Notaire à Dour, musicien, philanthrope, franc-maçon, président
de la Ligue d’Action wallonne du canton de Dour, association
affiliée à la Concentration wallonne (1937-1940), secrétaire de
la fédération de Mons des Ligues wallonnes affiliées à la
Concentration wallonne, Jacques Dehem participe à de nombreuses
conférences à la fin des années trente et ne craint pas les
débats contradictoires. Avec Marcel Capouillez, Louis Corbuggy,
Jean Linneman et Edmond Danhier, il accompagne souvent l’abbé
Mahieu, présentant l’évolution du Mouvement flamand et ses
conquêtes. Son analyse de l’évolution politique de la Flandre
l’amène à considérer qu’elle se laisse de plus en plus gagner
par le nationalisme et le racisme. La Wallonie est donc menacée
dans ses libertés démocratiques. Particulièrement attaché à
l’idée de liberté, il était un défenseur d’un fédéralisme
reconnaissant un statut équivalent aux Wallons et aux Flamands.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, l’oncle d’Albert
Brancart s’engage immédiatement dans la Résistance. Entré dans
l’Armée secrète, il est placé sous les ordres du major Grand’Ry
en décembre 1941. Il procède alors à du recrutement, organise
des brigades, ainsi que le passage d’hommes à la frontière
franco-belge. Chef de la section 730 de l’AS, Dehem est le
relais d’une ligne d’évasion vers l’Angleterre et fournit des
renseignements à l’Intelligence Service (IS). Agent du Service
Zéro, il est arrêté par la Gestapo à Dour le 25 juin 1942. Sa
maison est perquisitionnée et ses archives – notamment wallonnes
– sont confisquées. Torturé, emprisonné au secret durant six
mois à la prison de Mons, il est condamné pour « aide à
l’ennemi ». Emmené à Bochum et Wuppertal puis en camp de
concentration à Esterwegen, il meurt dans le camp
d’extermination de Gross Rosen, en novembre 1944. Il sera
reconnu comme prisonnier politique à titre posthume.
Paul Delforge |