Parmi les personnalités qui ont inspiré son action wallonne,
Marcel Deprez cite volontiers Georges Truffaut et Joseph Thonet,
député permanent de Liège, ainsi que son grand-père maternel
militant wallon depuis 1911, qui enseigna à Cologne de 1928 à
1933 et qui en est revenu dès l’arrivée du nazisme au pouvoir.
L’action wallonne de Marcel Deprez s’est essentiellement
manifestée dans son activité professionnelle et au niveau
culturel : membre-fondateur de Peuple et Culture de Wallonie
(1949), président de W’allons-nous ? (jusqu’en 1992), membre de
Wallonie Région d’Europe (1986). Comme étudiant déjà, Marcel
Deprez milite contre la politique de neutralité sans adhérer à
une association du Mouvement wallon. Chercheur qualifié au FNRS
(1950-1956), docteur en histoire de l’Université de Liège
(1954), il enseigne à l’Athénée de Seraing (1956-1957), puis
devient Inspecteur des bibliothèques et enfin Inspecteur général
à la Communauté française. Chargé de cours à la section
psychologie et sciences de l’éducation de l’Université de Liège,
Marcel Deprez y développe le modèle de la contestation régionale
face aux modèles d’esprit national, international ou mondialisé.
Il est aussi professeur à l’Université libre de Bruxelles.
Membre des Jeunes Gardes socialistes (puis JGS unifiées) en
1936, des Étudiants socialistes unifiés en 1937, il adhère au
Parti communiste de Belgique en janvier 1944. Pendant
l’occupation nazie, membre du Front wallon puis du Front de
l’Indépendance, responsable du Rassemblement national de la
Jeunesse, Partisan armé depuis décembre 1942, adjoint au
commandant régional d’Ourthe-Amblève des PA, il est arrêté le 21
août 1944 et déporté en Allemagne (Bergen-Belsen et en dernier
lieu à Langenhagen, dont il est libéré le 10 avril 1945). De
retour en Wallonie le 27 avril suivant, il devient responsable
du Front de l’Indépendance d’Ans, adjoint au responsable fédéral
des cadres du PCB. Tout au long de sa vie, Marcel Deprez restera
un responsable actif d’associations d’anciens résistants (Front
de l’Indépendance, Armée belge des Partisans, Union de la
Résistance), et présidera tant la Maison de la Résistance que le
Musée national de la Résistance.
Secrétaire régional permanent de Solidarité, secrétaire
politique de la section de Horion-Hozémont du PCB, il est aussi
membre du comité régional et du Conseil national de l’Armée
belge des Partisans (1946-1949), secrétaire politique de la
section de Seraing du Parti communiste de Belgique, membre du
comité fédéral liégeois et secrétaire de la CGSP-Enseignement de
Seraing (1949-1954). Exclu du Parti communiste de Belgique en
1956, il adhère au Parti socialiste belge (1959) et au Mouvement
populaire wallon en 1961.
Défendant l’idée que le loisir est une valeur sociale nouvelle
qu’il faut valoriser et développer en action d’émancipation de
l’homme, avançant que la période entre 25 et 35 ans est la plus
favorable à l’acquisition de choses nouvelles, il préconise des
méthodes plus appropriées à l’apprentissage des connaissances et
à l’acquisition d’une culture basée sur l’éducation permanente :
de nouvelles institutions s’imposent de même que la formation de
cadres adaptés (Combat, n° 25, 22 juin 1961, p. 7).
Collaborateur régulier de Combat, il sera d’ailleurs
chargé du rapport culturel du congrès du Mouvement populaire
wallon de 1961. Son activité a été importante au moment de la
Question royale, des grèves de 1960 et surtout du problème des
Fourons, région qui faisait partie de son secteur d’inspection
de l’enseignement.
Membre de la CGSP-FGTB, secrétaire général du Foyer culturel du
Sart-Tilman (1985-1988), membre de l’Institut Jules Destrée,
administrateur de Canal Emploi (1985-1988), membre de la
Médiathèque de la Communauté française depuis sa fondation,
représentant de la Communauté française à l’Unesco jusqu’en
1985, représentant de la Communauté française au Conseil de
l’Europe jusqu’en 1985, secrétaire général du Concours
international de quatuor à cordes (1951-1971), président de
l’Association Belgique-Chine de 1985 à 1992, le frère de René
Deprez demeure président de l’Institut d’Histoire ouvrière,
économique et sociale depuis 1988, avant d’être nommé président
honoraire. Dans les années ‘90, il devient le président du
conseil culturel de la Fondation Joseph Jacquemotte asbl et est
membre du Conseil scientifique du Centre des Archives
communistes en Belgique.
Paul Delforge |