Albert Delvaux est fonctionnaire au ministère des Chemins de fer
depuis quelques années quand éclate la Première Guerre mondiale.
Il est alors chef de dépôt au service d’habillement des postes.
On ne lui connaît pas d’activité ou d’affiliation au sein du
Mouvement wallon. On sait seulement que, pendant de longues
années, il a collaboré avec Octave Maus à la rédaction de
L’Art moderne et à l’organisation des expositions de la
Libre Esthétique.
Après la promulgation de la séparation administrative par les
Allemands (mars 1917), Albert Delvaux est transféré à Namur avec
le reste de son service au sein des nouveaux ministères wallons
(décembre). Comme ses collègues des Postes engagés à la demande
des postes allemandes, il n’a guère eu le choix : accepter ou
être déporté. Par la suite, cependant, la « liberté du choix »
ne peut plus être invoquée. Au début de l’année 1918, il se
laisse convaincre par les Allemands de devenir chef de division
au ministère wallon des Postes. En date du 1er mars,
il devient même inspecteur de direction.
Au même moment, il signe le manifeste Au Peuple de Wallonie,
par lequel il souhaite défendre l’émancipation politique de la
Wallonie dans le cadre de la Belgique, poser la question
wallonne sur le plan international et défendre les intérêts
wallons face au danger qu’il identifie venir du Raad van
Vlaanderen et des indépendantistes flamands. De facto, il
est membre du Comité de Défense de la Wallonie et en devient le
trésorier.
Plusieurs témoins affirmeront après la guerre que Delvaux ne
faisait pas de politique dans les bureaux. En juin, Albert
Delvaux semble être devenu l’un des responsables du journal L’Écho
de Sambre et Meuse, avec Oscar Colson et Paul Massonet. Il
signe quelques articles sous le pseudonyme de Melchior Proër. On
lui doit notamment l’article La Belgique fédérale (Écho de
Sambre et Meuse, n°166, 19 juillet 1918). Inspiré de la
lecture d’un numéro de 1905 de la revue Les annales
politiques et littéraires de Paris, cet article est signé
par erreur du nom de Costenoble, un employé subalterne du
service de Delvaux.
En novembre 1918, il quitte précipitamment Namur.
Il se
réfugie à Cassel puis on perd sa trace. Lors du procès dit des
« ministères wallons » qui se tient à Namur en décembre 1919,
Albert Delvaux figure parmi les inculpés absents et en fuite.
Dans son acte d’accusation, l’avocat général le considère comme
l’un des huit « politiques ». Jugé par contumace, il est
condamné à 20 ans de travaux forcés.
Dès le début de l’année 1919, il avait été révoqué de
l’administration par le jury d’honneur.
Inconnu du Mouvement wallon avant guerre, Delvaux n’aura aucune
activité ni affiliation après l’Armistice.
Paul Delforge |