de l’Union wallonne de France, Gilbert tentera d’apporter une aide plus matérielle aux Wallons sinistrés et réfugiés en France, et encouragera la constitution d’une « Association des sinistrés wallons ». La publication, à partir de janvier 1918, de La Nouvelle Revue wallonne, sous ses auspices, confirme sa volonté de relative retenue dans le débat politique et de respect de l’Union sacrée. La nouvelle revue, fondée par Paul Magnette et dont Oscar Gilbert assure le secrétariat, traite essentiellement des arts, de la littérature, des sciences et du tourisme.

À Paris, Oscar Gilbert participe encore à la naissance de L’Opinion wallonne, organe de l’Union des Wallons de France et est l’un de signataires du projet fédéraliste qui en ressort en 1917. Mais il garde ses distances vis-à-vis de Raymond Colleye. Oscar Gilbert rentre au pays en 1918.

Contestant l’autorité que l’Assemblée wallonne exerce sur l’ensemble du Mouvement wallon au lendemain de l’Armistice, plusieurs dizaines de représentants de ligues et d’associations wallonnes, dont Oscar Gilbert, se réunissent en congrès, à Verviers, le 14 mai 1922, dans le but de constituer une fédération apte à faire appliquer par les pouvoirs publics les décisions de l’Assemblée wallonne en matières politique et administrative. Pour ces militants wallons, il s’agit de réaliser l’égalité parlementaire des peuples wallon et flamand et de créer une décentralisation assurant à la Wallonie une administration et un enseignement exclusivement français. À l’issue du congrès, est créée une Confédération des Sociétés de Wallonie. Oscar Gilbert fait partie de son comité. La Confédération comme telle sera sans lendemain, mais sa création ne manque pas d’ébranler l’Assemblée wallonne. Lorsque la Ligue wallonne de Charleroi est réactivée en 1921, Oscar Gilbert est confirmé dans ses fonctions de président mais, malade, ne peut rendre à la Ligue l’importance qu’elle avait avant la guerre.

 

Paul Delforge

 

Jean-Pierre Delhaye et Paul Delforge, Franz Foulon. La tentation inopportune, Namur, Institut Destrée, 2008, coll. Écrits politiques wallons n°9 - Paul Delforge, La Wallonie et la Première Guerre mondiale. Pour une histoire de la séparation administrative, Namur, Institut Destrée, 2008

 

 

 

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